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Entretien : «La tendance des opérateurs est favorable à des émissions obligataires qui sont nettement privilégiées par les investisseurs institutionnels»
Publié dans Finances news le 19 - 01 - 2012

■ Le rendement des émissions obligataires intégrant la prime de risque est plus attrayant que celui offert par la Bourse et par les bons du Trésor.
■ Sur le segment actions, le marché présente actuellement des opportunités de placements intéressantes pour plusieurs valeurs au vu de leur niveau de valorisation actuel.
■ Selon Farid Chaaoub, Directeur général délégué de Marogest, société de gestion, la tendance haussière des taux d'intérêt, amorcée en fin d'année 2011 sur le marché obligataire, favorisera le placement monétaire et obligataire court terme.
✔ Finances News Hebdo : Comme moyen de financement, pour quelles raisons les sociétés choisissent une émission obligataire plutôt qu'une augmentation/cession de capital ?
✔ Farid Chaaoub : Chaque moyen de financement doit être choisi en prenant en considération un certain nombre de données économiques et financières se rapportant à l'entreprise, mais aussi des données se rapportant à la situation du marché financier en général. Actuellement, on constate dans un contexte de baisse des liquidités, couplé à une certaine saturation des crédits, que le besoin de financement des opérateurs économiques a augmenté et que ces derniers ont recours, en plus du financement bancaire, au marché financier à travers le compartiment de la dette et de celui de la Bourse dans une moindre mesure.
Maintenant, la tendance des opérateurs est clairement favorable à des émissions obligataires qui sont nettement privilégiées par les investisseurs institutionnels en raison principalement du rendement intégrant la prime de risque qui est plus attrayant que celui offert par la Bourse et par les bons du Trésor. N'oublions pas aussi que l'endettement à travers le marché obligataire contribue à l'amélioration de la notoriété et de l'image de l'entreprise.
✔ F. N. H. : Est-ce que les placements obligataires prennent le dessus sur les investissements en actions ?
✔ F. Ch. : Globalement, il est sûr que dans un contexte morose du marché boursier comme c'était le cas en 2011, avec des baisses du MASI de 12,86% et des volumes de 68%, les investisseurs auront tendance à vouloir diversifier davantage leurs placements, chercher la performance et optimiser ainsi leur couple rendement/risque. En effet, le placement obligataire a été sollicité à travers le compartiment de la dette publique avec un montant total d'émission des BDT sur le marché primaire de 102 Mds de DH. Aussi, le compartiment de la dette privée a continué sur sa dynamique enregistrant un montant total d'émissions qui a dépassé 50 Mds de DH. Concernant les OPCVM Obligataires, ils ont vu leur actif s'afficher à 136 Mds de DH, en progression de 6,4% par rapport à 2010.
✔ F. N. H. : Vu les niveaux bas qu'ont atteints les cours depuis 2008, privilégiez-vous un placement spéculatif ou plutôt moyen et long termiste ?
✔ F. Ch. : Il est vrai que notre marché est actuellement moins cher qu'il ne l'était en 2008 et on a aujourd'hui des valeurs qui traitent à des niveaux de PER intéressants, ce qui devrait les rendre plus attractives. Maintenant, pour la stratégie de placement à adopter, celle-ci dépend à la fois du profil de l'investisseur et de ses contraintes de gestion avec notamment des objectifs de rentabilité, de risque et de liquidité des actifs. Pour un OPCVM Actions, qui est par définition un produit moyen long terme, la politique de placement doit viser un rendement supérieur à celui du marché en général et cette politique passe bien évidement par une stratégie d'allocation fondamentale des actifs à moyen long terme tout en restant à l'affût des opportunités que peut offrir le marché sur le très court terme.
✔ F. N. H. : Le rendement des obligations ces 4 dernières années est meilleur que celui des actions; votre stratégie durant 2012 consistera- t-elle à orienter vos clients plus vers les placements obligataires et monétaires que ceux des actions ?
✔ F. Ch. : En effet, si on prend les quatre dernières années (2008-2011), le MASI a réalisé une performance cumulée négative de 10% et, de l'autre côté, sur le compartiment obligataire, la performance a été en moyenne annuelle de 4,2% si on prend l'indice MBI Global. Maintenant, l'année 2012 est entourée de plusieurs incertitudes liées principalement à la confiance qui n'est pas entièrement restaurée sur le marché boursier et, de l'autre côté, la tendance haussière des taux d'intérêt amorcée en fin d'année 2011 sur le marché obligataire qui favorisera en général le placement monétaire et obligataire court terme au détriment des OPCVM OMLT. Sur le segment actions, le marché présente actuellement des opportunités de placements intéressantes pour plusieurs valeurs au vu de leur niveau de valorisation actuel.
✔ F. N. H. : Quelle stratégie menez-vous pour limiter les pertes de vos OPCVM actions ?
✔ F. Ch. : Déjà dans un contexte baissier des indices boursiers, les gérants OPCVM ont adopté une allocation minimale réglementaire des actifs dans la poche actions, ce qui a limité le risque d'exposition générale à la baisse des cours. Aussi, les gérants ont privilégié les valeurs refuges qui résistent le mieux à la tendance baissière, notamment les valeurs qui ont un fort potentiel de croissance. ■
Dossier réalisé par I. Benchanna & S. Z. (stagiare)


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