Les médecins proposent un forfait à la place des honoraires de 190 DH par demi-journée fixés par le ministère de la santé. Une commission travaille sur l'évaluation des besoins des hôpitaux en médecins. Pour ses propres patients, le privé pourra utiliser le plateau technique des hôpitaux sur la base d'un tarif convenu. Le partenariat privé-public pour l'offre de soins dans les structures publiques de santé devra encore attendre un peu. Et pour cause, le retard pris dans la finalisation du dossier. Deux points restent encore en suspens : la mise en place de la grille tarifaire et l'estimation des besoins des différents hôpitaux. Le ministère de la santé a mis en place une commission spécialisée chargée d'évaluer les besoins en médecins dans les diverses régions du pays et dans les différentes spécialités. Les travaux sont actuellement en cours et devraient être, selon des proches du dossier, bouclés avant la fin de l'année. Il s'agit de mettre en place des schémas régionaux de l'offre de soins de santé dans l'objectif d'une équité de l'accès aux soins. La complémentarité public-privé assurera une meilleure prise en charge médicale, notamment des maladies chroniques, de même que l'application du régime de l'assurance maladie pour les économiquement démunis (Ramed) selon une logique «gagnant/gagnant» pour le malade, l'hôpital, le médecin libéral et l'organisme gestionnaire de l'assurance maladie. Le Maroc connaît en effet une pénurie en professionnels de santé et de grandes disparités dans leur répartition entre les régions, voire au sein d'une même région et entre milieux urbain et rural. Le nombre de médecins pour 10 000 habitants est à peine de 6,2. Le ministère de la santé estime le déficit en médecins à 6 000 et celui en paramédicaux à 9000. Ce déficit est d'autant plus problématique que le secteur privé fonctionne aussi avec du personnel soignant du secteur public. Ce déficit pourrait s'aggraver au cours des dix prochaines années avec le départ à la retraite du personnel paramédical. La durée de travail sera déterminée selon la disponibilité du spécialiste et des besoins de l'hôpital En ce qui concerne le volet tarifaire, les négociations sont aujourd'hui suspendues, même si le dossier, selon le ministère de la santé, «a été récemment transféré au ministère des finances pour l'évaluation de l'enveloppe budgétaire et l'étude du montage financier de ce projet». Il importe toutefois de souligner que la proposition faite par le ministère de la santé aux praticiens a été rejetée par ces derniers «en raison de sa modicité». Les médecins jugent insuffisants les honoraires fixés à 190 DH par demi-journée travaillée dans un hôpital et suggèrent un forfait. Il est vrai qu'à ce tarif, il sera difficile de couvrir les frais de déplacement. Il faut rappeler qu'en mai 2008 le ministère de la santé avait signé un protocole de partenariat avec les médecins spécialistes pour combler le manque à l'hôpital de Benguerir. Dans cette région qui compte 700 000 habitants, l'hôpital ne disposait d'aucun spécialiste ! Réglementé par un décret qui n'est actuellement toujours pas publié, le partenariat public-privé dans les hôpitaux est axé sur les moyens humains dans la mesure où il permettra à des spécialistes du privé d'intervenir dans certains hôpitaux en contrepartie d'une rémunération fixée dans le cadre d'un contrat. La durée de travail sera déterminée selon la disponibilité du spécialiste et en fonction des besoins de l'hôpital concerné. Deuxièmement, le partenariat concernera le partage de l'utilisation du plateau technique des hôpitaux ainsi que les blocs opératoires. L'apport sera très important, expliquent en substance les responsables du ministère, au niveau des prestations radiologiques puisque l'hôpital pourra louer les scanners et les angiographes à des médecins du privé qui enverraient leurs patients pour des examens. Là aussi le coût de la prestation sera défini par le décret réglementant le partenariat. Celui-ci permet dans le cas de certaines pathologies la prise en charge de malades par le secteur privé avec des tarifs étudiés et inférieurs à ceux pratiqués dans le privé. C'est le cas de la dialyse qui est, selon le ministère de la santé, un exemple réussi. Troisièmement, le partenariat aura un apport important dans le monde rural ainsi qu'en matière d'actions de santé publique, notamment le Ramed et les caravanes médicales dans certaines régions où parfois seulement 1,5% de la population a accès aux soins. Enfin, en dernier lieu, le partenariat permettra de répondre aux impératifs de la carte sanitaire afin d'assurer une couverture médicale de l'ensemble du territoire.