Selon le ministère de l'Economie et des Finances, le manque à gagner engendré par le non-Maghreb est de l'ordre de 2,1 milliards de dollars par an, soit 1% du PIB. Une étude du DEPF indique l'intégration maghrébine profiterait à tous les pays de la région. Que coûte le non-Maghreb ? Salaheddine Mezouar vient d'évaluer le coût et les défis de la non intégration des pays de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) qui fêtera ses 20 ans le 17 février 2009. Dans une récente étude de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère de l'Economie et des Finances, le coût du non-Maghreb a été calculé en comparant l'UMA avec certains regroupements régionaux des pays en développement, en l'occurence l'Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN). Ainsi, et selon les analystes de la DEPF, et pourvu que les conditions politiques et réglementaires soient réunies, le relèvement de l'intensité bilatérale des échanges entre ces pays à un niveau comparable à celui de l'ASEAN, fait ressortir, toutes choses égales par ailleurs, un manque à gagner en termes d'échanges commerciaux estimé à presque 980 millions de dollars annuellement non compris les hydrocarbures, et à 2,1 milliards de dollars, soit 1% du PIB, si on prend en compte les importations de produits énergétiques en provenance de l'Algérie et de la Libye. À la DEPF, on note que le gain commercial profiterait à l'ensemble des pays partenaires. Le Maroc et la Tunisie verraient la part de leurs exportations intra-maghrébines s'établir à près de 6% et 10% respectivement, contre des niveaux actuels de 1,6% et 2,5%, selon cette étude. En revanche, dans le cas de l'Algérie, hormis les produits énergétiques, le potentiel d'augmentation des échanges vers les pays de la région demeurerait limité, indiquent les analystes de la DEPF. Cependant, une hausse des ventes de produits énergétiques de l'Algérie au sein de l'espace maghrébin devrait porter la part des exportations intra-régionales de ce pays à un niveau comparable à celui du Maroc, soit 6 %, ajoute la même source. «La concrétisation de ce gain nécessite toutefois une réadaptation de l'appareil productif des pays membres pour pouvoir répondre au supplément de demande émanant des pays partenaires. Le gain issu de l'intégration serait d'autant plus bénéfique qu'il découlerait d'une création des échanges au lieu d'un simple détournement des flux. Dans ce cas, l'impact réel sur la croissance économique serait quasiment nul», rélève-t-on dans cette étude. Par ailleurs, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), vient d'appeler le Maghreb à dépasser ses problèmes politiques pour pouvoir constituer un espace économique. «Il faut que l'Algérie et le Maroc soient capables de dépasser la question des conflits pour avancer dans l'intégration économique», avait annoncé M. Strauss-Kahn, lors d'une conférence sur l'intégration économique au Maghreb, lundi 17 novembre, à Tripoli. «Il faut avancer dans l'intégration économique comme s'il n'y avait pas de problème politique et il faut par ailleurs traiter les problèmes politiques comme s'il n'y avait pas de difficultés économiques», a-t-il affirmé.