Des ONG féminines exigent que Benkirane corrige l'injustice subie par les femmes, en nommant une seule ministre au sein du gouvernement. Elles revendiquent des postes clés dans l'administration publique. La présence d'une seule femme parmi l'armada de ministres masculins suscite toujours un sentiment de révolte et d'injustice chez les associations féminines. Ces dernières se mobilisent et exigent du Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, une « réhabilitation ». Fathia Bennis, présidente de l'association Women's Tribune, initiatrice de ce mouvement de protestation, rassure tout de suite : « Nous n'exigeons pas de remaniement ministériel. Ce qui est fait est fait. Cependant, le Chef de gouvernement peut rattraper le coup en nommant à la tête des administrations publiques des femmes. Nous ciblons les postes clés de l'administration publique comme les postes de walis et gouverneurs », revendique l'ancienne patronne de l'ONMT et actuelle présidente de Maroclear. Avant de poursuivre : «Une seule femme au sein d'un gouvernement composé de plus de trente et un ministres est une aberration ! Les femmes sont révoltées et ne comptent pas baisser les bras devant le fait accompli ». L'association Women's Tribune lance ainsi une pétition pour recueillir le plus grand nombre de signatures d'indignation. Plusieurs ONG féminines adhèrent à son initiative, notamment l'Heure joyeuse, l'Union de l'Action féminine(UAF) et le collectif Démocratie et modernité. Celles-ci ont envoyé au Chef de gouvernement et aux responsables des partis politiques, également complices dans cette injustice, une lettre dans laquelle elles dénoncent « avec vigueur et détermination la quasi absence de la femme dans le gouvernement actuel et la sous-représentation de la femme au sein des états-majors de tous les partis politiques nationaux ».Les partis politiques coupables«Les partis politiques sont également responsables de cette discrimination, puisque les femmes sont également absentes des instances dirigeantes de ces partis. Ces derniers n'ouvrent pas la porte aux femmes pour participer à la chose politique. Il faut au préalable penser à concrétiser la parité dans ces formations», s'indigne-t-elle en saluant l'initiative courageuse du PSU, qui a élu Nabila Mounib au poste de secrétaire général. Dans leur missive, les ONG féminines rappellent à Benkirane que cette architecture gouvernementale est contre les orientations royales, « qui placent la femme au cœur de la réduction des inégalités et disparités». De même, cette démarche est anti-constitutionnelle puisque l'article 19 de la Constitution stipule que « l'Etat œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes». Amertume, colère et désapprobation ! Pour les associations féminines, la formation gouvernementale a déçu tous les espoirs portés par l'adoption de la nouvelle Constitution. Elles exigent donc du chef de gouvernement d'identifier, dans l'immédiat, « les moyens de corriger cette injustice qui porte atteinte à l'image du pays, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur ». Elles réclament également « la prise en considération de l'élément féminin, à compétence égale avec l'homme, dans les prochaines nominations, à tous les niveaux et toutes les échelles de l'administration publique ou toute entreprise dépendant d'une manière ou d'une autre de l'Etat ». Les protestataires n'ont pas manqué de souligner dans leur missive que la proportion de femmes diplômées est de 51,1%, donc supérieure à celle des hommes. Histoire de dire à Abdelilah Benkirane que les femmes sont plus compétentes que les hommes. Autre revendication formulée par les protestataires : l'instauration des mécanismes institutionnels à même d'assurer une meilleure représentativité de la femme marocaine dans tous les organes élus.