A l'occasion de la Journée mondiale des enseignants célébrée le 5 octobre de chaque année, des centaines de professeurs ont défilé, ce dimanche à Rabat en faveur du sauvetage de l'enseignement public. Ils ont ainsi investi les rues de Rabat dans le cadre d'une marche de protestation nationale initiée par la Fédération nationale de l'enseignement-orientation démocratique (FNE-démocratique). Cette marche, qui a débuté depuis la place Bab El Had avant de finir devant le parlement, a été l'occasion pour les enseignants de réitérer leurs revendications exprimées lors des différentes manifestations, sit-in et grèves organisées tout au long de l'année 2018-2019, à leur tête l'amélioration des conditions de travail des enseignants et la préservation des acquis concernant la gratuite de l'enseignement.
Dans une déclaration à 2M.ma, le secrétaire général de la FNE, Abderrazak El Idrissi, déplore la situation de l'enseignement au Maroc qui empire de jour en jour, manquant de stabilité pour les enseignants et s'inscrivant dans un contexte favorable à la privatisation de l'enseignement. « Les enseignants doivent bénéficier d'une certaine stabilité afin d'accomplir leur mission bien comme il faut. Ce n'est malheureusement pas le cas des enseignants contractuels (…) », a-t-il estimé. « Contrairement aux chiffres avancés par le ministère de tutelle, le Maroc ne dispose pas d'établissement spécialisés dans l'enseignement préscolaire. Les enfants sont placés généralement dans des espaces aménagés par les associations sous la supervision d'enseignants titulaires de diplômes d'études supérieurs et rémunérés à 1000 et 1500 dirhams le mois », a-t-il déploré.
« Aujourd'hui, le ministère de tutelle appelle à la privatisation de l'enseignement, or ce dernier doit être accessible à l'ensemble des Marocains, peu importe leur classe sociale», a dénoncé de son côté Rachid Bougetaya, membre du conseil national de la FNE, appelant le gouvernement à revoir la loi-cadre sur l'enseignement adoptée le 02 août dernier à la majorité comprenant deux articles ayant suscité une vive polémique, notamment l'article 2 portant sur l'alternance linguistique, et 31 relatif à l'enseignement des matières scientifiques et techniques en langues étrangères.
Pour El Idrissi, le gouvernement doit revoir sa manière de gérer les dossiers des enseignants et ouvrir d'urgence le dialogue avec l'ensemble des syndicats pour trouver des solutions concrètes aux problèmes dont souffre le système éducatif au Maroc. Rappelons que les Nations Unies ont célébré samedi la Journée mondiale des enseignants, l'occasion pour l'Organisation de saluer leur dévouement et d'encourager les gouvernements à tout faire pour attirer les jeunes talents dans cette profession. "Nous encourageons les gouvernements à faire de l'enseignement une profession de premier choix pour les jeunes", ont déclaré dans un message conjoint l'UNESCO, l'UNICEF, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'Organisation internationale du travail (OIT) et l'Internationale de l'éducation à l'occasion de cette journée tenue sous le thème "Jeunes enseignants : l'avenir de la profession". "Nous invitons également les syndicats d'enseignants, les employeurs du secteur privé, les directeurs d'école, les associations de parents et d'enseignants, les comités d'administration des établissements, les responsables de l'éducation et les formateurs d'enseignants à partager leur savoir et leur expérience en vue de favoriser l'émergence d'un corps enseignant dynamique. Par-dessus tout, nous célébrons le dévouement des enseignants partout dans le monde", ont-ils ajouté. Selon l'ONU, sans une nouvelle génération d'enseignants motivés, des millions d'apprenants seront privés, ou continueront de l'être, de leur droit à une éducation de qualité. "Il n'est pas facile d'attirer et de retenir les talents dans une profession sous-payée et sous-estimée", souligne le message conjoint.