Près des trois quarts des personnes sondées par FLM estiment que la stratégie que mène actuellement la Bourse de Casablanca en faveur des PME est efficace, le programme Elite ayant plus de chance de réussir que les mesures entreprises par le passé. 76% des 519 internautes ayant répondu à la question hebdomadaire de FLM ont estimé que la stratégie de la Bourse vis-à-vis des PME est efficace. Inversement, 24% des internautes pensent le contraire. Le sujet du financement des PME par la Bourse est très important vu que les grands groupes peuvent facilement trouver une alternative au niveau des banques ou du marché obligataire. Or, souvent, c'est le tissu des PME qui permet de créer les emplois et de stimuler la croissance à travers une vision maroco-marocaine. De même, pour la Bourse, les PME d'aujourd'hui sont probablement les champions de demain. À titre d'exemple, en Afrique du Sud, la plate-forme AltX, dédiée aux PME, compte actuellement 61 sociétés cotées avec une capitalisation boursière de 2,7 Milliards de dollars. Depuis le lancement d'AltX il y a 13 ans, plus de 29 compagnies ont migré vers le marché principal de JSE. Plus près de chez nous, le marché alternatif de Tunis compte 12 sociétés cotées avec une capitalisation de 734 millions de dinars tunisiens (3,1 MMDH).Au Maroc, la Bourse a mené plusieurs actions à destination des PME. La plus récente et importante est Elite, programme qui forme un écosystème dynamique, bâti autour de l'entreprise pour soutenir et favoriser l'innovation, l'entrepreneuriat et la croissance. En fin de parcours, ces entreprises peuvent obtenir le label Elite. Ce dernier leur garantit une visibilité certaine auprès des investisseurs nationaux et internationaux. Ainsi, Elite propose une approche en trois étapes dont une dernière phase de mise en valeur durant laquelle, grâce à la plateforme digitale éponyme, les entreprises gagnent en visibilité auprès des communautés financières et entrepreneuriales au Maroc et à l'international. Actuellement, le programme Elite compte 24 sociétés, soit autant de candidats potentiels à la Bourse.Par ailleurs, en attendant la fin du long processus législatif instaurant un compartiment dédié aux PME avec des règles assouplies par rapport à celles exigées pour accéder au compartiment principal, les PME peuvent déjà se faire coter notamment au Marché de croissance. Sur ce marché, aucun minimum n'est exigé en termes de chiffre d'affaires ou de capitaux propres. Aussi, un seul exercice certifié est suffisant pour accéder à la cote. La seule limite est celle d'une taille minimale de 10 MDH pour l'OPV avec 30.000 actions ou plus à diffuser au niveau du grand public. D'ailleurs, l'introduction en Bourse de Dari Couspate en 2005 a été opérée sans compartiment réservé, une bonne publicité pour les PME et le recours au marché financier. Tout d'abord, la société vaut, actuellement, près de 6 fois sa capitalisation au moment de l'OPV. Ensuite, l'introduction en Bourse s'est faite par augmentation de capital, ce qui a permis de financer de nouveaux investissements tout en préparant la succession à la tête de l'entreprise. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Comment expliquer le scepticisme à l'égard des actions prises en faveur des PME ? Farid Mezouar : Il s'agit probablement d'un ressenti général envers les pouvoirs publics avec le retard important pris pour chaque loi relative à la Bourse. De même, le visa des opérations prend souvent un certain temps, indépendamment de la taille de l'entreprise ou de la normalité de l'opération souhaitée. Enfin, parfois, par le jeu de la liquidité boursière, les grands groupes accaparent davantage l'image de la cotation que les PME qui y sont présentes. Que peut faire de plus la Bourse pour les PME ? Je pense toujours à une approche participative pour la majorité des dossiers relatifs à la Bourse. Ainsi, la cotation des PME est un élément à appréhender dans une approche boursière globale pouvant être traitée dans le cadre d'assises, regroupant les banques d'affaires, les institutionnels, les autorités boursières, l'AMMC, les émetteurs et les représentants des PME. Une telle action collective pourra faire émerger un mouvement de financement de l'économie et des PME par la Bourse.