En France, les élections législatives anticipées sont susceptibles de provoquer la formation d'un gouvernement d'extrême droite. Quels seraient les effets économiques d'un tel scénario sur la coopération Maroc-France ? L'Autriche, la Pologne, l'Italie et aujourd'hui la France… L'extrême droite gagne du terrain en Europe. La France est aujourd'hui le deuxième pays où l'extrême droite est arrivée en tête des élections européennes : 31,5 % des voix pour la liste de Jordan Bardella, 5,47 % pour la liste de Marion Maréchal, c'est plus du double des suffrages obtenus par le camp présidentiel (14,6 %). À la grande surprise de tous et perçu comme une action désespérée, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale et la convocation de législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet. Lire aussi | Le grand-père italien de Jordan Bardella habite au Maroc et travaille comme menuisier Affaires étrangères, commerce extérieur, intérieur, agriculture... Quatre ministres français se sont rendus au Maroc ces derniers mois, pavant les marches pour une relation sereine. Contexte trouble, à la lecture des sondages, il paraît tout à fait possible que le résultat des prochaines législatives contraigne le chef de l'Etat français à cohabiter avec un gouvernement majoritairement de droite, voire d'extrême droite. Une nouvelle donne qui semble soulever certaines interrogations sur le rapprochement initié entre les deux pays après une longue période de gel des relations bilatérales. Challenge, dans ses investigations, a essayé de comprendre les impacts de ce nouveau contexte politique et ses incidences sur les relations économiques France-Maroc. "Rien ne va changer sur les plans politique et économique" « Pour ma part, j'estime que la venue du RN n'aura pas d'impact sur la relation politico-économique France-Maroc. Ceci étant, c'est plutôt du côté des Marocains qu'il faut porter l'analyse. Déjà, on commence à observer, même si ce n'est pas considérable, des retours de Marocains, » explique Ismael Haraki, président émérite de Sciences Po Alumni Maroc. Et d'ajouter : « Aujourd'hui, en France, le climat social est très délétère. L'impact est plus humain qu'autre chose. » Lire aussi | France/législatives: vers une cohabitation dure en cas de victoire de l'extrême droite Un manager français travaillant au Maroc, sous couvert de l'anonymat, nuance et demeure plus pessimiste : « Un probable gouvernement RN risquerait de ralentir à nouveau les relations politiques entre le Maroc et la France, et de focaliser les échanges sur des questions migratoires, au détriment des questions économiques, sociales et environnementales. » Et de préciser : « Un blocage institutionnel est à craindre en France. Même si l'international est normalement un domaine réservé au Président de la République, le RN a déjà fait comprendre qu'ils feraient en sorte de marcher sur les plates-bandes d'Emmanuel Macron. Heureusement que les relations économiques ne reposent pas uniquement sur les relations politiques. Nos relations économiques sont bonnes, solides, durables. Elles le resteront, RN au pouvoir ou non. » Immigration, protectionnisme: quelles perspectives ? L'immigration, sujet clé du programme du RN, pourrait devenir un point de friction majeur. Une politique plus restrictive et un contrôle accru des frontières pourraient compliquer les déplacements et les échanges humains entre les deux pays. Pour les Marocains résidant en France ou souhaitant s'y installer, les procédures pourraient se durcir, à risque de créer des tensions tant au niveau diplomatique qu'au sein des communautés marocaines en France. Sur le plan économique, une victoire du RN pourrait également bouleverser les dynamiques actuelles. Le protectionnisme économique prôné par le parti pourrait nuire aux entreprises marocaines qui exportent vers la France.