Le niveau général des prix en légère hausse de 2% La demande intérieure s'accroitraît de 5% en volume L'économie nationale a été marquée en 2012 par la baisse de la production agricole et la poursuite de la résilience des activités non agricoles, et ce, dans un contexte international contraignant. C'est ce qu'a affirmé le Haut Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, lors de la conférence de presse, organisée mercredi à Casablanca, et qui a été consacrée à la présentation du budget économique prévisionnel 2013. M. Lahlimi a ajouté que la valeur ajoutée du secteur primaire aurait, ainsi, affiché un repli de 8,7% en 2012, après la hausse de 5,1% en 2011, et ce, en raison de la baisse de 39,2% de la production céréalière durant la campagne agricole 2011/2012. Elle est passée de 84 millions de quintaux en 2011 à 51 millions de quintaux en 2012. En revanche, les activités non agricoles, bien qu'en léger ralentissement, auraient réalisé un taux de croissance de 4,8% en 2012, contre 5,3% en 2011, bénéficiant des effets de la hausse de 13,6% des dépenses de fonctionnement et de 12,6% de l'investissement public consolidé. Dans ce cadre, le secteur secondaire aurait enregistré une croissance de 3,2% après 4% en 2011. Le dynamisme des activités énergétiques, du bâtiment et travaux publics et des industries de construction automobile aurait relayé la modération de la contribution des activités des phosphates et celui des industries électriques et électroniques (composants électriques et fils et câbles pour l'électricité), qui avaient contribué largement au dynamisme économique des dernières années, auraient enregistré une croissance modérée. Parallèlement, les activités du secteur tertiaire auraient globalement progressé de 5,7% après 6% en 2011, sous l'effet, en particulier, de l'amélioration de la valeur ajoutée des postes et télécommunications, des services rendus aux entreprises et des services fournis par les administrations publiques. Dans ces conditions, la Produit Intérieur Brut aurait réalisé un taux de croissance estimé à 2,7% en 2012, légèrement supérieur à 2,4% annoncé dans le budget économique exploratoire publié au mois du juin 2012. Il reste, cependant, inférieur au taux de 5% enregistré en 2011. Selon le Haut Commissaire au Plan, cette croissance économique continue à être tirée par la demande intérieure, consommation finale nationale et investissement brut, dans un contexte de maîtrise de l'inflation. Concernant la demande intérieure, M. Lahlimi a fait observer que la consommation finale nationale aurait enregistré une hausse de 4,8% après 6,7% en 2011. Sa contribution à la croissance du PIB serait, ainsi, passée de 5 à 3,7 points. Dans ce cadre, poursuit la même source, la consommation des ménages aurait connu un léger ralentissement, en raison d'une baisse des revenus des ménages et de l'autoconsommation en produits agricoles. Elle se serait accrue de 4,8% en volume en 2012 après 7,4% en 2011. Sa contribution à la croissance aurait reculé de 4,2 points en 2011 à 2,8 points en 2012. Evoquant la demande extérieure, le Haut Commissaire au Plan a fait savoir que les exportations de biens et services auraient enregistré une hausse de 0,8% au lieu de 2,1% en 2011, attribuable, en particulier, à la croissance remarquable des exportations des produits énergétiques, des voitures de tourisme et de certains produits alimentaires. L'émergence de ces nouveaux produits à l'export aurait compensé la baisse du dynamisme des exportations des phosphates et dérivés et des produits électriques et électroniques. De leur côté, les importations de biens et services auraient connu, de leur côté, un net ralentissement. Leur rythme de croissance, en volume, serait passé de 5% en 2011 à 1,6%. Ce ralentissement intervenu, pour la première fois depuis 2009, aurait bénéficié de la baisse de rythme des importations des demi-produits et des produits bruts, en particulier, sans cependant affecter celles des biens d'équipement et des produits finis de consommation. Globalement, la demande extérieure (exprimée par le solde de la balance commerciale en biens et services), aurait affiché un allégement significatif de sa contribution à la croissance du PIB, passant de -1,5 point en 2011 à -0,5 point en 2012. Autre élément soulevé par M. Lahlimi a concerné l'évolution du niveau général des prix. « En 2012, l'effet de ralentissement de la demande intérieure sur les prix aurait été atténué par la répercussion d'une partie de l'inflation importée sur les prix intérieurs, notamment la hausse des prix des produits énergétiques. Ainsi, le niveau général des prix (appréhendée par le prix implicite du PIB) aurait progressé de 1,3% en 2012 au lieu de 0,1% en 2011 ». Côté financement de l'économie, M. Lahlim a noté, entre autres, que l'épargne nationale serait passée de 224 milliards de dirhams en 2011 à 217,4 milliards de dirhams. De 27,9% en 2011, sa part dans le PIB aurait baissé à 26,1% en 2012. De son côté, l'investissement brut (Formation brute de capital fixe et la variation des stocks) aurait été maintenu à un niveau élevé, grâce en particulier, à des investissements publics consolidés en progression de 12,6%. Sa part dans le PIB aurait, cependant, légèrement baissé, passant de 36% en 2011 à 34,5%, en raison d'une baisse de la variation des stocks, aux prix courants de 28,5% et au ralentissement de l'investissement privé. Le déficit du compte