Le secteur financier marocain apparaît aujourd'hui comme l'un des secteurs «les plus structurés et les plus performants de la région sud-méditerranéenne», mais «un effort additionnel reste à déployer pour assurer un arrimage sur les meilleurs standards européens», estime la Direction des études et des prévisions économiques (DEPF), qui relève du ministère de l'Economie et des Finances. Les nouveaux défis qui s'imposent au Maroc, notamment en relation avec les engagements actuels et futurs dans le cadre de la libéralisation des services financiers, posent avec acuité la question de l'adaptation du secteur financier marocain aux exigences d'un marché mondialisé et concurrentiel, imposant son adaptation continue pour relever les défis de la convergence, estime la DEPF dans une étude sur «le système financier marocain : pour une convergence accélérée vers les standards de l'UE». Dans ce cadre, un rôle important incombe au partenaire européen en matière d'appui au processus de convergence réelle et normative, souligne la DEPF. «Parallèlement aux efforts consentis au niveau interne sur le plan de la modernisation et l'approfondissement du système financier marocain, mais aussi en matière de libéralisation commerciale, un rôle important incombe au partenaire européen en matière d'appui au processus de convergence réelle et normative», lit-on dans l'étude. Selon la DEPF, les opportunités manifestes qui se profilent dans les nouveaux métiers et créneaux, à l'instar de l'offshoring des services bancaires, constitueraient un puissant facteur d'attrait des fonds issus de la coopération financière et des IDE. Les retombées positives du supplément d'investissement sur les fondamentaux socio-économiques du Royaume favoriseraient l'accélération du processus de convergence vers les standards européens et renforceraient la crédibilité de l'engagement du partenaire européen en faveur des réformes en cours. Après avoir passé en revue les principales réformes engagées par le Maroc dans le domaine des finances, la DEPF souligne que le bilan de ces réformes s'annonce dans l'ensemble positif, citant notamment dans ce cadre la progression du volume du crédit à l'économie octroyé par le secteur bancaire qui est passé à 72 % du PIB en 2007 contre près de 51 % en 2001, la naissance de grands conglomérats financiers et l'accroissement de la capitalisation boursière qui a atteint 97 % du PIB en 2007 au lieu de 24,5 % en 2001. La DEPF estime également que c'est toute la problématique de l'intégration régionale qui mérite d'être revue dans le sens de la cohérence, de l'efficience et de la crédibilité, ajoutant que «la dimension commerciale de l'intégration, aussi cruciale soit-elle, s'avère insuffisante pour insuffler un élan de convergence suffisant à même de permettre à l'économie marocaine de mieux s'intégrer dans les circuits de production et d'échange européens». Des actions concrètes méritent d'être engagées aussi bien sur le plan interne que sur le plan de la région sud-méditerranéenne pour faire face aux conséquences positives que pourrait avoir, en termes de transferts de savoir et de savoir-faire, l'attrait du capital bancaire généré par la dynamique de l'investissement international, notamment européen, enclenchée par la recomposition du système productif national et l'affinement du profil de spécialisation des firmes nationales, précise la DEPF. Sur le plan interne, les paramètres de changement devraient s'articuler autour de l'amélioration des conditions de financement, notamment pour la PME, et de la mobilisation de l'épargne, d'une intégration du secteur informel et d'un développement de l'épargne institutionnelle. Sur le plan régional, la DEPF estime nécessaire un meilleur accompagnement du partenaire européen pour atténuer les coûts de l'ouverture, précisant que l'expertise acquise par les secteurs bancaire et des assurances marocains, le niveau de sa cotation de crédit et sa présence renforcée sur les marchés d'Afrique du Nord et de l'Ouest le mettent en meilleure posture pour jouer le relais des places financières européennes sur ces marchés, notamment pour la niche des services financiers de taille moyenne (entre 100 et 500 millions de dollars). Ce rapprochement, ajoute la même source, se justifie également par l'importance des investissements des pays arabes du Golfe au Maroc qui transitent souvent par les places européennes, ce qui en découlerait l'édification d'un «triangle d'or» profitable à toutes les parties concernées. La DEPF estime également que le renforcement de l'intégration financière Sud-Sud permettrait aux systèmes financiers nationaux d'acquérir une taille suffisante leur permettant de faire face à la concurrence extérieure et renforcer en même temps leur attrait aux flux financiers internationaux. Elle propose dans ce cadre la mise en place d'un réseau de bourses performantes Pan-Oriental, qui mettrait en jonction l'expertise financière européenne, le potentiel sud-méditerranéen et les investissements des pays arabes du Golfe.