Le ministère de l'Intérieur a annoncé, jeudi, que le Maroc a empêché 78.685 migrants en situation irrégulière de traverser vers les pays de l'Union européenne en 2024, soit une hausse de 4,6 % par rapport à l'année précédente. En réponse aux questions envoyées de Reuters, le ministère a souligné que ce chiffre met en lumière les pressions croissantes liées à la migration, exacerbées par un environnement régional instable. D'après les données fournies, 58% des migrants sont originaires d'Afrique de l'Ouest, 12 % d'Afrique du Nord et 9 % d'Afrique de l'Est et du Centre. Les conflits armés persistants dans la région du Sahel, le chômage et l'impact du changement climatique sur les communautés agricoles figurent parmi les principales causes poussant ces migrants à tenter de rejoindre l'Europe. La fermeture progressive des routes migratoires en Méditerranée orientale et centrale a également contribué à une intensification des tentatives de passage via le Maroc, qui reste un point de transit stratégique pour les migrants africains cherchant à atteindre l'Europe. Depuis la résolution de leur crise diplomatique en 2022, le Maroc et l'Espagne, membre de l'Union européenne, ont renforcé leur coopération en matière de lutte contre l'immigration irrégulière. Ce partenariat s'est notamment traduit par des échanges accrus d'informations, des patrouilles conjointes en mer et sur terre, ainsi que le financement par l'Union européenne de programmes de contrôle des frontières et de rapatriement des migrants en situation irrégulière. En 2023, Rabat et Madrid avaient renouvelé leur engagement à lutter contre les réseaux de trafic de migrants en démantelant plusieurs filières organisées et en menant des opérations de surveillance accrues aux frontières terrestres et maritimes. Depuis longtemps, le Maroc constitue un point de départ clé pour les migrants africains cherchant à atteindre l'Europe via la mer Méditerranée, l'océan Atlantique ou en escaladant les clôtures entourant les enclaves espagnoles de Sebta et Melilla. Le ministère a précisé que l'année passée a enregistré 14 tentatives de franchissement collectif vers Sebta et Melilla, contre six en 2023. Cette recrudescence des assauts contre les clôtures frontalières témoigne de la pression migratoire persistante à laquelle le Maroc fait face, malgré les efforts de contrôle et de sécurisation des points de passage sensibles. Par ailleurs, les autorités marocaines ont secouru 18.645 migrants en détresse à bord d'embarcations de fortune en 2024, soit une augmentation de 10,8 % par rapport à 2023. La coopération avec l'Espagne a permis d'améliorer la surveillance maritime, avec l'utilisation de drones et de radars pour détecter les embarcations avant qu'elles ne prennent le large. Les garde-côtes marocains et espagnols interviennent régulièrement pour intercepter ces migrants et les ramener à terre, dans le but de prévenir les drames humains en mer. Malgré ces efforts, les tentatives de traversée restent nombreuses et souvent périlleuses. Une organisation de défense des droits des migrants a signalé qu'environ 50 personnes auraient pu périr le mois dernier lors d'une nouvelle tentative de traversée de l'Atlantique depuis l'Afrique de l'Ouest vers les îles Canaries espagnoles. Le parcours migratoire via l'Atlantique est particulièrement dangereux en raison des longues distances et des conditions météorologiques imprévisibles, rendant les naufrages fréquents et meurtriers.