La 3ème édition de la Foire Internationale de l'Art qui se poursuivra jusqu'au 10 décembre courant au Forum de la Culture de Casablanca (ex. Cathédrale Sacrée Coeur) est marquée par la participation de l'artiste peintre maroco-suisse Karim Chaoui. Son acte pictural exposé se veut le prolongement qualitatif d'un travail méticuleux et approfondi sur le thème des enchevêtrements, en stylisant les formes d'une manière gestuelle à l'instar de l'acte visuel lyrique, ce qui dégage des éléments afférents au monde des êtres en l'occurrence des silhouettes des personnages en plein mouvement. Les lignes multidirectionnelles voire labyrinthiques nous livrent les secrets avec audace et sûreté des espaces chromatiques animés par la profondeur et l'épuration à l'état brut mais combien maîtrisé. Plasticien hypersensible, Karim a pu concevoir un langage plastique bien recherché et abouti sur toile. IL cherche à exprimer à travers ses enchevêtrements ce qu'il ressent et non ce qu'il voit, en quittant la pensée rationnelle du raisonnement. L'espace de la création est le seul endroit sensiblement palpable où son esprit peut s'inventer un labyrinthe, un espace intime d'où il est encore possible de se perdre de vue, dans le champ sans limite du rêve et de la poésie. «Culte magique de la vie» sous la palette. On ne pouvait pas trouver un intitulé plus représentatif et plus éloquent des œuvres de Karim: univers iconographiques affranchis des règles de l'espace et du temps. Sans fioriture, l'artiste restitue la vie quotidienne avec une palpitation certaine et une introspection spontanée. Oeil du cœur, son regard esthétique porté sur les êtres et les choses est celui d'un artiste libre et autonome qui dépeint comme un oiseau qui chante. L'intention est de mettre en relief l'essentiel: la simplicité et l'aisé inaccessible. Dans une belle féerie de temps perdus. Karim revisite à sa guise l'imagerie commune via des tableaux foisonnants de scènes allégoriques caractéristiques de notre mémoire tatouée et de nos fantasmes. Une palette pure et vivante comme une source jaillissante qui fait partie du courant brut mais combien élaboré. A la manière d'un narrateur illuminé, Karim relate ses récits émotionnels à l'état brut. Il capte ce qu'il voit avec audace et spontanéité. Loin de toute tendance académique, il tisse des toiles expressionnistes au gré d'une imagination débordante, ce qui laisse une place capitale à l'authentique, à la simplicité et à l'impression : son œuvre brise les limites entre le récit et la peinture. C'est son mode d'expression le plus simple et le plus clair. Il est toujours à la recherche de nouvelles voies et perspectives. Sans prétention, sa peinture est une autre façon de dire et d'écrire. Dans le sillage des artistes expressionnistes et symbolistes, Karim dessine comme un enfant talentueux et hanté par la magie envoûtante de la vie. Il peint «le jardin discret et les souvenirs lointains», en mettant en scène la puissance chromatique si étonnante. Chantre des scènes connotatives, l'artiste est passionné par les formes gestuelles qui peuplent le fond et renforcent les tonalités claires et les compositions séduisantes. Son acte de peindre se veut un rite ludique qui surpasse le jeu de perspectives ou de concepts. Il s'agit d'une écriture autobiographique célébrant la vie au quotidien et l'univers généreux des couleurs et des figures familières. Chaque tableau est un rituel plastique géré par la nostalgie et les réminiscences. C'est un monde innocent qui nous rappelle autrement la vie de tous les jours.