Satan n'est pas content du Maroc et des Marocains. Mais alors là, pas du tout. Comment je le sais ? Eh bien ! C'est lui-même qui m'en a touché quelques mots au cours d'un récent entretien. Rien de très original donc puisqu'il nous arrive à tous, hommes faillibles et pécheurs invétérés, de faire causette avec “l'ennemi d'Allah”. Où donc cet entretien ? Quand ? Comment ? Quelles stupides questions ! Vous ne vous attendez tout de même pas que je dévoile mes petits secrets au risque de voir un impulsif procureur du Roi qui me dirait entamer des poursuites à mon encontre pour “satanisme avoué”. Non, merci, je ne suis plus d'âge à jouer à cela. Disons pour rester simple que ce fut au cours d'un rêve. Mais que je vous rassure : s'il est furieux, Satan, ce n'est nullement contre ceux qui, à longueur de temps et de toute éternité l'abreuvent de malédictions et d'anathèmes. Depuis le temps, depuis ce fameux jour où, ange lumineux alors, il eut l'arrogance de refuser de se prosterner devant Adam qui, lui, est fait de vile argile. Depuis lors, la malédiction divine ne l'a plus quitté. Il a donc eu tout le temps de s'y habituer. Jusqu'à en faire sa parure et son principal fonds de commerce, Satan, le diable, Achaïtane, Ibliss, le malin, le damné, ange déchu, l'être infernal, maudissez-le tant et plus, vous ne le verrez même pas sourciller tant il s'y est fait et tant il s'y complait. Non, sa colère ne s'adresse pas au commun des mortels qui au tréfonds d'eux-mêmes reconnaissent sa toute puissance. Que voulez-vous, on a son “orgueil de damné”. Et on tient à le garder de toute blessure. Et le pire qu'on puisse lui infliger est de croire qu'il passe son temps à se “laisser adorer” par un groupuscule de jeunes mélomanes, imbus de l'air de leur temps, amateurs de “look” originaire, tee-shirt noirs et macabres, porter dans le vent, guitares, gadgets offerts par leurs parents. C'est insulter gravement au prestige et aux ambitions de Satan ! Et comment, on vous le demande, trouverait-il le temps de venir inspirer de mauvaises pensées telles que “la destruction de la société musulmane”, “la négation de Dieu”, et “la perte des valeurs” à des jeunes seulement amoureux de musique ? Soyons sérieux, Satan, qu'Allah le maudisse –tiens, attrape une malédiction de plus – Ibliss a donc bien d'autres chats à fouetter. Il a de grandioses et effroyables exploits à réussir. Comme par exemple, la préparation de la guerre par les Etats-Unis contre l'Irak. Ce qu'il lui faut de malice, de ruse, de manigances pour jeter toujours plus d'huile sur le feu ! Voilà une tâche digne de lui, qu'il revendique hautement, qu'il veut voir réussir. Les morts et les ruines seront son spectacle et sa récompense. Alors, vous voyez, vos petites histoires, pas même drôles, avec vos jeunes musiciens, il n'en a que foutre, le vieux Satan. Tel est le message que je suis chargé de délivrer. Que nos “petits juges” maudissent Satan et reviennent à Allah.