Le pays, où se tient bientôt une élection présidentielle, abrite de nombreuses bases militaires étrangères. Le chef des Chabab, des islamistes radicaux somaliens, a appelé à frapper «les intérêts américains et français» à Djibouti dans une vidéo diffusée samedi 27 mars au soir, à moins de deux semaines de l'élection présidentielle du 9 avril dans ce petit pays de la Corne de l'Afrique. Dans cette vidéo, Ahmed Diriye – également connu sous le nom d'Ahmed Umar Abu Ubaidah – s'en prend au président djiboutien, Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999 et qui brigue un cinquième mandat, qu'il est assuré de remporter. M. Guelleh a «transformé Djibouti en une base militaire d'où chaque guerre contre les musulmans en Afrique de l'Est est planifiée et exécutée», affirme Ahmed Diriye, appelant les musulmans du pays à «faire des intérêts américains et français à Djibouti la priorité absolue de [leurs] cibles». Du fait de sa position géographique unique aux confins de l'Afrique et de la péninsule Arabique, face au détroit de Bab el-Mandeb qui relie la mer Rouge au golfe d'Aden, Djibouti abrite de nombreuses bases militaires étrangères. Cette ancienne colonie française accueille l'un des plus gros contingents français en Afrique (environ 1 500 militaires). On y trouve également la seule base américaine permanente en Afrique (4 000 soldats), à partir de laquelle sont lancées des opérations antiterroristes, notamment en Somalie. Le Japon et l'Italie y sont également présents, ainsi que la Chine, qui y a ouvert en 2017 une base militaire et un port. Djibouti fournit par ailleurs un contingent à la force de l'Union africaine (UA) en Somalie, l'Amisom, qui y combat les islamistes chabab. En mai 2014, un commando-suicide avait attaqué un restaurant prisé des étrangers à Djibouti, faisant un mort (un Turc) et une vingtaine de blessés, dont sept Français, quatre Allemands, trois Espagnols et six Néerlandais. Dans leur revendication, les Chabab avaient expliqué avoir attaqué un «restaurant fréquenté surtout par des croisés français et leurs alliés de l'OTAN».