A en croire le HCP, la croissance en 2014 risque de ne pas être au rendez-vous. L'institution table sur un taux de 2,4%. A cela s'ajoutent bien d'autres indicateurs (dette, chômage, déficit du Trésor, etc.) qui seront moins reluisants que l'année précédente. Ça y est, le HCP a rendu dernièrement sa copie concernant le bilan économique 2013. A cette occasion, le Haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami, a aussi présenté les éléments du budget économique prévisionnel 2014. Il ressort des éléments mis en évidence par le patron du HCP que l'année 2013, comparée à 2012 ou cette année 2014, n'est pas la pire année, du point de vue macroéconomique bien entendu. Ainsi, la croissance en 2013 est estimée par le HCP à 4,4%, alors qu'elle risque de se détériorer en 2014 pour se situer à 2,4%. Le déficit courant des échanges extérieurs aurait aussi accusé une baisse l'année précédente. Il a été évalué à 8,1% du PIB contre 10% en 2012. Toutefois, les finances publiques continuent de constituer le maillon faible du cadre macroéconomique, puisque le déficit budgétaire de l'Etat a été jugé par Ahmed Lahlimi Alami à près de 6% du PIB en 2013. Compte tenu de ce qui précède, est-il judicieux d'accorder du crédit à l'engagement pris par le gouvernement, celui de ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2016 ? Répondre par l'affirmative serait sans doute un pari hasardeux. Au-delà de cette contre-performance, l'année qui vient de s'écouler marquera aussi un taux de chômage en baisse (9,1%) par rapport aux prévisions de 2014 qui tablent sur une hausse de celui-ci (9,8%). L'année 2014 avec son cortège de défis Le patron du HCP reste formel : «l'année 2014 posera d'innombrables défis à l'économie nationale». Et pour cause ! Il est fort à parier que la production céréalière accuserait une baisse pour se situer à 70 millions de quintaux dans le meilleur des cas. Le secteur primaire accusera ainsi une baisse de 3,9% de sa valeur ajoutée. Ce qui conduit entre autres, l'institution dirigée par Lahlimi Alami à prévoir une croissance atone de 2,4% cette année. Ce qui contraste encore une fois avec l'optimisme manifeste du gouvernement qui table sur un taux de croissance de 4,2%. Plus inquiétant, peut-être, est que la croissance des activités non agricoles, quoique en hausse (3,6% en 2014 et 2% en 2013), continueraient à être affectées par le ralentissement du financement de l'économie et par la réduction des marges de manœuvre de la politique monétaire. A ce titre, Ahmed Lahlimi Alami a réitéré son appel à Bank Al-Maghrib, l'exhortant à revoir ce qu'il appelle «le piège du régime de change fixe». Il estime que l'autorité monétaire devrait laisser en rade sa politique excessive ciblant la lutte contre l'inflation au profit d'une politique monétaire non conventionnelle. Devant ces prévisions pour le moins alarmistes, la bonne nouvelle est que le déficit du compte d'épargne–investissement connaîtra un léger recul pour se situer à 7,9% cette année contre 8,1% en 2013. Sur le registre des finances publiques marquées par un rythme d'accroissement des dépenses de l'Etat plus soutenu que celui des recettes, la dette publique globale passera de 678 Mds de DH en 2013 à 766 Mds de DH (soit 83% du PIB). Il est clair que ces données qui sont le reflet de la fragilité du cadre macroéconomique, inhibent considérablement les atouts économiques du Royaume. Car la croissance du secteur secondaire connaîtra une reprise (+1,9%) cette année au lieu d'une baisse de 0,7% en 2013. Il en sera de même pour l'activité tertiaire qui augmentera de 4,4% contre 3,3% en 2013. A cela s'ajoute un contexte international favorable pour l'économie marocaine qui se caractérise par son ouverture. Ainsi, les cours moyens du baril de pétrole connaîtront une baisse ainsi que l'indice des prix des matières premières non énergétiques. Moteurs de la croissance en 2013 L'année 2013 marquée par une croissance de 4,4%, comme cela a été mentionné plus haut, a été tirée par une forte demande intérieure qui a contribué de 2,8% points à la croissance (contre 2,4% en 2012). A ce titre, il est utile de rappeler que la croissance a bénéficié d'une campagne céréalière record. De ce fait, le secteur primaire a vu sa valeur ajoutée grimpée de plus de 20%. La hausse des IDE (+23%) à fin 2013, combinée à celle de la demande mondiale (+1,6%) adressée au Maroc, ont aussi eu un effet de levier sur la dynamique économique. «Sous un prisme de performance, le volume des exportations de biens et services aurait progressé de 3,5% profitant du dynamisme des secteurs de l'automobile et de l'aéronautique», précise le Haut commissaire au Plan. Ainsi, la demande extérieure aurait enregistré une contribution positive à la croissance (+1,6 point). Il ressort clairement de ces chiffres que la stratégie offensive du pays portée par les professionnels (automobile, aéronautique) et par certaines entités publiques (Maroc Export, ministère de l'Industrie), a porté ses fruits l'année dernière. L'autre élément et non des moindres qui a positivement interpellé le Haut commissariat au Plan est la hausse de l'épargne nationale qui est passée de 25,3% en 2012 à 26,4% en 2013. Ce qui a été de bon augure pour le pays qui a dû faire face à la fameuse coupe budgétaire concernant les investissements l'année passée. Cette hausse du taux d'épargne résultant en partie de la hausse des revenus nets provenant du reste du monde, a servi de bouclier contre la chute vertigineuse du taux d'investissement qui n'a baissé que de 1% pour se situer à 34,5% en 2013. En définitive, la situation économique de 2013, telle que présentée par le HCP, semble nettement meilleure que celle de cette année compte tenu des prévisions. Cela suscite des inquiétudes concernant le niveau des déficits jumeaux, le taux de chômage, l'augmentation de la dette globale et bien évidemment, ce qui intéresse la plupart des citoyens, le taux de croissance effectif que connaîtra le pays cette année.