Le SG de l'Union constitutionnelle (UC), Mohamed Abied, affirme que son parti est disposé à conclure une alliance avec le PAM, en n'excluant pas de passer de l'opposition à la participation au gouvernement. ALM : Des informations font état de tractations actuelles pour une alliance de l'Union constitutionnelle avec le Parti authenticité et modernité. Cette alliance était-elle plausible à l'état politique actuel ? Mohamed Abied : Nous nous entretenons avec le Parti authenticité et modernité (PAM) depuis sa création. Ces entretiens tournent uniquement autour de la création d'un pôle libéral. Peu importe sa dénomination. L'essentiel, c'est qu'il regroupe des partis ayant les mêmes références idéologiques à savoir le PAM, le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Mouvement populaire (MP) et l'Union constitutionnelle (UC). J'estime que c'est tout à fait normal de créer ce pôle pour éviter la balkanisation du champ politique national. Ce qu'il faut souligner, c'est que l'UC est disposée à une alliance avec le PAM et plaide pour un pôle libéral.
En cas d'alliance avec le PAM, le parti de l'Union constitutionnelle envisagera-t-il de quitter l'opposition ? Nous envisageons cette possibilité, que ce soit pour les échéances de 2009 ou celles de 2012. Jusqu'à présent, les négociations avec le PAM suivent leur cours normal et rien n'est encore réglé. Toute formation politique ambitionne de quitter l'opposition pour rejoindre le gouvernement. Nous ne pouvons pas rester éternellement dans l'opposition. L'essentiel, pour nous, est de faire partie d'un gouvernement où des formations politiques se partagent les mêmes références idéologiques. L'homogénéité dans le gouvernement est une condition sine qua non pour son bon fonctionnement. Ce qui n'est pas le cas pour le gouvernement El Fassi. Ce gouvernement n'en est qu'à son début, pourtant l'homogénéité reste le grand absent. Il s'agit d'un gouvernement disparate. De même, nous trouvons des ministres qui avancent des positions qui ne sont partagées ni par leurs partisans ni par la presse, qui est supposée les défendre. Que pensez-vous du regroupement des partis de droite libérale initié par le PAM ? Aujourd'hui, il faut absolument que la vie politique nationale connaisse une nouvelle dynamique. Il vaut mieux avoir des pôles bien définis qu'une multitude de formations politiques. Le meilleur scénario est la création de trois ou quatre pôles politiques. Celui des socialistes, celui des libéraux et un autre des conservateurs. Dans ce cas, nous pouvons vraiment parler de programme politique ou bien d'alternance démocratique. Il faut que la situation politique soit claire et que chacun assume ses responsabilités. Je crois que la formation des pôles sera très bénéfique. Elle nous permettra de réussir les élections de 2009 et celles de 2012.
Qu'est-ce qui entrave la création du pôle de droite ? Y a-t-il une date butoir pour l'annoncer ? Rien ne l'entrave. La meilleure formule est de faire mûrir cette expérience. Je tiens à ce que ce pôle ne se fasse pas d'une manière précipitée. Nous nous attendons également à ce que le PAM tienne son congrès pour que les négociations se déroulent de manière officielle. Notre souhait reste la création d'un « pôle libéral démocrate ». Pour l'annoncer, tout dépend de la volonté des quatre partis politiques concernés. Nous devons choisir le bon timing pour le faire. Il faut que nous nous mettions d'accord sur ce sujet. En ce qui concerne l'UC, nous sommes prêts et rien ne nous empêche de rejoindre le bloc libéral. Nous attendons juste que les autres formations politiques règlent, peut-être, de petits problèmes internes pour entrer dans une nouvelle phase de notre parcours politique. Vous faites partie de l'opposition, alors que le RNI et le PAM soutiennent le gouvernement. Ne croyez-vous pas que la création d'un pôle de droite créera une nouvelle ambiguïté sur le champ politique national ? Je tiens à préciser que le RNI et le PAM ont créé le même groupe parlementaire, parce que justement ils font partie des formations politiques qui soutiennent le gouvernement. Et puisque l'UC et le MP sont actuellement dans l'opposition, il était alors impossible de rejoindre cette union. Quant à la situation d'équivoque que vous soulevez, je crois qu'elle sera vite éclaircie après que le congrès du PAM ait eu lieu. Je crois que la décision de soutenir ou de s'opposer au gouvernement reviendra aux formations politiques qui vont créer le pôle libéral.
Le pôle pour lequel vous plaidez a-t-il pour objectif de contrer d'autres formations politiques ou autres pôles, comme celui de gauche ? Ce ne sont nullement nos objectifs. La création d'un pôle libéral va au contraire inciter à une nouvelle dynamique et aider les autres formations et pôles politiques. Si notre pôle voit le jour, les autres, comme celui de gauche, auront devant eux un bloc qui a ses propres idéologies et un programme politique bien défini. Il devra ainsi affronter une alliance connue au lieu d'une multitude de formations politiques hétérogènes. En outre, il ne faut pas penser que la création d'un tel pôle est le dessein de l'Administration. Nous devons dépasser ce genre de débat. Après la création de ces différents pôles politiques, place alors aux vrais débats, au travail et aux programmes politiques. Chacun doit par la suite assumer ses responsabilités et c'est au peuple de juger.