Ni photographie pure, ni peinture pure, les Âœuvres exposé par l'artiste peintre Fouad Bellamine à la galerie l'"Atelier 21" à Casablanca se veulent un mélange d'art et de techniques d'où jaillit la lumière, la transparence et la spiritualité. -Par Raja Khaled- Ouverte mercredi soir en présence d'une brochette d'artistes, d'hommes de lettres et de passionnés de l'art, l'exposition offre à l'Âœil du visiteur une collection de toiles mêlant à une maîtrise certaine des techniques, une liberté et une spontanéité singulières. Puisant son inspiration dans le patrimoine architectural de la médina de Fès, "un labyrinthe du moyen âge où je ne voyais, dit-il, que des trouées de lumière, des perspectives", le peintre réussit avec aisance cette harmonie entre le stable et l'instable dans un univers architectural abstrait, marqué par les signes révélateurs de la mémoire dans ses dimensions individuelles et collectives. Cette référence à "l'architectural" pousse l'artiste à travailler souvent la surface avec cette volonté de surcharger par un travail de couleurs, de formes et de dimensions. Mais une fois la toile est mise dans le lieu de l'apparence et de l'artifice, il essaie de creuser pour détruire la surface et atteindre l'inaccessible. "Il ne peint pas, au sens propre, des vanités. Mais ces sépultures pourraient, comme l'explique si bien l'historienne d'art française, Pascale Le Thorel, parler, autrement que les crânes, sabliers ou bougies, du temps qui fuit, qui passe, de la ruine des corps". Dans ses peintures et photos/peintures (une trentaine d'Âœuvres parmi lesquelles plusieurs triptyques), Bellamine, dont le parcours artistique l'a amené au Diplôme d'Etudes Appliquées en Histoire et théorie de l'art à l'Université de la Sorbonne, Paris VIII, procède, selon Le Thorel, par accumulation, superpositions, et recouvrements qui cernent au fur et à mesure le "vide" central. Il étale la peinture, couches sur couches, voile et re-voile par des "textures liquides". Il dit forcer "la réversibilité du temps et de l'espace" : construire "un espace avec du temps, par la peinture". Né en 1950 à Fès, Fouad Bellamine expose pour la première fois en 1972 à la galerie "La Découverte" à Rabat. Sa passion pour la peinture et l'histoire de l'art se double d'une curiosité qui l'implique dans la recherche aussi bien du point de vue théorique que pratique. Sa première exposition à Paris en 1980 est saluée par les critiques d'art. De retour au Maroc, en 1990, il enseigne "l'histoire de l'art et l'expression plastique", au Centre Pédagogique Régional de Rabat et continue son parcours de peintre. Fouad Bellamine expose principalement à l'étranger (France, Syrie, Liban, Emirats-Arabes-Unisà), mais pour la première fois, depuis une quinzaine d'années, il a accepté la proposition d'une galerie privée. "Auparavant, la majorité d'entre elles réalisaient des prestations insuffisantes et percevaient des commissions trop élevées. Mais de plus en plus, les galeristes commencent à être plus professionnels", a-t-il confié.