Au Nigéria, la croissance devrait légèrement se bonifier malgré la chute des recettes pétrolières. De 2,5% en 2015, la progression du PIB devrait s'établir à 3% en 2016. L'économie du Nigéria, première puissance africaine en termes de PIB devant l'Afrique du Sud, est dominée par les services (plus de 50% du PIB). Les secteurs hors pétrole (construction, télécom) devraient rester relativement dynamiques. Mais l'activité de l'industrie manufacturière pourrait être freinée par un approvisionnement erratique en électricité ainsi que les mesures de contrôle des changes qui limitent l'importation de certains biens. La production d'hydrocarbures devrait peu progresser en 2016, le niveau bas des prix du pétrole et l'absence de cadre juridique (l'approbation du Petroleum Industry Bill est attendue depuis 2008) n'encourageant pas les investissements dans ce secteur. D'une manière générale, l'investissement, malgré la baisse de taux de 13 à 11% décidée par la banque centrale (CBN) en novembre 2015, risque d'être découragé par une demande interne peu porteuse. Une production pétrolière plus ou moins stable devrait limiter la contribution des exportations nettes à la croissance. Inflation élevée La consommation privée pourrait être soutenue par une politique budgétaire visant à relancer la croissance. Elle devrait cependant demeurer freinée par le niveau élevé de l'inflation. La hausse des prix devrait en effet être entretenue en 2016 par le léger renchérissement des biens alimentaires. Les tensions inflationnistes seraient accentuées en cas de dévaluation du naira. Malgré des recettes, provenant pour environ 75% du secteur pétrolier, qui devraient peu progresser, le gouvernement pourrait décider de soutenir la demande des ménages en augmentant les dépenses. Par ailleurs, une rallonge budgétaire, demandée fin 2015 par le gouvernement au Parlement, en vue notamment de régler les arriérés aux importateurs d'essence dans le cadre du programme de subvention, pourrait peser sur le budget 2016. La baisse des subventions sur les prix des carburants, annoncée fin décembre 2015, permettrait de limiter la dégradation des finances publiques. 2,2 milliards de dollars en réserve Les marges de manœuvre de l'Etat sont, en effet, très réduites, compte tenu du faible montant du fonds de réserve (2,2 milliards de dollars en novembre 2015, soit moins de 1% du PIB). L'endettement public reste néanmoins peu élevé. Le déficit courant, apparu en 2015, ne devrait pas se résorber en 2016. Les exportations de pétrole (90% du total) ne devraient pas augmenter, contraintes par une demande mondiale qui devrait rester peu porteuse et des prix bas. La hausse de la consommation pourrait entraîner une légère hausse des importations, qui serait accentuée en cas de dépréciation du cours du naira. Banques exposées L'effet positif sur les flux d'IDE de la levée, en novembre 2015, de l'incertitude liée à la formation du gouvernement du nouveau président, pourrait être compensé par l'impact des restrictions à l'importation. Enfin, le secteur bancaire, fortement exposé sur le secteur pétrolier (environ un quart du total des prêts), est affecté par les conséquences de la baisse des prix du pétrole, mais aussi par les difficultés d'accès aux devises sur le marché local. De fortes attentes et lutte contre la corruption La situation sécuritaire demeure très instable dans le nord du pays en proie aux attaques du mouvement islamiste radical Boko Haram. La victoire de Muhammadu Buhari, leader de l'APC, aux élections de mars 2015, marque une alternance du pouvoir après la domination du Parti démocratique populaire, depuis 1999. Le nouveau président a fait de la lutte contre la corruption l'une de ses priorités (le Nigéria occupait le 194e rang sur 215 en 2014 dans le classement de la Banque mondiale pour cet indicateur). Il a ainsi dissout le Conseil d'administration de la compagnie nationale de pétrole (NNPC), marquée par des scandales de corruption et a justifié le délai de plusieurs mois pour la constitution de son équipe gouvernementale, par la nécessité de vérifier la probité des candidats. L'attente de la population est grande vis-à-vis du nouveau président, en particulier dans ce domaine. Une mise en œuvre trop lente des réformes, dans un contexte de ralentissement économique, pourrait être source de tensions et d'instabilité sociale.