«C'est une exclusion du rôle de la femme et de ses libertés. Qu'en est-il des questions politiques, économiques, sociales et culturelles ? Ceci est tout sauf rassurant quant à la politique de parité que le gouvernement promet d'adopter», s'indigne l'UAF. Montée au créneau des féministes marocaines. Après le tollé d'indignations que la représentativité féminine au sein du gouvernement avait provoqué, c'est au tour de la déclaration gouvernementale de susciter la grogne des féministes au Maroc. Dans un communiqué rendu public, l'Union de l'action féminine (UAF) accuse le gouvernement d'être pleinement responsable du retour en arrière en matière de représentativité de la femme dans les instances gouvernementales. Cette Union déplore aussi le fait que les avancées que la femme marocaine a pu acquérir grâce à son militantisme durant ces trois dernières décennies soient tombées à l'eau. Mise à part cette représentativité, c'est une petite phrase dans le programme gouvernemental qui a attiré l'attention des féministes. En effet, dans la deuxième partie de ce programme, et concernant la consécration de l'Etat de droit figure la phrase suivante : «La consolidation de l'égalité entre les sexes dans la perspective de la réalisation de la parité ainsi que la mise en place d'une instance spécifique à cette question». Ce point est bien évidemment positif mais il faut dire que le flou l'entoure. D'après l'UAF : «C'est une reprise de ce qui figure dans la Constitution, ce point n'est pas élaboré et on n'indique nullement comment ni quand ces mesures seraient effectivement prises». Et ce n'est pas tout, cette Union regrette amèrement le fait que le programme gouvernemental résume les questions de la femme dans «la prise en charge de la famille et de l'enfant». «C'est une exclusion du rôle de la femme et de ses libertés. Qu'en est-il des questions politiques, économiques, sociales et culturelles? Ceci est tout sauf rassurant quant à la politique de parité que le gouvernement promet d'adopter», s'indigne l'UAF. Cette dernière en a gros sur le cœur. Malgré les excuses que le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane avait prononcées auprès des femmes qui se sentiraient «lésées» par la représentativité gouvernementale, ces féministes n'y vont pas de main morte. Le fait que Benkirane justifie cela par l'absence de texte législatif interdisant la discrimination positive dans la sélection des représentants du gouvernement a été très mal digéré. Cette Union estime que «les propos de Benkirane sont justificatifs et pas assez convaincants». Il faut rappeler à ce titre que sur les 30 portefeuilles du nouveau gouvernement, une seule femme a été nommée à la tête du ministère de la femme et de la famille alors que le gouvernement de 2007 comprenait pas moins de sept femmes ministres dont certaines chapeautaient des départements stratégiques de l'Etat.