A trois jours du premier tour d'élections législatives historiques, les débats entre le camp présidentiel, la gauche et l'extrême droite continuent de mobiliser l'attention des Français. La question de la binationalité reste au coeur des débats. La cheffe du parti d'extrême droite, le Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a tenté de dissiper la polémique provoquée par son collègue, Jordan Bardella, au sujet de la binationalité en lançant une nouvelle bombe. Jeudi soir, la cheffe de parti a laissé entendre une possible cohabitation avec le président Emmanuel Macron tout en réduisant la fonction de chef des armées du président de la République à un simple « titre honorifique ». « Chef des armées, pour le président, c'est un titre honorifique puisque c'est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse », a-t-elle déclaré dans un entretien au Télégramme. « Sur l'Ukraine, le président ne pourra pas envoyer de troupes », a-t-elle ajouté. Le Premier ministre Gabriel Attal et le Nouveau Front populaire (gauche) ont aussitôt sauté au plafond. « C'est le Premier ministre qui décide du budget de fonctionnement des armées », a défendu Jordan Bardella lors d'un ultime débat télévisé avec le socialiste Olivier Faure, qui représentait le Nouveau Front populaire, et Gabriel Attal. En cas de victoire du RN et de cohabitation, « il y aurait une forme de dispute entre le Premier ministre et le président de la République pour savoir qui a le rôle de chef des armées », s'est-il alarmé. « C'est un message envoyé aux puissances mondiales, au monde entier, qui est un message très grave pour la sécurité des Français ». Pour l'instant, l'extrême droite est donnée largement en tête du premier tour dimanche, créditée de 36% des intentions de vote, selon une enquête Ipsos-Fondation Jean-Jaurès-Cevipof-Institut Montaigne pour Le Monde portant sur près de 12.000 personnes. Lors du débat entre les trois partis, le Premier ministre a rappelé que l'extrême droite a présenté aux législatives « une centaine de candidats » ayant tenu « des propos racistes, antisémites et homophobes ». Jeudi, des manifestations ont eu lieu contre le Rassemblement national en France pour alerte contre la liberalisation de la haine dans le pays. Des organisations de défesne des droits de l'homme ont également dénoncé la racisme du RN. Pour la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), « les racistes attendent leur grand soir et trépignent d'impatience. Le RN libère la haine ». Binationalité Sur le sujet de la binationalité, le Rassemblement national, semble ne pas encore accordé ses violons ou ne pas avoir révélé toutes ses cartes. Alors que Jordan Bardella a annoncé son intention d'interdire des postes sensibles aux porteurs de la double nationalité, Marine Le Pen a volé à son secours en voulant faire baisser la tension en soulignant qu'il ne s'agirait que de quelques postes. Mais quelques jours après le déclenchement de la polémique, il s'agirait à présent de plus d'une cinquantaine de postes, et ils ne se cantonneraient pas qu'à la défense, a sécurité nationale et le nucléaire, mais aussi aux ministres, comme l'a révélé l'un des députés RN sur un plateau télévisé, visant directement l'ancienne ministre de l'Education nationale, franco-marocaine, Najat Vallaud-Belkacem. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a dénoncé la volonté du RN de « stigmatiser 3,5 millions de Français binationaux » en leur interdisant l'accès à certains emplois jugés « stratégiques ». Il a déclaré que Jordan Bardella et son parti « stigmatis(ait) les Français binationaux » en disant à ces Français « qu'ils sont des demi-Français ». Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a accusé Jordan Bardella de « faire le tri entre les Français » et a également mentionné le projet de suppression du droit du sol. « Nous seulement vous êtes en train de fabriquer des Français de seconde zone, mais avec la suppression du droit du sol vous revenez en arrière sur des siècles d'histoire de France », a-t-il lancé. Maroc-Algérie Dans une interview accordée à la chaîne française « CNEWS », mercredi, Jordan Bardella s'en est pris à la politique du président Emmanuel Macron en estimant que la gauche française a historiquement penché vers l'Algérie, et la droite en France, tout au long de l'histoire, a penché vers le Maroc. Mais quand Macron est arrivé, il a réussi à provoquer la colère des deux pays, a-t-il estimé, en se positionnant sur le sujet promettant de reconstruire un pont et un lien diplomatique avec l'espace méditerranéen et africain.