L'Institut français d'El Jadida a organisé le vendredi 12 le vernissage de l'exposition «Rapt de voix» de Mohamed Berrada. Une exposition concernant plusieurs toiles, à multiples techniques, où l'artiste s'exprime «à chaud» et à sa façon, sur l'actualité et sur les changements qui y ont trait. Univers presque chaotique, fait de revendications et de révolte, au sein d'un monde arabe plus assoiffé de liberté que jamais. L'artiste était surtout connu pour ses portraits au langage dominé par le désarroi et la mélancolie et pour sa peinture où les âmes semblaient en peine, se cherchant dans le labyrinthe d'un monde absurde devenu leur quotidien par la force des choses. Mais son expression est toujours restée sans équivoque : la perfection de son art. Aujourd'hui, Mohamed Berrada nous surprend avec un style tout à fait inédit et sur un thème totalement différent, actualité oblige : «Le printemps arabe». Dans une culture arabe où la quête du sens est un moteur et un aboutissement en soi, les toiles de Berrada peuvent être déroutantes, de prime abord, car ce sens tant recherché est décliné en une multitude de fractions de sens autonomes. Chaque toile devient, ainsi, un déluge de sens. Chacune est l'image d'un sens délirant, éparpillé dans toutes les directions, pour un «non sens» imaginaire. Ces toiles n'acceptent ni jugements lucides, ni analyses à tête reposée, car elles sont le produit d'une peinture de spontanéité et d'action, ayant la particularité de happer et d'envoûter dès l'instant précis où le regard les croise. Et c'est ce premier impact, cette impression première, bien avant que l'esprit ne se mette à penser, cogiter et à retrouver toute l'étendue de sa lucidité pour juger, qu'il faudra chercher ce «sens: Sésame, ouvre toi». Nous vivons tous dans un univers, devenu une sorte de réseau de communication en tous genres. Aucune frontière n'est réelle, toutes ne sont que virtuelles et les toiles de l'artiste ne dérogent pas à cette règle. Toutes ces lignes, qui traversent la toile dans tous les sens, laissent une certaine impression qui n'est, au final, que l'expression subjective de chaque être. Et ce n'est que l'ensemble de tous ces sens subis et suggérés, une fois mis bout à bout sur une toile, qui finit par donner le plein sens.