Que ce soit la Direction des assurances et de la prévoyance sociale (DAPS) ou les compagnies elles-mêmes, tout le monde souhaite rassurer le public : le secteur nage dans une plus, value latente sur placements de plusieurs milliards de dirhams. Mais est-ce suffisant pour ne pas s'inquiéter ? I l y a quelques mois, Othman Elalamy, Directeur adjoint de la Direction des assurances et de la prévoyance sociale, chargée de la régulation du secteur, s'exprimait sur nos colonnes et déclarait qu'il n'est pas encore temps de tirer la sonnette d'alarme. El Alamy nous a, ainsi, assuré que «la chute de la Bourse de Casablanca n'a pas eu beaucoup d'impact sur l'activité financière des entreprises d'assurances ni sur leur situation de solvabilité. En effet, l'évolution des profits sur réalisation des placements et des plus-values latentes des opérateurs sur quatre ans reste globalement stable». On note que les plus-values latentes du secteur sont passées de 22,8 Mds de dirhams en 2008 à 19,16 Mds de Dirhams en 2011, soit une baisse de 16% en quatre ans. Etrangement, les plus-values latentes ont atteint leur pic en 2010 à 28,125 Mds de dirhams, alors que la Bourse a atteint son pic en 2008. Quant aux gains réalisés, ils sont restés relativement stables autour de 3,2 Mds de dirhams par an depuis 2008 jusqu'à 2011. Nous ne disposons pas encore des chiffres consolidés de l'ensemble des sociétés du secteur pour l'année 2012, mais la plus-value latente sur placements serait sûrement en baisse par rapport à 2011 étant donné la dégradation enregistrée sur l'ensemble des compartiments du marché financier marocain. Cette plus-value latente serait comprise entre 15 et 18 Mds de dirhams pour cet exercice, soit une baisse de 8 à 14% d'un exercice à l'autre, avec des situations disparates entre les opérateurs. Pour certaines compagnies d'assurances, la plus-value latente sur l'ensemble des placements serait inférieure à 400 MDH, alors que d'autres disposent de gains latents de 1 Md de dirhams et plus. Très peu d'opportunités de placement Les fondamentaux de l'assurance vie restent globalement mal orientés, à commencer par la baisse de la Bourse. En effet, 2012 a été pour la Bourse de Casablanca, la continuité de la baisse amorcée depuis 2011 où le MASI a marqué un retrait de près de 14%. Par conséquent, la Bourse a perdu en deux ans 30% de sa capitalisation. Depuis 2008, ce sont presque 40% de la valeur qui sont partis en fumée. Et, en 2013, l'indice marocain peine à revenir en territoire positif avec une contre-performance annuelle de -1 %. Si toutes sortes d'investisseurs ont été impactées par cette dépréciation, il faut dire que, par la réglementation et l'horizon de placement basé sur des stratégies de très long terme, les assureurs n'ont que très peu souffert. Mais pour combien de temps ? Ensuite, il faut parler du marché obligataire. Certes, les institutionnels n'inscrivent pas de moins-values lors de la hausse des taux (baisse de la valeur des obligations détenues), mais les placements en OPCVM obligataires doivent, de part la réglementation, être provisionnés en cas de pertes potentielles. Ce sont donc les placements en OPCVM obligataires qui alimentent à leur tour la dégradation des portefeuilles financiers et la situation ne devrait pas s'arranger à court terme. Enfin, la stabilisation du marché de l'immobilier et l'accroissement de son illiquidité ne favorisent pas la surpondération de la pierre dans les placements. Les différentes poches d'actif offrent ainsi des faibles opportunités. Ce qui pousse les compagnies à adopter une approche très défensive, en attendant que le temps fasse son effet. En attendant, les résultats du secteur devront passer par une période volatile mettant ainsi les bailleurs de fonds des assurances dans une situation délicate de navigation à vue. En définitive, la stratégie défensive actuelle consiste à baisser l'exposition aux actions (certaines compagnies comme Axa sont exposées à moins de 20%) et de profiter des nouvelles émissions du Trésor à des taux meilleurs. Ce qui améliore la duration des portefeuilles et compense les moins-values sur les OPCVM en tous genres, en attendant des jours meilleurs.