La croissance serait de 2,5% en 2014 en contraction par rapport à l'année dernière où elle était de 4,4%. La fébrilité des activités agricoles combinée à la baisse de la demande intérieure sont à l'origine d'une telle contreperformance, d'après le Haut commissariat au Plan. L'année 2015 s'annonce plus clémente d'un point de vue économique puisqu'elle marque le retour de la croissance qui serait de 3,7%. Comme à l'accoutumée, c'est au mois de juin que les experts et les différents opérateurs, aussi bien aussi nationaux qu'internationaux, guettent les prévisions économiques de l'année en cours et celles de l'année suivante. Ils sont servis, car le Haut commissariat au Plan vient de rendre sa copie concernant la situation macroéconomique du pays en 2014 et les perspectives de 2015. La période de juin constitue le moment idoine où les institutions de prévisions économiques ont plus de visibilité par rapport à la récolte agricole. Les conclusions récemment présentées par le patron du HCP, Ahmed Lahlimi Alami, à l'occasion de la conférence de presse sur les éléments du budget économique exploratoire de 2015, ne seront pas de nature à susciter l'optimisme chez les opérateurs. L'activité économique de 2014 se caractérisera par une forte contraction. Le taux de croissance de l'année en cours annoncé par Lahlimi est seulement de 2,5%, contre 4,4% en 2013. Cette contreperformance est en grande partie due au repli de l'activité agricole qui a baissé de 28% par rapport à l'année dernière. Cela explique une fois de plus que l'activité économique est fortement arrimée au secteur agricole dépendant des aléas climatiques. Du reste, même si la croissance risque de ne pas être au rendez- vous cette année, certains indicateurs affichent une bonne tenue. A titre illustratif, les activités non agricoles connaîtront une reprise de 3,1%, contre seulement 1,8% l'année dernière. L'autre bonne performance enregistrée est le déficit courant des échanges qui s'allégera en 2014 pour se situer à 7,1%. Cela dit, la configuration de l'économie nationale continue de conserver ses principales caractéristiques puisque la demande intérieure ne cesse de tirer l'économie nationale, même si elle affiche une certaine fébrilité cette année impactant négativement la croissance. Un environnement international favorable qui ne profitera pas au Maroc Les institutions internationales sont unanimes sur la progression de l'économie mondiale en 2014, et ce dans un environnement foncièrement marqué par la baisse des prix des matières premières et l'allégement des tensions inflationnistes. L'Europe (premier partenaire économique du Maroc) ne constituera pas le bastion de l'exception de ce dynamisme économique mondial puisqu'elle affichera un taux de croissance de 1,2% en 2014. Malgré ce contexte international favorable, le Maroc va enregistrer des échanges extérieurs nets qui contribueront négativement à la croissance à hauteur de -1,6% cette année, contre -1,1% l'année dernière. Sur le registre du financement de l'économie, l'épargne nationale connaîtra une baisse cette année pour se situer à 25,4% du PIB même si la bonne nouvelle provient du besoin de financement qui devrait s'alléger pour se situer à 7,1% au lieu de 7,6% en 2013. A ce stade, il y a lieu de souligner que le Haut commissaire au Plan ne s'est pas uniquement contenté de livrer des prévisions chiffrées. Il a aussi tenu à faire de la pédagogie sur ce qu'il appelle le «cycle d'étiage» dans lequel l'économie nationale se trouve. A ce titre, le patron du HCP a martelé qu'il ne faudrait pas s'attendre au Maroc à une forte croissance à court et à moyen terme, car celle-ci risque toujours d'être tenue en bride par les aléas climatiques. Ce qui doit conduire le pays à procéder aux réformes structurelles dont l'urgence ne fait plus aucun doute. Lahlimi en appelle à l'assainissement des finances publiques (déficit budgétaire de 5,2% du PIB prévu en 2014) et à la transformation structurelle de l'économie par la mobilisation du capital marocain vers les secteurs productifs (agriculture, industrie). Par ailleurs, il estime que même si l'automobile affiche un fort taux de croissance à l'exportation, celui- ci ne génère que 1% de valeur ajoutée et seulement 0,1% des emplois du pays. A cela s'ajoute son manque d'intégration à l'économie nationale puisque le secteur automobile est selon lui, exclusivement destiné à l'exportation. Au-delà de ce diagnostic et de ces recommandations, les prévisions économiques de 2015 du HCP tablent sur un retour de la croissance puisque cette dernière devrait se situer à 3,7% contre 2,5% cette année. A noter que ce dynamisme programmé de l'activité économique en 2015 sera induit par l'amélioration des activités agricoles, la reprise des activités non agricoles et la consolidation de la demande intérieure.