Emmanuel Macron a exposé mercredi sa volonté de faire gagner ceux qui disent « non aux extrêmes », autour du bloc central, lançant un appel au « rassemblement » à 18 jours de législatives anticipées décrites comme une « bataille des valeurs ». Après sa décision dimanche de dissoudre l'Assemblée nationale qui a surpris tout le monde y compris dans son propre camp, le président de la Républqie a justifié, lors d'une conférence de presse, le seul choix qui « permet la clarification des choses ». « Je ne veux pas donner les clés du pouvoir à l'extrême droite en 2027 », a affirmé Emmanuel Macron. « Le sursaut, c'est pour maintenant », a-t-il ajouté, estimant qu'il fallait interrompre un processus en train de « se faire sourdement », celui de l'accession au pouvoir du RN. Il a également réaffirmé qu'il ne démissionnerait pas quel que soit le résultat du scrutin. Il a ajouté qu'il ne souhaitait pas débattre, avant ces législatives, avec Marine Le Pen, après l'avoir pourtant proposé lors de la campagne des européennes. Quelques jours après des résultats catastrophiques aux européennes, où l'extrême droite a engrangé près de 40% des voix, il n'a retenu ses coups ni contre le RN ni contre La France insoumise, « deux blocs », « deux extrêmes », a-t-il répété dans son propos liminaire. Il a accusé La France insoumise d' »antisémitisme » et d' »antiparlementarisme », fustigeant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon pour avoir « créé un désordre parfois constant » et « inquiétant » à l'Assemblée nationale. Et le RN d'ambiguité à l'égard de la Russie, d'une volonté de « sortir de l'Otan » et d'un discours contradictoire sur les retraites. « Les masques tombent », a-t-il dénoncé, en évoquant le ralliement du patron des Républicains Éric Ciotti au Rassemblement national et l'entente à gauche entre PS, PCF, Ecologistes et la France insoumise, dans un « front populaire ». « Bricolages d'appareils », « alliances contre-nature », ce ne sont selon lui « en aucun cas des majorités pour gouverner ». Macron, qui a annoncé notamment « un grand débat sur la laïcité » et le maintien de l'indexation des pensions de retraites sur l'inflation s'exprimait en présence de son gouvernement et des chefs de la majorité, à l'exception d'Édouard Philippe qui a estimé mardi « pas complètement sain » que le président s'implique trop dans la campagne. De fait, au sein de la majorité, les voix sont très nombreuses qui souhaiteraient voir le chef de l'Etat qui cristallise toutes les critiques, se mettre en retrait de la campagne, lui préférant Gabriel Attal pour mener la bataille. Exclusion ? Dans l'après-midi, Les Républicains doivent statuer sur l'appel de leur président, Eric Ciotti, à s'allier au Rassemblement national pour les législatives. « S'il le faut, nous le sortirons du bureau des héritiers du général de Gaulle », a prévenu mercredi le député LR Aurélien Pradié. Eric Ciotti « ne sera plus président des Républicains à 15H00 (...) il va être destitué », a asséné mercredi matin sur BFMTV la sénatrice LR de Paris Agnès Evren. En attendant, la question est posée de l'étiquette sous laquelle se présenteront dimanche les candidats de la droite républicaine qui refusent toute alliance avec le Rassemblement national. « C'est de la cuisine », a balayé le chef des députés LR Olivier Marleix mercredi. Ravie de sa prise de guerre, Marine Le Pen a salué « le choix courageux » et « le sens des responsabilités » du député des Alpes-Maritimes et espéré « qu'un nombre conséquent de cadres LR le suivent ». Comme le président du RN Jordan Bardella, qui deviendra Premier ministre si son parti rafle la mise au soir du deuxième tour le 7 juillet, elle entend bien surfer sur la victoire historique dimanche avec 31,37% des voix pour réussir l'union des droites. Côté alliance, il n'y en aura pas finalement entre Reconquête! d'Éric Zemmour et le RN, qui « refuse le principe même d'un accord » pour ne pas être « associé » à l'ancien éditorialiste d'extrême droite, a déploré Marion Maréchal, par ailleurs nièce de Marine Le Pen. Les quatre principaux partis de gauche (LFI, PS, Ecologistes, PCF), ainsi que le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann et Générations, appellent eux à « des candidatures uniques dès le premier tour ». Les contours d'un programme commun sont en cours d'élaboration. Mais le choix d'un chef de file reste en suspens. Le cas Mélenchon, accusé notamment d'ambiguïtés sur la question de l'antisémitisme, crispe une partie de la gauche.