épargne-investissement qui exprime les besoins de financement de l'économie nationale, ne cesse, dans ces conditions, de s'élever d'une année à l'autre. Il aurait atteint 8,4% du PIB après 8,1% en 2011 et 4,4% en 2010. A l'origine de cette dégradation, le déficit des finances publiques serait passé de 6,2% du PIB en 2011 à environ 7%, détériorant le compte courant de la balance de paiement et alimentant l'endettement publique dont le taux frôle, aujourd'hui, le seuil fatidique de 60% du PIB. A défaut de couvrir ce déficit par des investissements directs étrangers (IDE) et des emprunts extérieurs, le pays a dû continuer de puiser dans ses réserves en devises. Après avoir baissé de 12,4% en 2011, les avoirs extérieurs nets ont connu une nouvelle baisse de 18% ramenant leur montant à 138 milliards de dirhams, équivalent à 4 mois d'importations des biens et services au lieu de 5,1 mois en 2011. Cette situation est à l'origine de la persistance de la sous-liquidité qui a marqué, au cours de ces dernières années, le marché monétaire. Ainsi, la masse monétaire a enregistré un ralentissement de son rythme de croissance, passant de 6,9% en 2011 à 4,7%. Parallèlement, l'encours des crédits à l'économie a connu une augmentation de 6% au lieu de 10,3% en 2011. Côté perspectives économiques, M. Lahlimi a fait savouir que les prévisions pour 2013 ont été élaborées sur la base des dispositions de la Loi de Finances 2013 et d'un ensemble d'hypothèses en relation avec l'évolution de la conjoncture nationale et internationale. Les principales dispositions de la Loi de Finances 2013 portent sur la hausse de la masse salariale publique de 1,3% après 9,2% en 2012, l'accroissement des dépenses de fonctionnement hors salaires de 6,9% et le soutien des prix à la consommation, avec des charges de compensation de l'ordre de 40 milliards de dirhams, après 53 milliards de dirhams en 2012. L'investissement public global, de son côté, devrait se maintenir à 180 milliards de dirhams, en baisse de 4% par rapport à son niveau de 2012. Les prévisions pour 2013 s'inscrivent dans le scénario d'une production céréalière moyenne de 70 millions de quintaux et d'une consolidation des performances des autres cultures et de l'élevage. Ces prévisions tiennent compte des incertitudes qui pèsent sur la croissance de l'économie mondiale et des effets de son évolution prévisible en termes, notamment, de ces effets sur la demande extérieure adressée au Maroc, les prix des matières premières et la parité euro/dollar. La demande mondiale adressée au Maroc connaitrait une progression de 4% en 2013 au lieu de 2% en 2012. Elle proviendrait, en particulier, des pays émergents et en développement à un rythme de 7,9%, des Etats–Unis d'Amérique à un rythme de 4,5% et de la zone Euro à un rythme modeste d'environ 2%. Le cours moyen du pétrole serait en baisse, passant de 105 dollars /baril en 2012 à 99,7 dollars en 2013. Le cours moyen des autres matières premières non énergétiques continuerait sa tendance baissière à un rythme de 3%, après un recul de 9,8% en 2012. De son côté, la parité euro-dollar devrait connaître une hausse, passant de 1,27 en 2012 à 1,33. Après avoir baissé de 4% en 2012, les transferts des Marocains résidant à l'étranger se stabiliseraient en 2013. Les recettes touristiques, qui avaient baissé de 1,6% en 2012, connaîtraient une légère hausse de 1%, alors que les investissements directs étrangers (IDE) consolideraient leur rythme d'accroissement à 3%. Sur la base de ces hypothèses, les activités non agricoles s'accroitraient de 4,6% au lieu de 4,8% estimé pour 2012. La valeur ajoutée du secteur primaire devrait progresser de 6,1% après avoir connu un repli de 8,7% en 2012. Le produit intérieur brut devrait, ainsi, s'accroitre de 4,8% en 2013 au lieu de 2,7% en 2012. Au cas où les conditions climatiques devaient rester favorables notamment au printemps, la valeur ajoutée du secteur primaire pourrait connaître une hausse de 13,6% et porterait cette croissance à 5,4%. En restant dans le scénario d'une croissance de 4,8% en 2013, la demande intérieure devrait rester le moteur de la croissance économique sous l'effet de la poursuite du dynamisme de la consommation finale nationale et de l'investissement brut. Ce dynamisme continuerait à être nourri par la politique budgétaire expansive et une amélioration des revenus agricoles dans un contexte de maîtrise de l'inflation. Au total, la demande intérieure devrait s'accroître de 5% en volume, au lieu de 2,8% en 2012. Sa contribution à la croissance serait de 5,7 points, au lieu de 3,2 points en 2012. M. Lahlimi a affirmé enfin qu'au cours des années 2012 et 2013, le Maroc peut se prévaloir d'avoir réalisé, au cours de la dernière décennie, un développement économique et social remarquable. Un taux d'investissement parmi les plus élevés au monde. Une consommation et un pouvoir d'achat en constante amélioration. Des exportations déclinant une émergence de nouveaux produits et d'une diversification de leurs débouchés. Une relative résilience des activités non agricoles aux effets de la perduration de la crise économique internationale. D'une façon générale, la croissance économique se maintient et sa dépendance des conditions climatiques se réduit. M. Lahlimi n'a pas manqué de rappeler, lors de cette conférence, que le HCP a programmé, pour 2013-2014, la réalisation du recensement général de la population et de l'habitat.