Djibouti et la Chine ont signé trois "importants accords économiques et commerciaux", portant notamment sur la construction d'une zone franche dans le pays de la Corne et en faisant une plate-forme majeure de transbordement du commerce mondial avec la Chine, selon la présidence djiboutienne. Le premier accord prévoit la construction d'une zone franche de 48 km2, dont une première tranche de 1,5km2 sera opérationnelle d'ici fin 2016. Un deuxième accord "formalise le rôle de plateforme de transbordement et de redistribution" de Djibouti "dans le commerce mondial impliquant les échanges avec la Chine", selon un communiqué reçu jeudi. Selon l'agence Chine nouvelle, cet accord entre dans le cadre du lancement par Pékin d'une "Nouvelle route de la Soie", reliant la Chine à l'Afrique en passant par le Golfe arabique, un projet estimé à 48 milliards de dollars par l'agence officielle chinoise. La route de la soie était l'ancien réseau de routes commerciales entre l'Asie et l'Europe, progressivement abandonné à partir du XVe siècle. La Chine cherche à renforcer son influence diplomatique à travers l'Asie, l'Afrique et jusqu'en Europe, à coups d'investissements massifs dans le cadre de ce qu'elle appelle ces "nouvelles routes de la Soie". Un troisième accord porte sur la mise en place d'un cadre légal permettant "l'afflux rapide de banques chinoises à Djibouti" et prévoyant la création d'une chambre de compensation "au profit d'opérateurs économiques de Djibouti". Cette chambre de compensation leur permettra de "ne pas perdre de devises dans les échanges avec leurs collègues chinois", explique la présidence. Elle "permettra aux opérateurs économiques djiboutiens de réaliser des échanges commerciaux sans passer par la devise américaine, le dollar", souligne Chine nouvelle. Djibouti et la Chine ont déjà conclu en décembre un accord permettant l'installation d'ici fin 2017 d'un "base navale logistique" dans le petit pays de la Corne, dont la côte bordant la mer Rouge et le golfe d'Aden, notamment le détroit du Bab el- Mandeb, qui relie les deux, lui offre une position géographique stratégique. Cette base aura pour objectif "la lutte contre la piraterie, la sécurisation du détroit de Bab-el-Mandeb, et surtout la sécurisation des navires chinois qui passent par ce détroit", l'un des corridors maritimes les plus fréquentés au monde, selon les autorités djiboutiennes. La marine chinoise a effectué une vingtaine de missions anti-piraterie dans le golfe d'Aden depuis 2008. La France et les Etats-Unis disposent déjà de bases militaires à Djibouti, ex-colonie française devenue indépendante en 1977. Mercredi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a parallèlement ouvert "une base logistique humanitaire" sur le port de Djibouti, destinée à transporter l'aide "plus rapidement, plus efficacement et à un meilleur coût" dans la région, notamment en Ethiopie, frappée par la sécheresse ou au Yémen, en Somalie et au Soudan du Sud, ravagés par la guerre, selon Valerie Guarnieri, responsable régionale du PAM. L'an dernier, 500.000 tonnes d'aide ont transité par Djibouti et la nouvelle base devrait permettre d'augmenter ces volumes.