Pour protéger sa sœur, un jeune informaticien a asséné des coups de poing à un soûlard jusqu'à la mort. La cour l'a condamné à 10 ans de réclusion criminelle. «Je lui ai demandé à maintes reprises de laisser ma sœur tranquille», explique Abdeljebbar aux juges de la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, premier degré dans une tentative désespérée de justifier son crime. Ce jeune, âgé de trente et un ans, n'a jamais imaginé devenir un assassin. « Je n'avais pas l'intention de le tuer Monsieur le Président. Je lui ai juste donné des coups de poing», précise-t-il aux juges, la mine visiblement contrite. Il voulait seulement, selon ses propres expressions, lui donner une leçon. Cependant, les choses ont pris une tournure dramatique. De l'avis de ses proches, Abdeljebbar n'était pas le genre de personne qui cherche la bagarre. Ses amis attestent qu'il était un élève brillant, qui s'intéressait uniquement à ses études. Il rêvait de poursuivre ses études supérieures à l'université. Il a fait tout son possible pour décrocher son baccalauréat et s'inscrire par la suite à la Faculté de Droit. Cependant, il n'a pas réussi à franchir la dernière année de l'enseignement secondaire. Et il a été mis à la porte. Ses parents l'ont inscrit dans une école d'informatique privée. Après deux années d'études, il a réussi à décrocher un diplôme qui lui a permis de touver un emploi. Une société privée l'a embauché. Une année plus tard, il a été licencié abusivement. Il a recouru à la justice. En attendant le jugement final, il a été recruté par une autre société de vente de matériels informatiques. Pas moins de deux ans plus tard, il a été embauché dans une troisième société. Côté personnel, il était amoureux d'une jeune fille. Ils entretenaient une relation amoureuse sérieuse et envisageaient le mariage. Entre-temps, ils ont annoncé leurs fiançailles. Ils devaient se préparer pour le mariage. Les préparatifs demandent beaucoup d'argent. Alors qu'est-ce qui a poussé Abdeljebbar à tuer son voisin ? Comment en est-il arrivé là ? Un jour, alors qu'il était à la maison, sa sœur cadette, Houda, est rentrée en sanglotant. Pourquoi pleurait-elle ? a-t-elle été malmenée par un voyou ou agressée par un voleur ? Abdeljebbar ne savait rien. Il s'est approché d'elle pour la calmer et savoir ce qui lui est arrivé. Après avoir retenu ses larmes, elle lui a expliqué que Ahmed, un soûlard de son quartier, l'a croisée sur son chemin et lui a demandé d'entretenir une relation avec lui. Pire encore, il a tenté de l'obliger à l'accompagner à un café. Quand elle a refusé, il l'a giflée sans vergogne avant de partir. En colère, Abdeljebbar est parti immédiatement à sa recherche. Mais en vain. Il ne l'a pas trouvé. Très en colère, Abdeljebbar est alors retourné chez lui. Quelques jours plus tard, sa sœur, Houda, est rentrée une fois encore chez elle les larmes aux yeux. La même personne a tenté encore d'abuser d'elle. Les voisins sont intervenus pour la sauver et empêcher que l'irréparable se produise. Abdeljebbar a rejoint le jeune soûlard et lui a donné des coups de poing. Ces derniers pleuvent dru. Ahmed est tombé par terre sans se relever. Il était mort sur le coup. L'autopsie a révélé que le décès est survenu suite à une hémorragie cérébrale. L'avocat du mis en cause a réclamé le bénéfice des circonstances atténuantes. Car, selon l'avocat, le mis en cause n'avait pas l'intention de le tuer puisqu'il n'a pas utilisé d'arme blanche. Il s'est contenté de le lui donner des coups de poing. Quant au représentant du ministère public, il a requis l'application stricte de la loi. «Je n'avais pas l'intention de le tuer », a répété le coupable présumé, la voix pleine d'émotion. Mais la cour l'a condamné quand même à 10 ans de réclusion criminelle après lui avoir accordé des circonstances atténuantes.