Le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a déploré que dix ans après le début de la guerre civile en Syrie, la situation dans ce pays reste « un cauchemar vivant » pour les Syriens, dont environ 60% risquent de souffrir de la faim cette année. Dans une déclaration à la presse à New York pour marquer le 10è anniversaire du début du conflit dans ce pays, Guterres a rappelé : « Il y a dix ans, la répression violente des manifestations populaires pacifiques en Syrie a mis le pays sur la voie d'une guerre horrible ». « Après une décennie de conflit, au milieu d'une pandémie mondiale et confrontée à un flot constant de nouvelles crises, la Syrie est tombée de la première page. Et pourtant, la situation reste un cauchemar vivant », a constaté le chef de l'ONU, pour qui il est « impossible » de saisir pleinement l'ampleur des ravages en Syrie, mais sa population a subi « certains des plus graves crimes dont le monde a été témoin au cours de ce siècle ». Tout en dénonçant le fait que les horreurs de ce conflit n'ont épargné aucune famille syrienne, Guterres a affirmé que « l'ampleur des atrocités choque la conscience. Leurs auteurs doivent être tenus de rendre des comptes si l'on veut instaurer une paix durable en Syrie ». « Près de la moitié des enfants du pays n'ont jamais vécu une journée sans guerre. L'effondrement économique et la montée en flèche de la pauvreté sont aggravés par une combinaison de conflits, de corruption, de sanctions et de la pandémie COVID-19. Environ 60% des Syriens risquent de souffrir de la faim cette année », a-t-il dit, jugeant « impératif que nous continuions d'atteindre tous les Syriens qui ont besoin d'une aide humanitaire. Un accès humanitaire accru est nécessaire. Des livraisons transfrontalières intensifiées sont essentielles pour atteindre toutes les personnes dans le besoin partout. C'est pourquoi j'ai demandé à maintes reprises au Conseil de sécurité de parvenir à un consensus sur cette question cruciale ». Pour Antonio Guterres, l'ONU continuera de rechercher un règlement politique négocié conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité, en vue d'une l'issue de ce conflit. « Un premier pas sur cette voie devrait être des progrès tangibles au sein du Comité constitutionnel » syrien, a-t-il estimé. « C'est la voie qui mènera à une solution qui réponde aux aspirations légitimes de tous les Syriens, crée les conditions nécessaires au retour des réfugiés dans la sécurité et la dignité, et respecte la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de la Syrie », a encore soutenu Guterres, avant de conclure que « pour cela, il faudra combler les divisions actuelles au sein de la communauté internationale grâce à un dialogue diplomatique soutenu et solide. Ne pas le faire ne fera que condamner le peuple syrien à plus de désespoir ».