La responsabilité sociale des entreprises est largement intégrée dans les tissus entrepreneuriaux de nombreux pays qui en ont saisi les enjeux économiques. Au Maroc, malgré les initiatives de la CGEM, le concept reste à l'état embryonnaire avec seulement 55 entreprises labellisées. En réalité, le principal point de blocage de son développement reste, hormis la volonté des chefs d'entreprise, l'absence d'un cadre réglementaire qui détermine les bonnes pratiques de gestion des conflits sociaux. Une entreprise socialement responsable. Un concept largement intégré dans les tissus entrepreneuriaux de nombreux pays et qui reste encore à l'état embryonnaire au Maroc. «Contribuer aux enjeux du développement durable» ne semble en effet pas encore faire partie des grands axes de la stratégie de développement de toutes les entreprises. L'actualité de cette semaine, avec notamment l'organisation de la 2e édition des assises de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) par la CGEM, a été l'occasion de rappeler les enjeux qui se cachent derrière la nécessité de développer ce principe dans toutes les structures. Avec seulement 55 entités labellisées RSE au Maroc, le tissu entrepreneurial national reste loin du compte, n'intégrant pas encore assez les retombées que ce label peut avoir sur les activités de l'entreprise. Pour Saïd Sekkat, président de la Commission RSE & Labels de la CGEM, «la RSE a de multiples impacts sur l'entreprise qui peut accroître sa performance en augmentant durablement sa productivité et la qualité de sa production, soit des facteurs essentiels de sa compétitivité». Plus encore, la responsabilité sociale des entreprises dépasserait même l'aspect environnemental puisqu'elle permettrait «une meilleure cohésion interne en améliorant les relations employeurs-employés par un dialogue social et un climat de confiance». Elle lui permet également d'accroître sa capacité à attirer et maintenir des collaborateurs qualifiés et motivés. Le contexte socio-économique dans lequel évoluent aujourd'hui les entreprises nationales souligne davantage le rôle que joue aujourd'hui la RSE dans le soutien de la compétitivité des PME, qui ont besoin d'améliorer leur gestion des risques et de s'assurer d'une meilleure accessibilité aux financements, ceci en rassurant les établissements bancaires sur la bonne gouvernance de la structure. «Pacte social» À ce jour, l'initiative de la CGEM à travers la promotion du label RSE a permis au Maroc de sensibiliser davantage le tissu entrepreneurial sur la question. Rappelons qu'après les intégrales de l'investissement qui lui étaient consacrées en 2005, la CGEM a adopté fin 2006 une charte RSE qui en est le référentiel. Ce travail a ensuite donné lieu à la mise en pratique d'un label délivré aux entreprises qui assurent un certain niveau de conformité par rapport à ladite charte. Aujourd'hui, le contexte souligne «le besoin de l'entreprise responsable d'avoir des syndicats forts et des associations engagées avec qui nouer des partenariats crédibles et mutuellement avantageux», souligne Miriem Bensalah, présidente de la CGEM, liant la concrétisation de cette vision par «la signature avec des syndicats d'un pacte social concret pour une compétitivité durable et un travail décent». À l'heure actuelle, les retombées concrètes de ce pacte se font toujours attendre. La mise en œuvre de celui-ci, entre syndicats et patronat prévoit dans son texte «la mise en place de commissions techniques et un comité de suivi exécutif qui aura pour mission de proposer des objectifs et un agenda social». Ceci suppose des concertations sur les règles du droit de grève qui assurent le respect de la liberté syndicale et celle du travail. À cet effet, un projet de loi sur la grève est prêt depuis plusieurs mois sans pour autant réaliser une avancée. Jusque-là certaines centrales syndicales dont l'UMT refusent toujours de discuter le principe même d'un texte de loi organisant la grève. Voilà un des principaux points de blocage du développement de la RSE au Maroc, dont les fondements restent l'installation d'un modèle de bonne gouvernance et une bonne gestion des conflits sociaux. Pour ceci un cadre légal doit nécessairement être assuré au préalable. Rappelons que la proposition de projets de lois au Parlement, concernant ce volet, reste toujours attendue.