Dans un sondage online exclusif de Flm pour les Inspirations ECO, il ressort qu'une majorité trace des perspectives positives au secteur bancaire. Cela dit, il faudrait s'interroger sur le modèle économique des banques dans le futur. 59% des 270 internautes qui ont répondu au dernier sondage de Flm ont qualifié les perspectives du secteur bancaire de positives. A contrario, 41% estiment ces perspectives négatives. L'optimisme des internautes est probablement lié à l'image populaire du banquier riche. Aussi, la décision d'octroi ou non du crédit est souvent assimilée à un pouvoir fort et discrétionnaire, dotant son propriétaire de perspectives juteuses. Cette réponse est aussi certainement motivée par certains éléments fondamentaux et stratégiques. Premièrement, la marge d'intérêt autour de 3% se situe à un niveau absolu élevé. Deuxièmement, le ROE moyen des trois grandes banques est de près de 12%, reflétant une rentabilité actuelle correcte. Troisièmement, l'exécution par les banques de fonctions régaliennes (ex: contribution libératoire de change, paiement de la vignette, inscription au registre de l'auto-entrepreneur...) laisse entrevoir de nouvelles commissions et de nouvelles pistes de prospection. Enfin, la présence africaine laisse entrevoir des perspectives d'internationalisation. Inquiétudes du FMI Toutefois -et une fois n'est pas coutume- nous sommes plutôt du côté des minoritaires. En effet, dans son rapport sur la stabilité financière au Maroc, le FMI a notamment procédé à un stress test au niveau des huit banques les plus importantes. Ce stress test a mis en relief la vulnérabilité face aux gros risques car les huit banques seraient sous-capitalisées en cas de défaut de ses trois plus grandes expositions sur les entreprises. Cet élément est autant inquiétant qu'en 2015, le stock des créances en souffrance chez les banques ayant déjà progressé de 6,9% à 56 MMDH. Ce niveau représente désormais 7,1% de l'encours global. Par la suite, l'enquête trimestrielle de BAM sur les taux débiteurs appliqués par les banques à leur clientèle non financière au titre du quatrième trimestre 2015 a révélé que le taux débiteur moyen est ressorti à 5,49%, baissant sur un an glissant de 54 pbs. Une telle tendance fait ressortir une pression sur les marges d'intermédiation vu la concurrence attendue sur les dépôts à vue de la part des banques participatives. Aussi, en l'absence de concertation, interdite par la loi, les banques pourront difficilement faire baisser le taux des dépôts rémunérés dans les mêmes proportions. Rentabilité sous pression Ainsi, le ROE des banques est amené à être sous pression, tiraillé entre les besoins en fonds propres et la tendance baissière des marges sans parler du ralentissement de la distribution des crédits. Cette tendance pourrait être accélérée en cas de concurrence agressive des nouvelles banques participatives notamment au niveau des dépôts non rémunérés. Par ailleurs, au niveau mondial, les banques sont soumises à une pression boursière, notamment en raison des craintes sur les créances douteuses (secteur pétrole et matières premières) et des questions sur le modèle économique de la banque classique, remis en cause par les GAFA et les opérateurs télécoms. Plusieurs banques ont ainsi perdu entre 20% et 30% de leurs cours. Farid Mezouar Directeur de FL Markets Les Inspirations ECO : Faut-il avoir des craintes concernant les perspectives bancaires? Farid Mezouar : Probablement non, mais il faut plutôt s'interroger sur le modèle économique des banques dans le futur avec plusieurs nouveautés et tendances. À l'international, c'est l'implication croissante des opérateurs télécoms et des GAFA dans les opérations bancaires et la digitalisation inéluctable de la relation avec la clientèle. Localement, c'est l'impact concurrentiel des banques participatives qui ne pourra être mesuré avec précision qu'après le démarrage de leurs activités. Idem pour la tendance des banques à confier à leurs agences des tâches semi-administratives. Quelles en sont les conséquences macro-économiques? Nous percevons déjà un ralentissement dans la croissance de la distribution des crédits, ce qui constitue un risque pour l'investissement privé. Toutefois, au niveau global, d'autres relais financiers sont possibles tel le marché boursier, le capital-risque ou le crowdfunding. Le défi pour les autorités publiques consistera à faire coexister ces différentes formes de financements, tout en préservant la santé financière du secteur bancaire classique.