Outre la baisse du taux de croissance, le pays a été contraint de retarder la mise en œuvre de son programme d'investissement et continue de faire face à un niveau d'inflation de plus en plus élevé. La chute du cours du pétrole n'en finit pas de secouer l'économie du Nigéria. C'est ce qui ressort du baromètre Coface sur les risques pays, au 3e trimestre de cette année. Après une croissance en baisse et la perte de valeur de la monnaie nationale, le géant africain devrait bientôt faire face à une croissance négative et à une baisse des investissements. Si l'activité du secteur non-pétrolier suscitait encore des espoirs de redresser la situation cette année, le rapport s'inscrit en faux. Ainsi, selon Coface, ni l'activité dans la construction, traditionnellement dynamique au Nigéria, ni l'activité manufacturière ne constitue des relais sûrs pour compenser la baisse de l'activité pétrolière. En effet, indique le baromètre, la première est freinée par le report du programme de dépenses d'investissement public et la dernière pourrait l'être par un approvisionnement erratique en électricité ainsi que les dispositions du contrôle des changes limitant l'importation de 41 types de biens. Pendant ce temps, comble de malchance, la production pétrolière n'augmenterait pas en 2016 en raison d'attaques sur les infrastructures pétrolières par des rebelles (Niger Delta Avengers) dans le Delta du Niger, source de la majorité du pétrole nigérian, et de la faiblesse des prix. Le rapport évoque d'autres faiblesses du géant pétrolier, notamment l'absence de cadre juridique à même d'encourager les investissements dans le secteur, une demande interne peu porteuse et un taux directeur de la Banque centrale (CBN) qui est passé de 12 à 14% en juillet 2016. Par ailleurs, avec une production pétrolière en valeur ayant diminué d'un tiers, la contribution des exportations nettes à la croissance devrait être légèrement négative, la consommation privée devrait rester freinée par le niveau élevé de l'inflation et la hausse des prix devrait être entretenue par le renchérissement des produits importés, lié à la forte dévaluation du naira déclenchée par l'abandon de son indexation au dollar, mais surtout par l'augmentation des prix administrés. D'où une croissance négative annoncée au titre de 2016 devant se situer à -1,5. Toutefois, selon le rapport, la baisse des recettes, provenant pour environ 75% du secteur pétrolier, le creusement du déficit public devrait être limité, car la dévaluation décidée par le pays entraîne une augmentation de la contrepartie en naira des recettes pétrolières en dollar qui n'est que partiellement consommée par l'impact de la hausse de l'inflation sur les dépenses. Par ailleurs, le déficit courant apparu en 2015 ne devrait pas se creuser et la diminution des exportations de pétrole (90% du total), liée à l'effet conjugué du volume et du prix, devrait être compensée par celle des importations due au renchérissement des importations et au recul de l'investissement. De plus, les rapatriements de dividendes seront moins importants. Cependant la mise en œuvre du programme d'investissement en infrastructures, a pris du retard et la réduction des lourdes subventions sur les prix de l'alimentation et de l'énergie est ralentie par les réticences des législateurs et les recours juridiques. Le rapport évoque également les pressions à la baisse sur le naira qui ont conduit la CBN à prendre, courant 2015, des mesures interdisant l'achat de devises pour l'importation de certains produits afin de préserver les réserves (5 mois d'importation environ) et à mettre fin à l'ancrage au dollar et à laisser flotter le naira le 20 juin 2016. Une situation qui a vu le naira perdre plus de 35% de sa valeur face au dollar. Coface note enfin que le secteur bancaire, fortement exposé au secteur pétrolier (environ un quart du total des prêts) est affecté par les conséquences de la baisse des prix du pétrole, mais aussi par les difficultés d'accès aux devises rencontrées par certaines entreprises. Une pénurie de devises qui, selon le rapport, risque de durer du fait de la défiance persistante des investisseurs étrangers et des acteurs locaux. Pour l'heure, le prix du pétrole ne s'est pas redressé significativement et peine à dépasser durablement les 50 USD le baril du brent. La dernière réunion de l'OPEP, le 28 septembre dernier, a mené à un accord sur un niveau de production autour de 33 millions de barils par jour (Mbj). Qualifié «d'historique», cet accord ne devrait pourtant pas remettre en cause l'existence des fondamentaux amples qui prévalent sur le marché, et une progression seulement modérée du prix du pétrole.