Pour tempérer le bilan mitigé de la Charte pour la réconciliation, le ministre algérien de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, a indiqué qu'il allait prendre des dispositions. Sans donner plus de détails. Le ministre algérien de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, a indiqué mardi que «des dispositions seront prises» pour que soit mise en œuvre la Charte pour la réconciliation malgré l'expiration des délais. «Que voulez-vous qu'on fasse des gens qui vont descendre après le 31 août ! Il y aura bien sûr d'autres mesures et je vous rappelle que dans le texte de la charte, il y a déjà certaines mesures», a déclaré le ministre, sans toutefois préciser la nature de ces dispositions. Pour le quotidien "El-Watan", «la déclaration de Yazid Zerhouni donne à l'évidence un avant-goût des générosités que les autorités vont encore offrir à ceux qui ont estimé que six mois ne suffisent pas pour descendre des maquis». «C'est dire que nous sommes désormais dans l'après-31 août, une date, on s'en doutait, qui n'a finalement aucune valeur juridique ou politique. Un peu comme celle du 13 janvier 2000», renchérit le journal. Concernant le dossier des réparations, le ministre a affirmé que «plus de 41.000 dossiers d'indemnisation des enfants et des veuves victimes de la tragédie nationale ont été déposés», qualifiant cette opération de «positive au profit de la paix et du pays». La Charte pour la paix et la réconciliation nationale, dont le bilan reste très mitigé, a donné aux islamistes armés jusqu'au 31 août pour déposer leurs armes et bénéficier des dispositions de pardon. La loi prévoit notamment, dans les délais impartis, l'extinction de l'action publique, la grâce, la commutation ou la remise de peine à l'égard des islamistes armés n'ayant pas commis de crimes de sang. Le ministre de l'Intérieur a reconnu, le 20 août dernier, que seuls 250 à 300 éléments de groupes armés s'étaient rendus aux autorités, alors que près de 800 de leurs acolytes sont toujours en activité, dans les maquis. Et six mois après l'entrée en vigueur, le 28 février, de ce texte de loi, les groupes armés tentent toujours à travers la multiplication des attentats de prouver qu'ils gardent une capacité de nuisance. Pour tempérer ces résultats, les trois grands partis politiques qui forment l'Alliance présidentielle, ayant permis la réélection du président Abdelaziz Bouteflika, ont plaidé pour un prolongement du délai d'application de la loi. Lundi dernier, tous les regards étaient fixés sur la réunion ministérielle présidée par le président algérien qui devait se prononcer sur ce sujet. Cependant, la fameuse Charte n'a pas été à l'ordre du jour du Conseil des ministres. Pourtant, cette loi a toujours été une priorité pour le président algérien. Mais son silence a fait ressurgir une question taboue en Algérie : Abdelaziz Bouteflika est-il encore capable de diriger le pays ? En tout cas, les déclarations de Yazid Zerhouni prouvent que le ministre tente de rassurer l'opinion publique sur le bon déroulement de l'application du texte que nombre de forces vives algériennes ont dénoncé. Mais au fond, lui-même, il semble un peu perdu. Sinon pourquoi n'a-t-il pas donné des détails concernant les nouvelles mesures qu'il a annoncées ? L'après-Bouteflika serait-il en train de montrer le bout du nez ? Explosions près de Bouira et Boumerdes Une bombe artisanale a explosé, mardi, dans la région de Lakhdaria près de Bouira, ville située à 122 km au sud-est d'Alger, blessant un garde communal, rapporte mercredi la presse locale. Théâtre d'une série d'attentats meurtriers durant la période estivale, la région de Lakhdaria est devenue un terrain de prédilection des groupes armés, qui refusent de déposer les armes pour bénéficier de l'offre de paix des autorités algériennes dans le cadre de la Charte de la paix et la réconciliation nationale dont le délai a expiré le 31 août dernier mais qui serait prorogé en l'absence d'un communiqué officiel annonçant sa fin. La seconde bombe, qui a visé une voie ferrée, a explosé à Souk Al Had, près de Boumerdes (50 km à l'est d'Alger), faisant d'importants dégâts matériels. Le quotidien "Le Soir d'Algérie" indique que des éléments de groupes armés, élargis dans le cadre de la loi portant charte pour la paix et la réconciliation nationale, ont repris le maquis en usant de nouveaux procédés d'attentats terroristes avec le recours aux portables et autres objets actionnés à distance.