* Le Maroc a un déficit en matière dinfrastructures de stockage pénalisant les autres branches dactivité. * La création dune fédération dédiée, regroupant tous les professionnels concernés, permettra plus de visibilité et dorganisation. L ors des saisons agricoles où les récoltes sont exceptionnelles, le problème de stockage des céréales se pose avec acuité. Le manque dinfrastructures en la matière est flagrant surtout pour une campagne qui a dégagé des résultats dépassant les 100 millions de quintaux. Les professionnels de la filière céréalière sont unanimes à considérer que le phénomène cause de sérieux préjudices à la qualité des grains et cest pour cette raison que les produits importés sont plus cotés que les produits locaux. A cet égard, un projet de création dune fédération interprofessionnelle des activités céréalières, qui va aboutir en juin prochain, permettra plus de visibilité et une meilleure organisation du secteur. En effet, plusieurs branches dactivité sont concernées par la question. Outre les agriculteurs, la filière regroupe plusieurs intervenants, aussi bien en amont quen aval : il sagit des collecteurs, des coopératives, des importateurs, des minotiers et des boulangeries. Le circuit officiel de stockage dont une partie passe par lOffice national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL), ne dépasse pas les 20 à 28 millions de tonnes, soit 20 à 30% de la production nationale. Les conditions de stockage laissent également à désirer. Les unités qui possèdent des aménagements appropriés restent limitées et fortement concentrées dans laxe Rabat-Casablanca. «Il y a une inégalité entre les régions, surtout les régions à fort rendement céréalier», a souligné Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de lagriculture (Comader). La question du stockage doit être revue de fond en comble. LEtat, pour sa part, doit réorganiser ses structures dintervention, notamment le système de subvention. Ouayach a déploré le manque de traçabilité des produits. Leur mélange ne peut quavoir des effets néfastes sur la qualité. Des réflexions sont donc menées pour trouver les mécanismes appropriés Le circuit officiel concerne, en grande partie, le blé tendre qui bénéficie dun prix référentiel de 270 DH le quintal ; il concerne plus ou moins le blé dur alors que lorge est quasi absent de ce circuit. Lorge connaît une forte fluctuation selon les campagnes agricoles. Lors de la période précédant lactuelle campagne, cest-à-dire lété 2008, le quintal dorge se négociait à plus de 300 DH. Actuellement, avec labondance de loffre, le prix du quintal baisse à 200 DH. Pratiquement, aucun intervenant dans le marché ne peut garder des produits de la saison précédente. Il risque davoir des moins-values importantes. Cest ce qui explique les perturbations que connaît le marché au niveau de lorge. Il est à rappeler que malgré une bonne année agricole, avec des résultats record, le Maroc narrivera pas à assurer son autosuffisance alimentaire. Une bonne partie de ses besoins devront être importés. Les spécialistes tablent sur un volume dimportation dépassant les 20 millions de quintaux. Les conditions de stockage dans les ports sont également pointées du doigt. Malgré létablissement dun nouveau système avec des équipements modernes, les professionnels jugent les prix pratiqués non compétitifs et susceptibles de grever davantage les coûts. La question de linvestissement dans ce créneau a été fortement débattue lors de la dernière édition du Salon international de lagriculture à Meknès (SIAM). Les intervenants sont unanimes quant à lurgence de moderniser cette branche dactivité, que ce soit chez les producteurs ou chez les autres professionnels en amont comme les minotiers. «Linvestissement dans ce secteur nest pas du tout incitatif car, pour que les silos soient rentables, il faut que la période de stockage dépasse au moins les trois mois et lidéal est aux alentours de six mois», souligne-t-on auprès dune coopérative de collecte de céréales près de Settat. En effet, lEtat naccorde que 2 DH par quintal. «Le stockage ce nest pas uniquement des silos et des entrepôts mais concerne aussi des techniques et des outils de conservation et de préservation de la qualité des grains», a souligné Abderrahim Chmaou, ingénieur agronome. Cest aussi une question de coût. Cest ce qui explique que les méthodes classiques sont fortement dominantes en matière de stockage au Maroc.