Une dizaine de jours après l'expiration des délais d'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale et même si la question de sa prorogation passionne encore l'opinion, l'heure est au bilan. La presse algérienne n'a de titres que pour les péripéties du processus de réconciliation nationale, une initiative du président Bouteflika qui réapparaît sur la scène politique après une longue absence. La commission nationale, chargée de l'application des textes de la Charte, réunie mercredi 6 septembre, juge que les résultats sont positifs. 70% des terroristes ont été neutralisés durant cette année. Un chiffre confirmé par le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni qui fait état de 500 terroristes neutralisés récemment : 200 ont été abattus et 300 se sont rendus. Le ministre de la Solidarité nationale a précisé pour sa part que les portes de la réconciliation sont, jusqu'à présent, ouvertes en attendant la déclaration du président de la république qui décidera de la prorogation ou non des délais d'application de la Charte. Le processus de réconciliation nationale avance donc au rythme escompté : le département concerné a déjà reçu 51.000 familles de terroristes dans le cadre de l'opération des indemnisations. 6952 dossiers ont été traités jusqu'à présent et l'opération se poursuit toujours. La charte adoptée par référendum le 29 septembre 2005 prévoit la normalisation de la situation sociale des repentis en leur procurant notamment un emploi. Pour sa part, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme, Farouk Ksentini tire le même bilan en estimant que les résultats sont largement positifs : «Malgré les difficultés et la complexité du problème, nous avons pu réaliser 70% des résultats». Concernant la prorogation des délais de la Charte, le président de la commission ad hoc indique qu'elle est du ressort du président de la république qui est le seul habilité par la Constitution à trancher cette question. Proroger ou pas ? Selon M. Zerhouni, «il ne serait pas logique de refuser la repentance d'un terroriste voulant se rendre même après la fin du délai». Les portes de la réconciliation restent donc ouvertes pour ceux qui veulent se rendre sachant que la lutte antiterroriste se poursuit sans faiblir. Cette position est d'ailleurs celle du comité interministériel, chargé du suivi de l'application des dispositions de la charte de la paix et de la réconciliation nationale. Sachant que de toute façon et dans les deux cas de figure, la loi sera scrupuleusement respectée. Au-delà des positions tranchées de certains responsables, un consensus semble s'opérer autour du fait que dans une opération d'intérêt général il est tout à fait normal qu'il y ait des réticences mais que ce projet d'intérêt général ne doit pas s'arrêter à une question de prorogation. Pendant ce temps, l'armée, la gendarmerie et les groupes de patriotes déploient leurs forces dans la région de Bejaïa où la situation demeure des plus précaires depuis les deux attentats commis récemment.