Ce sont des Assises de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) - bien fournies en personnalités présentes - qui se sont ouvertes hier à Casablanca, devant un parterre d'hommes d'affaires et de chefs d'entreprise de diverses carrures. Chakib Benmoussa du Conseil économique et social (CES), les ministres Jamal Rhmani, Nizar Baraka...et pour couronner le tout, la présence surprise – et loin d'être fortuite - de Abbas El Fassi, le Premier ministre. L'occasion, on l'aura compris, était bien choisie et subtilement bien placée dans un contexte de dialogue social en sourdine, et d'un «après 9 mars» où gouvernants et opérateurs privés cherchent la meilleure mouture pour une économie environnementalement – mais surtout socialement – responsable. Cela est d'autant plus vrai qu'on est à quelques encablures de la fin de mandat du gouvernement actuel, dont le cheval de bataille a justement toujours tourné autour du mot-concept, «le social». Cela, au moment où bon nombre d'observateurs pensent qu'il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine. Ainsi, d'une allocution à l'autre, les lectures se rejoignent à la tribune. «C'est un pas qui vient d'être franchi vers la mise en place d'une stratégie nationale de la RSE», lance Mohamed Horani, le président de la CGEM. «C'est une confirmation pour le royaume et les efforts déployés par son économie pour respecter ses engagements à travers les différents accords de coopération et de libre-échange signés récemment, et à venir», complète ce dernier. Pour sa part, El Fassi n'hésite pas à faire le lien avec le «9 mars», au risque d'en faire un buzzword. «Ces assises viennent dans un contexte particulier, marqué par le discours du roi du 9 mars dernier, qui promeut entre autres points, la modernisation des différentes valeurs des ressources humaines du royaume et du dialogue social», avance le Premier ministre. Peut mieux faire.... De fait, c'est exactement 36 entreprises, sous la bénédiction de la Confédération générale des entreprises du Maroc qui ont acquis le label mis en place par le patronat depuis près de trois ans déjà. Un chiffre, encore très réduit pour un enjeu aussi important que la RSE, mais fort encourageant pour de premières assises. Horani peut bien en être fier. Ce dernier, soit dit en passant, a par ailleurs bien «revendu» son Pacte pour l'emploi. Ainsi, c'est une liste de 11 entreprises qui ont reçu cette distinction, dont huit pour la première fois. Il s'agit notamment de deux filiales du groupe Cosumar (Cosumar SA et Surac), de deux filiales du groupe Holding Menara (Carrière et transport Menara, Menara Prefa), de la Compagnie minière de Guemassa (Groupe Managem), de Gemadec, du groupe CMCP, ainsi que de Tragem. De plus, trois autres entreprises ont bénéficié d'un renouvellement, après une labellisation de trois ans. C'est le cas d'Eramedic, Lafarge Ciments et Logimag. Accompagnement Toutefois, force est de constater que si tous les secteurs sont concernés, les grandes entreprises dominent en nombre dans les 36 labellisées à cette date. Cette remarque découle principalement de la capacité de relever le défi du financement. Ce défi se transforme souvent en une contrainte, difficile à surmonter pour un tissu économique marocain, constitué à près de 90% par des PME. L'ANPME, pourtant, propose dans son arsenal de soutien à la PME, une offre spécialement consacrée à leur accompagnement en vue de l'obtention du label RSE de la CGEM. Cependant, nul besoin de retomber dans le débat sur les difficultés de promotion de ces offres, auprès des cibles concernées... ce serait transgresser. Le bâton et la carotte de la RSE Il faut savoir que l'octroi du Label RSE de la CGEM offre bon nombre d'avantages aux bénéficiaires, auprès des institutions publiques et privées en convention avec le patronat. Concrètement, ces avantages portent notamment sur la facilitation des procédures, une tarification spéciale, un assouplissement des contrôles, la célérité dans le traitement des dossiers, la réduction et/ou exonération des frais bancaires. C'est une bonne façon d'aiguiser les appétits et de tirer doucement les entreprises encore réticentes, vers des activités plus responsables. Par ailleurs, dans son action de promotion de la responsabilité sociale des entreprises, la commission Label RSE de la CGEM a créé récemment le club des entreprises labellisées RSE. Un cercle restreint, pour le moment, qui attend bien sûr de s'élargir au fur et à mesure que la culture RSE se développe dans le royaume. L'objectif de la création de ce club est d'offrir un espace de rencontres et d'échanges aux entreprises bénéficiaires du label, en le mettant en réseau. Par ailleurs, le club mène également des benchmarkings sur les bonnes pratiques RSE et leur diffusion. Joignant les paroles aux actes, un guide a déjà été réalisé sur la base de ces bonnes pratiques.