Après deux ans de mariage, la relation entre Ahmed et Nadia n'a plus d'issue au point qu'elle se termine par un meurtre. «Je n'avais pas l'intention de la tuer, M. le président...», a avoué Ahmed alors qu'il sanglotait devant les juges. Nous sommes à la Chambre criminelle près la Cour d'appel à El Jadida. Ahmed semble avoir regretté son geste criminel. Bien que le président de la Cour l'interrogeât, Ahmed gardait souvent le silence jusqu'au moment où il lui répète la question. «Elle m'a provoqué surtout quand elle m'a demandé d'aller chercher des filles de joie pour coucher avec elles», a-t-il balbutié, toujours les larmes aux yeux. Ahmed, la trentaine, s'est souvenu du premier jour qu'il a vu Nadia. Cela remonte à deux ans, quand il l'a rencontrée à Sidi Bouzid. Il s'est approché d'elle et lui a proposé de sortir ensemble pour prendre un café. Nadia qui était en compagnie de sa famille a refusé au départ. Mais elle a enfin accepté. Depuis, leur relation a commencé à se développer pour qu'ils deviennent amoureux l'un de l'autre. Un vrai amour ? C'est au moins ce qu'ils avaient cru, ainsi que leurs familles respectives. Mais rien ne le confirmait. Surtout que quelques mois après leur mariage, leur relation a commencé à se détériorer. Pourquoi ? Dans un premier temps, Nadia est retournée chez ses parents arguant qu'Ahmed la violentait. Un comportement qu'il niait catégoriquement. L'accusait-elle gratuitement ? Personne n'avait de réponse. La famille est intervenue et la relation entre le couple a repris. C'est la relation d'amour qui a été reprise ou uniquement de mariage ? En fait, il semble que le couple n'a pu survivre sous le même toit du foyer conjugal. C'est la raison pour laquelle Nadia aurait entretenu une relation amoureuse avec un autre homme. C'est du moins ce que son mari, Ahmed, avait appris de quelques mauvaises langues. «J'ai appris qu'elle rencontrait un homme », a-t-il précisé à la Cour. Certes, Ahmed n'avait rien remarqué. Il ne l'a jamais croisée en compagnie d'un quelconque homme. Et pourtant, il a cru les mauvaises langues. «Puisqu'elle refusait de partager avec moi le même lit, j'ai cru leurs paroles», a-t-il ajouté à la Cour. Quand il était chez lui, elle n'est rentrée que vers 19 h. Il lui a demandé des explications. Elle lui a répondu qu'elle était chez sa mère. «Non, tu étais chez ton amant. C'est pour cette raison que tu t'abstiens de coucher avec moi», l'a-t-il accusée. Elle a gardé le silence. Il lui a demandé de répondre. Elle lui a tourné le dos. À ce moment, il l'a saisie par la main, l'a poussée par terre et lui a asséné plusieurs coups de poing. Elle demandait du secours. Mais, tout d'un coup, elle s'est arrêtée de crier. Que s'est-il passé ? Elle a rendu l'âme. Et il s'est présenté devant la police pour avouer son crime qui lui a coûté quinze ans de réclusion criminelle.