Mettre fin au conflit qui dure depuis 10 ans en Syrie est la responsabilité collective de la communauté internationale, a réaffirmé le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors d'une conférence bailleurs de fonds, mardi, qui a permis de collecter 6,4 milliards de dollars pour aider les personnes affectées par le conflit. « Après une décennie de guerre, de nombreux Syriens ont perdu confiance dans le fait que la communauté internationale puisse les aider à se frayer un chemin pour sortir du conflit. Je suis convaincu que nous pouvons encore le faire, aux côtés des parties syriennes elles-mêmes », a-t-il déclaré dans un message vidéo à cette conférence co-présidée par l'ONU et l'Union européenne. Le rassemblement virtuel visait à collecter de l'argent pour aider les personnes à l'intérieur de la Syrie ainsi que les réfugiés et les pays hôtes de la région. Il s'est terminé par des promesses de financement de 4,4 milliards de dollars pour cette année et de 2 milliards de dollars supplémentaires pour 2022 et au-delà. Dans son message, le chef de l'ONU a exhorté les gouvernements à intensifier leurs engagements financiers et humanitaires envers les Syriens et les nations qui fournissent un refuge à des millions de personnes ayant fui le conflit. « La guerre en Syrie n'est pas seulement celle de la Syrie », a-t-il souligné. « Y mettre fin, et les terribles souffrances qu'elle continue de causer, est notre responsabilité collective ». Cette année, plus de 13 millions de personnes à l'intérieur de la Syrie auront besoin d'une aide humanitaire, ce qui représente une augmentation de 20% par rapport à 2020, a déclaré M. Guterres. A ce chiffre, s'ajoutent 10,5 millions de réfugiés syriens et de membres des communautés d'accueil dans les pays de la région qui auront également besoin d'un soutien. « L'économie syrienne est ravagée et maintenant les effets de la Covid-19 ont aggravé les choses. Près de la moitié de toutes les familles ont perdu leur source de revenus », a-t-il poursuivi. « Neuf Syriens sur dix vivent dans la pauvreté ». Efforts sans relâche pour arriver à un règlement politique Le Secrétaire général a déclaré que l'ONU chercherait sans relâche un règlement politique négocié du conflit, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité, qui appelle également à un cessez-le-feu. Son Envoyé spécial pour la Syrie, Geir Pedersen, a indiqué que, bien que la situation sur le terrain soit relativement calme, avec des lignes de front stables depuis plus d'un an maintenant, la paix demeure insaisissable. « Dans un contexte où les tensions militaires restent fortes et où de fréquentes éruptions de violence continuent de se produire, où les hôpitaux et les civils sont toujours touchés, et où cinq armées étrangères opèrent à proximité les unes des autres, les flammes peuvent se rallumer à tout moment », a-t-il déclaré à la conférence depuis Oslo. « Progresser à l'échelle nationale vers le cessez-le-feu que la résolution 2254 du Conseil de sécurité demande, reste plus urgent que jamais », a-t-il ajouté. M. Pedersen et son équipe poursuivent leur engagement, notamment en vue de faciliter la prochaine session du Comité constitutionnel syrien. « Par-dessus tout, ce qu'il faut aujourd'hui pour être en mesure de répondre aux défis stupéfiants auxquels la Syrie est confrontée et aux aspirations de son peuple à parvenir à la paix, c'est l'unité internationale », a-t-il déclaré. « L'unité en promettant le soutien financier nécessaire, bien sûr. L'unité dans le soutien des efforts de l'ONU pour faciliter la mise en œuvre de tous les aspects de la résolution 2254. Et l'unité dans la promotion de l'identification de mesures mutuelles et réciproques qui permettront de progresser à cette fin », a-t-il ajouté. Réunion informelle de l'Assemblée générale des Nations Unies Tout au long du mois de mars, l'ONU a commémoré le 10e anniversaire du conflit syrien. Parallèlement à la conférence de bailleurs de fonds, l'Assemblée générale des Nations Unies a tenu une réunion informelle mardi à New York sur la situation humanitaire et les droits de l'homme en Syrie. Le Président de l'Assemblée générale, Volkan Bozkir, a noté lors de cette réunion informelle que la crise avait laissé des groupes spécifiques particulièrement vulnérables, notamment les enfants, dont certains ont été forcés de travailler pour que leurs familles puissent survivre. « Pour les filles, la situation est encore pire car elles sont forcées de se marier tôt; et sont donc susceptibles de ne jamais retourner dans une salle de classe et de subir des violences basées sur le genre dans leur vie d'adulte, tout comme la génération actuelle de femmes syriennes », a-t-il déclaré. L'ONU et ses partenaires continuent de fournir une assistance. L'année dernière, ils ont fourni de l'aide à plus de sept millions de personnes par mois. Mais comme l'a observé V. Bozkir, cela a parfois un coût élevé puisque 14 travailleurs humanitaires ont été tués dans le nord-ouest de la Syrie au cours des 14 derniers mois.