Avec une croissance de 7% prévue en 2014, la désormais première puissance africaine doit essayer de conjuguer avec la baisse probable des recettes du pétrole. Après un bon 6,4% en 2013, le Nigéria devrait réaliser une croissance de 7% de son PIB à la fin de l'année en cours. Cependant, cet indicateur cache d'autres défis que l'économie nigériane doit relever. En effet, selon les prévisions de Coface, le solde budgétaire devrait rester déficitaire, mais le ratio par rapport au PIB devrait s'améliorer grâce à la réévaluation du PIB. Les dépenses sociales et les salaires devraient augmenter dans la perspective des élections de 2015. Le gouvernement pourra bénéficier de recettes liées à la privatisation de la compagnie nationale d'électricité (PHCN) et à la progression des recettes fiscales hors pétrole. Les finances publiques restent cependant très dépendantes de recettes pétrolières (80% des recettes fiscales) qui seront contraintes par la faible progression des cours et de la production. Enfin, une nouvelle baisse des subventions sur les carburants paraît exclue un an avant l'échéance électorale. Pour sa part, le solde des fonds de réserve s'est fortement réduit (de 11 à 3 milliards de dollars entre fin 2012 et fin 2013) en raison des recettes pétrolières plus faibles que prévues du fait, en particulier, des vols d'hydrocarbures, réduisant ainsi la marge de manœuvre de l'Etat pour la maîtrise des finances publiques. L'excédent courant devrait continuer à s'éroder en 2014 sous l'effet de l'augmentation des importations, notamment de pétrole raffiné. Les exportations de pétrole (90% du total) seront handicapées par les problèmes structurels (vols, manque d'investissement) et le ralentissement de la demande des Etats-Unis (37% des ventes de pétrole nigérian) compte tenu du développement de la production de pétrole non conventionnel. Première puissance Le Nigeria est devenu début avril 2014 la première puissance économique africaine en termes de PIB, devant l'Afrique du Sud, grâce au changement d'année de référence (2010 au lieu de 1990) comme base de calcul. Cet aménagement statistique a conduit à une réévalution de près de 90% du montant du PIB (de 270 à 510 milliards de dollars) mais permet surtout d'établir que le secteur des services contribue davantage au PIB (52%) que celui des hydrocarbures (32%).Les secteurs hors pétrole (construction, télécom) continueront à tirer la croissance nigériane en 2014. L'industrie manufacturière (ciment) bénéficiera de la réalisation des projets d'infrastructure et d'une amélioration progressive de la fourniture d'électricité consécutive à la privatisation en cours de la PHCN. La production de pétrole continuera à souffrir des vols et du sabotage des installations. La nouvelle loi sur le secteur pétrolier (Petroleum Bill) ne devrait pas être adoptée avant les prochaines élections de 2015. L'absence de cadre juridique et les incertitudes relatives à cette réforme contribueront à ralentir les investissements et le développement des hydrocarbures. La consommation privée (54% du PIB) restera soutenue par les dépenses sociales et la poursuite de la modération de la hausse des prix. Le ralentissement de l'augmentation des prix de l'énergie (électricité, essence) ainsi que de ceux des biens alimentaires, grâce à de meilleures récoltes, devraient en effet stabiliser l'inflation, la dépréciation du naira empêchant toutefois son recul.