Les garde-frontières espagnols ont vécu une semaine difficile. Jeudi 26 juillet, la double clôture de barbelés entourant l'enclave de Sebta n'a pas suffi pour stopper l'élan de plus de 600 migrants. Ces derniers ont forcé leur passage à coup de chaux vive, de sprays enflammés, de pierres et même d'excréments lancés envers la police locale, qui a qualifié l'événement d'«assaut violent». Résultat des courses, 15 agents et 16 migrants ont été blessés, les premiers souffrant pour quelques-uns de brûlures au visage et aux bras, les seconds blessés aux mains et aux jambes en escaladant la clôture. Les rescapés sont partis déposer une demande d'asile au centre de séjour pour migrants, précise la Guardia Civil. C'est le franchissement le plus significatif depuis février dernier, lorsque 850 migrants ont essayé de pénétrer dans la ville sous l'administration de Madrid, dont 602 ont pu atteindre le territoire espagnol. Les côtes maritimes du voisin ibérique étaient également mouvementées. Les services de Sauvetage maritime espagnol n'ont pas connu de repos. ils ont recensé 730 candidats à l'immigration clandestine qui tentaient de gagner les côtes du pays depuis le 19 juillet. Selon des sources du Sauvetage maritime citées par les médias espagnols, 190 migrants ont été secourus, dimanche 22 juillet, à bord d'« embarcations de fortune » dans la mer d'Alboran. Le même jour, 210 autres personnes ont été secourues alors qu'elles tentaient la traversée du détroit de Gibraltar. Le 22 juillet, les services de Sauvetage maritime ont prêté assistance à 330 autres migrants. La même source informe que 450 personnes ont été sauvées le 20 juillet au large des côtes andalouses... L'Espagne, désormais première porte d'entrée des migrants en Europe Si globalement, le flux migratoire vers l'Europe depuis les routes maritimes méditerranéennes a baissé par rapport à l'année dernière, il a plus que doublé au niveau de l'ouest de la région. Lors du premier semestre de 2018, le nombre de traversées irrégulières vers l'Europe s'est monté à 60.430, rapporte la Frontex, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Ce chiffre représente la moitié de celui enregistré l'année dernière pour la même période, une régression due principalement à la baisse du trafic migratoire dans le centre de la méditerranée. Mais pour la première fois, l'ouest de la méditerranée est devenu la région qui pourvoie le plus l'Europe en immigrés clandestins. Le nombre de ces derniers s'étant infiltrés en Espagne depuis le début d'année a grimpé de 166%. Ils étaient 14.700 à pénétrer l'Europe à travers cette route, soit le double par rapport à la première moitié de 2017. A la tête des arrivées en Espagne, on retrouve les marocains, les guinéens et les maliens, précise la Frontex. L'incident du 26 juillet accroît la pression sur l'Espagne, devenue la première porte d'entrée de l'immigration clandestine en Europe, dépassant l'Italie qui, en refusant d'accueillir davantage de migrants, a fermé la route qui passait par la Libye. Les autorités espagnoles reconnaissent que cette mesure entreprise par Rome a un trait « humanitaire », mais exigent en échange «plus de gardes civils et plus de matériel anti-émeutes et de protection». Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell, a appelé récemment l'Union Européenne à adopter « vraie politique migratoire », tenant compte de l'explosion démographique en Afrique subsaharienne.