La situation économique continue de peser sur le moral des investisseurs. Une réaction baissière suffisamment forte devrait renvoyer l'indice vers son dernier plus bas autour de 9.700, voire 9.400 points. Le point avec les analystes de Masitrends, bureau d'analyse technique. - Finances news hebdo : Quels sont les facteurs qui expliquent la dernière accélération à la baisse ? - Masitrends : Pour tenter d'expliquer les raisons de la baisse récente de l'indice, il est judicieux de revenir sur les événements du mois d'avril et sur les premières semaines du mois de mai. À la date du 16 avril, l'indice accusait déjà une baisse annuelle de 7% et inscrivait un nouveau plus bas par rapport aux 52 semaines précédentes, autour de 10.200 points. Arrivé sur ces niveaux, la baisse s'est arrêtée pendant quatre semaines où l'indice Masi a évolué à plat jusqu'au 15 mai. À cette date, un nouveau plus bas a été inscrit et une accélération rapide a pris place. En quatre séances (entre le 15 et le 18 mai), l'indice Masi a perdu 4,13%. Les valeurs bancaires Attijariwafa bank, BMCE et CIH, ainsi que l'opérateur Maroc Telecom, ont enregistré les plus grandes chutes durant ces 4 séances en perdant successivement, entre les cours de clôture du 14 mai et leurs cours le plus bas atteint durant cette période, 9,4%, 15% et 13% pour les valeurs bancaires. Maroc Telecom a, quant à lui, perdu 12%. Quant aux causes de cette baisse, plusieurs facteurs peuvent être évoqués. Tout d'abord, d'un point de vue global, la situation économique continue de peser sur le moral des investisseurs, avec des perspectives de croissance revues à la baisse pour 2012. Ce sont les secteurs cycles qui en pâtissent le plus, comme le secteur bancaire ou celui de l'immobilier. À plus court terme, l'abaissement du poids de Maroc Telecom dans l'indice MSCI des pays émergents a conduit les gérants de portefeuilles, qui ont pour référence cet indice, à alléger leurs positions sur le titre. Durant cette période de réallocation, IAM a détaché son dividende pour le compte de l'année 2011. La baisse mécanique due au détachement du dividende a également pesé sur l'indice. En somme, la dernière baisse n'a rien de surprenant. Elle s'inscrit dans la continuité de la tendance générale baissière du marché. - F. N. H. : Depuis le 18 mai, l'indice a gagné 5%; est-ce un simple rebond technique ou une reprise plus durable ? - Masitrends : Dans les conditions actuelles, le mouvement haussier des deux dernières semaines n'est qu'un simple rebond technique. Nous sommes très loin de réunir tous les éléments nécessaires pour valider une reprise durable. En effet, en plus de la mauvaise tenue des fondamentaux économiques (resserrement des liquidités sur le plan national et international, aversion au risque de la part des investisseurs, baisse des agrégats économiques et financiers des entreprises cotées pour le titre de l'année 2011...), la situation graphique et technique de l'indice, ainsi que celles des plus grandes capitalisations, laissent croire que le sursaut actuel ne devrait pas se prolonger longtemps. En effet, plusieurs obstacles techniques devront être franchis pour renouer avec une hausse long terme. Or, les volumes de transactions apparus lors du dernier creux montrent un engagement relativement faible de la part des opérateurs. Aussi, la manière dont s'est faite ce rebond a empêché plusieurs opérateurs, par aversion au risque, de s'engager dans le mouvement, car en alignant 7 séances consécutives de hausse, les opérateurs qui souhaitaient acheter sur repli n'ont pu le faire. ATW par exemple est passée de 308 DH à 375 DH en ligne droite sans aucun arrêt intermédiaire. Ces rebonds rapides ne durent statistiquement que quelques jours, ce qui engendre une image dangereuse chez les traders. En se basant sur l'analyse technique, le potentiel de hausse de la Bourse de Casablanca est moins important que le potentiel de baisse, actuellement. - F. N. H. : Quel comportement faut-il adopter dans le contexte boursier actuel ? - Masitrends : Tout dépend de l'horizon de placement. Les investisseurs long terme, qui souhaitent agir en fonction des tendances durables, doivent attendre le renversement de la tendance actuelle. Tant que le cycle baissier est effectif, ces investisseurs doivent chercher d'autres véhicules d'investissements. Le placement en OPCVM monétaires et obligataires peut être une meilleure solution que les actions. D'autres investisseurs long terme préfèrent accumuler des actions à bon compte en réalisant des achats fractionnés sur une longue période. Ces derniers courent le risque de commencer leur accumulation à des niveaux encore élevés car, au final, personne ne peut prévoir où sera exactement le point bas de chaque action. Adopter cette stratégie peut être dangereux si la hausse tarde à se développer. Les investisseurs de moyen terme et court terme sont les plus présents sur le marché actuellement. Cela se traduit par plusieurs «trous d'airs» lors des ouvertures de marché. Ces investisseurs opportunistes se retirent en périodes de faible activité et d'absence d'opportunités pour revenir au même moment lorsque ces dernières réapparaissent. Ce comportement peut provoquer de forts décalages à la hausse comme à la baisse. Nous avons d'ailleurs remarqué plusieurs séances avec des variations dépassant les 2% durant les semaines passées, surtout à la baisse. De toutes ces optiques de placement, l'investissement à horizon court terme reste le plus adéquat actuellement. Ce type d'investissement suppose la fixation d'objectifs de cours pour revendre ces titres avant même de procéder à l'achat. Car, l'achat conservation sur le long terme peut s'avérer dangereux, alors que le marché est dans un cycle baissier. - F. N. H. : Qu'en est-il des perspectives à court et moyen terme ? - Masitrends : L'indice se trouve actuellement sur une zone extrêmement technique autour de 10.200 points qui correspond à un nœud d'obstacles graphiques court et moyen terme. Les vendeurs pourront mettre à profit l'arrivée du rebond sur ces niveaux pour libérer une partie de leurs positions, voire la totalité. Il faudra alors analyser la force de ce courant vendeur à travers les volumes de transactions et la volatilité des prochaines séances pour se prononcer sur la suite des événements. Une réaction baissière suffisamment forte devrait renvoyer l'indice vers son dernier plus bas, autour de 9.700 points, voire 9.400 points si un événement venait à peser encore une fois sur le moral des opérateurs. Concernant les actions de la Bourse de Casablanca, MNG est un titre à surveiller de près car la minière s'approche d'un obstacle technique fort à 1.800 DH. Il faut également surveiller les prises de bénéfices actuelles sur ATW et leur ampleur. Car, si les acheteurs montrent suffisamment de conviction pour dépasser la zone des 380 DH, un nouveau rallye pourrait prendre forme. Concernant les immobilières, ADI semble résister le plus à la baisse, mais sa situation technique se dégrade. ADH, quant à elle, se trouve dans une tendance baissière long terme qui ne faiblit pas et se négocie actuellement sur des résistances graphiques fortes autour de 70 DH. Les secteurs cotés les plus résistants passent également au rouge depuis le début de l'année. Il devient de plus en plus difficile d'agir en fonction du momentum (orientation et force de la tendance) des secteurs. Il est plus judicieux, à notre avis, de chercher des opportunités sur les actions individuelles pour des placements de durée courte à moyenne. Propos recueillis par S. Zeroual