Entre cadence et décadence, l'économie marocaine résiste au mieux aux aléas internationaux. Ayant affiché une résistance au cours des dernières années, la structure économique du pays maintient sa résilience, difficilement certes, mais en misant gros sur des secteurs à forte valeur ajoutée. 2014 devrait se clôturer en retrait par rapport à l'année précédente. Au moment où elle a atteint une évolution de 4,4% en 2013, la croissance économique se situerait autour de 2,5% en 2014. C'est le seuil qui vient d'être fixé par le haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, lors de sa présentation, mercredi à Casablanca, des éléments du budget économique exploratoire 2015 (voir page 5). Ainsi ce ralentissement vient prouver que l'économie marocaine n'arrive toujours pas à restructurer son modèle de croissance. Selon Ahmed Lahlimi, le financement de la demande intérieure se fait sans commune mesure avec le niveau de compétitivité de l'économie nationale et de son potentiel d'épargne intérieure. Ainsi, ce financement reste toujours tributaire des revenus en provenance de l'extérieur. «Le cycle d'étiage où se trouve l'économie nationale ne devrait pas permettre la réalisation des croissances économiques effectives fortes et libérées des aléas de la production agricole», déduit Ahmed Lahlimi. Le haut-commissaire au Plan émet ses recommandations. Le besoin pressant est que le capital marocain prenne le relais du secteur public pour la valorisation des infrastructures économiques installées et améliorer les exportations et l'emploi. Ahmed Lahlimi a également mis l'accent sur la politique économique de transition, sur la transformation structurelle de l'économie nationale ainsi que sur la réappropriation des instruments budgétaires et monétaires de la compétitivité globale de demain. Notons que la croissance prévue sera tirée principalement par la performance du secteur non agricole, dont la valeur ajoutée devrait s'accroître de 2,3%. Le même taux reflèterait une baisse pour l'activité agricole qui perdrait 2,3% de sa valeur. Dans cette perspective, le volume net d'emploi serait d'environ 52.000 postes faisant passer le niveau de chômage national aux alentours de 10% enregistré au premier trimestre. De même, l'année connaîtra une lègère baisse du déficit budgétaire. Le Haut-Commissariat au Plan prévoit un déficit budgétaire de 5,2% . Le taux d'endettement global du Trésor atteindrait les 66,4% du PIB contre 63,5% en 2013.. En dehors des performances sectorielles, la consommation finale nationale connaîtrait également un ralentissement passant de 3,7% en 2013 à 3,2% en 2014. La demande intérieure s'accroîtra de 3,6% en volume contre 4,8% enregistré l'année précédente. Sa contribution à la croissance basculerait de 5,5 points en 2013 à 4,1 points d'ici fin 2014. L'année 2014 connaîtra par ailleurs l'augmentation des créances sur l'économie. La progression avoisinerait les 4,3% d'ici la fin de l'année contre 3,1% auparavant. Ainsi, les crédits bancaires progresseront de 4,4% au lieu de 3,5% et de 14% en moyenne annuelle durant la période 2006-2012. Budget économique exploratoire 2015
Dette publique: Une prévision de 81,4% du PIB en 2015 L'épargne nationale devrait se situer à 26,1% du PIB au lieu de 25,7% en 2014. L'année 2015 sera marquée par une légère amélioration du taux d'épargne intérieur. Ce dernier passera de 20% du PIB en 2014 à 20,5% en 2015. En outre, les revenus nets en provenance du reste du monde devraient se situer à 5,6% du PIB. Le besoin de financement s'accentuerait par ailleurs pour atteindre 7,4% du PIB contre 7,1% en 2014. 57,3% de ce besoin devraient être mobilisés sous forme d'emprunt public sur le marché international. Ainsi, la dette publique globale devrait atteindre 81,4 % du PIB en 2015 au lieu de 79,7% en 2014. Notons que la masse monétaire devrait s'accroître de 5% au lieu de 3,9% en 2014. A cet effet, l'encours des créances sur l'économie devrait enregistrer une amélioration de 5,2 % au lieu de 4,3 % en 2014. Economie nationale : Une croissance de 3,7% en 2015 Pour 2015, Ahmed Lahlimi suppose une reconduction de la politique budgétaire en vigueur en 2014. La croissance économique atteindrait les 3,7% en 2015. Les activités agricoles devraient reprendre au même niveau, voire plus que l'activité non agricole. Ainsi, le secteur primaire dégagerait une valeur ajoutée en hausse de 2,4% contre une baisse de 2,3% au moment où celle du secteur secondaire s'accroîtrait légèrement passant de 2,3% en 2014 à 2,6% en 2015. Le tertiaire observera, en 2015, une valeur ajoutée de 4,3% contre 3,6% en 2014. Ménages : La consommation finale en amélioration de 2,9% «La croissance économique devrait continuer d'être tirée en 2015 par la demande intérieure. Toutefois le potentiel de croissance de la demande extérieure tarderait à être valorisé». C'est ainsi qu'Ahmed Lahlimi commente l'évolution de la demande nationale. Ainsi la demande intérieure s'accroîtrait en 2015 de 4,3% , contribuant ainsi de 4,9 points à la croissance. La consommation finale des ménages maintiendrait son rythme évoluant ainsi de 2,9% en volume. Cette performance est , selon le HCP, «soutenue par les valorisations salariales programmées dans le cadre du dialogue social et la poursuite de la maîtrise de la hausse du niveau général des prix intérieurs à près de 1,7%». Les ménages verront donc leur contribution à la croissance du PIB s'améliorer de 1,8 point contre 1,6 point en 2014. La contribution des échanges extérieurs connaîtrait un léger allégement passant de -1,6% en 2014 à -1,2% en 2015. Toutefois, les échanges extérieurs ne parviendront pas à se libérer de leur déséquilibre structurel. En 2015, les exportations devront augmenter en volume de 4,8% contre une progression de 6% . De même, les échanges extérieurs dégageraient en 2015 un déficit en ressources en quasi-stagnation estimé à 13,8% du PIB en 2014-2015.