La baisse que connaît le cours du baril du pétrole affecte les pays du continent à différents degrés. Plusieurs pays producteurs vont devoir faire face à une baisse des recettes budgétaires alors que les pays importateurs verront leur facture énergétique s'améliorer. L'Afrique devrait-elle s'inquiéter de la tendance à la baisse que connaissent les cours du pétrole sur les principaux marchés internationaux ? À priori la réponse tend plutôt à l'affirmative surtout si l'on tient compte que certains pays du continent sont de gros producteurs et donc exportateurs de l'or noir. De ce fait, la baisse du prix du baril qui a perdu 50% de sa valeur sur les six derniers mois,engendre beaucoup d'inquiétudes pour plusieurs pays du continent. Il va sans dire comme c'est le cas au niveau mondial, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne entre exportateurs et importateurs de pétrole. Dans l'absolu pourtant, le rythme de croissance du continent s'en trouvera affecté comme en témoignent les dernières actualisations préliminaires des perspectives économiques africaines pour l'année 2015. À l'évidence aussi, ce sont les pays producteurs de pétrole qui s'en sortiront avec plus de dégâts mais pour l'ensemble des pays du continent, l'impact de cette baisse sur l'économie mondiale est un vrai facteur à risque comme c'est le cas déjà avec la Chine, premier client d'Afrique où la croissance semble marquer le pas. Il faut dire que l'or noir tient une place stratégique dans l'économie de beaucoup de pays africains avec certains pays comme l'Algérie, le Nigeria, l'Angola ou le Gabon, très dépendants à l'égard du pétrole et donc des fluctuations que connaissent les cours. Selon les statistiques officielles, les exportations de pétrole représentent entre 40 et 50% du PIB au Gabon, en Angola et en République du Congo et, plus de 80% en Guinée équatoriale. Le pétrole rapporte 75% des recettes publiques en Angola, en République du Congo et en Guinée équatoriale. Facteur de risque À l'échelle continentale donc, la baisse que connaissent les cours du pétrole va impacter la croissance économique à court et moyen termes. Il s'agit, pour le cas de plusieurs pays, d'un véritable facteur à risque. Les pays producteurs vont payer le plus lourd tribut même si l'effet n'est pas négatif pour tous les exportateurs de pétrole. C'est l'une des conclusions d'ailleurs qui est ressortie d'une note d'analyse conjoncturelle du FMI qui a relevé que dans plusieurs cas de figure, on enregistre une baisse du revenu réel et des bénéfices de la production pétrolière. Il s'agit-là et pour les pays exportateurs, d'effets symétriques de la situation dans les pays importateurs. Cependant, «l'ampleur de ce recul et l'effet de la baisse des cours sur le PIB dépendent pour beaucoup du degré de dépendance à l'égard des exportations de brut et de la part des recettes qui revient à l'Etat». Il faut dire que les exportations de pétrole sont plus concentrées que les importations ce qui, d'après le FMI, ne fait que confirmer l'évidence, «les exportateurs de pétrole dépendent beaucoup plus du pétrole que les importateurs». Les experts s'accordent ainsi sur le fait que si les conséquences de la chute des cours seront nécessairement différentes d'un pays à l'autre, certains points communs se dégagent. «Les pays importateurs, parmi les pays avancés et surtout parmi les pays émergents, devraient profiter d'une augmentation du revenu des ménages, d'une réduction des coûts de production et d'une amélioration de leur situation extérieure alors que les pays exportateurs engrangeront moins de recettes et leurs budgets ainsi que leurs soldes extérieurs seront mis à mal», estiment par exemple Olivier Blanchard et Rabah Arezki, économistes au FMI. L'évolution des cours du pétrole sur les marchés internationaux va donc déterminer les perspectives économiques du continent. Au delà des effets sur les différents pays, pour beaucoup d'économistes, cette conjoncture constitue une alerte pour les pays africains qui doivent plus que jamais engager des réformes pour une véritable diversification de leur économie afin de ne plus dépendre que du pétrole mais aussi des matières premières.