La chute à 60 dollars du prix du baril de pétrole est une mauvaise nouvelle pour les pays africains exportateurs de pétrole. Baisse des recettes pétrolières, réduction des dépenses budgétaires, voire perte de points pour le PIB. Coup dur pour les pays africains producteurs de pétrole ! La chute des cours mondiaux de l'or noir risque d'avoir des conséquences néfastes sur la poignée d'économies africaines exportatrices de cette matière première. À l'instar des autres pays mondiaux producteurs, l'Algérie, l'Angola, le Gabon, ainsi que le Nigéria, ou encore le Tchad et le Congo voient leur moral fortement impacté par la baisse quasi-incroyable du prix du baril, qui se négocie désormais autour des 60 dollars. On est bien loin des pics de 120 dollars le baril qui ont enflammé l'économie mondiale ces dernières années. Avec la nouvelle donne, les répercussions sont globalement les mêmes pour l'ensemble des Etats-pétrodollars: chute des recettes pétrolières dans un premier cas. En second lieu, certains pays dont les devises reposent essentiellement sur l'exploitation de cette énergie fossile, annoncent déjà des conséquences sur leur exercice budgétaire pour 2015. Les géants toussent C'est notamment le cas du Nigéria, l'un des plus grands producteurs de pétrole en Afrique. Au lendemain de l'annonce de la dégression du prix du baril et du refus de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de baisser sa production, le ministère nigérian de l'Economie et des finances a estimé que le taux de croissance du PIB de la première puissance économique africaine allait reculer d'environ 1 point. Initialement prévu à 6,35%, il devrait se limiter à 5,5%. Le Nigéria prévoit ainsi de réduire ses dépenses budgétaires après avoir décidé de dévaluer sa monnaie, le Naira. Ses mesures s'imposaient à en croire l'attitude des autorités de ce pays dont 70% des revenus proviennent de l'exploitation pétrolière, ainsi que 90% de ses devises. En dehors du Nigéria, l'Algérie est également obligée de faire des économies sur ses importations qui se chiffrent actuellement à 65 milliards de dollars. Les dépenses en équipements (45 milliards de dollars) vont aussi être rabotées. Cela dit, ce voisin maghrébin semble avoir des reins on ne peut plus solides. Ses réserves en devises, estimées à 195 milliards de dollars pourraient permettre à son économie de tenir pendant 3 ans malgré cette chute des cours mondiaux. Autre précaution salvatrice, le gouvernement algérien avait tablé sur un prix du baril à 37 dollars, bien que son économie dépende à 97% des exportations pétrolières, qui représentent 60% du budget. Hormis ces deux géants, les autres producteurs africains s'attendent également à des perturbations budgétaires comme le Gabon, où le pétrole finance près de 70% du budget. Diversification On le voit, les temps s'annoncent durs pour ces exportateurs de la ressource naturelle la plus influente dans l'économie mondiale. Cette situation doit servir de leçon et les pousser à accélérer le processus de diversification de leurs économies. Certains pays s'y sont déjà lancés, alors que d'autres en sont au stade de conception de leurs stratégies d'émergence. En tout état de cause, la conjoncture actuelle, en attendant une éventuelle reprise, ne fait pas que des malheureux. Comme le dit l'adage : «le malheur des uns fait le bonheur des autres». Pour les pays importateurs de pétrole, il s'agit plutôt d'une bonne nouvelle, à condition de savoir déjouer les pièges des différents marchés de matières premières. C'est notamment le cas du Maroc, considéré comme l'un des plus grands importateurs d'énergie dans la région Mena, avec une facture qui dépasse les 100MMDH.