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Réactions de la presse algérienne à l'appel du Maroc pour l'ouverture
Publié dans L'observateur du Maroc le 26 - 03 - 2008

Le Royaume du Maroc appelle dans l'amitié fraternelle et la sincérité totale à une normalisation des rapports avec l'Algérie et à une ouverture de la frontière entre les deux pays, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la coopération
D'abord le communiqué officiel du Royaume du Maroc
"Les hautes autorités algériennes ont évoqué ces dernières semaines, la question de la frontière avec le Maroc relevant à ce sujet que celle ci ne pourrait être réouverte pour l'instant en raison d'obstacles qui seraient liés aux conditions ayant conduit à sa fermeture.
Certaines déclarations évoquent pour leur part, le préalable d'un règlement définitif du différend régional du Sahara marocain. A cet égard, le Royaume du Maroc souhaite apporter les précisions et appréciations suivantes :
1 - La fermeture de la frontière a été décidée par l'Algérie de manière unilatérale en 1994 dans un contexte international, régional et bilatéral aujourd'hui largement dépassé.
2 - La fermeture de la frontière entre les deux pays frères constitue de nos jours un fait singulier et exceptionnel dans le monde, contraire aux aspirations des peuples du Maghreb, des attentes de ses partenaires et des exigences régionales de paix et de développement.
3 - C'est dans cet esprit que le Royaume du Maroc a pris en 2004 et 2005 de nombreuses initiatives orientées vers l'avenir visant à favoriser la normalisation des relations bilatérales et la relance effective de la construction maghrébine. En particulier, le Royaume du Maroc avait décidé la levée de la procédure des visas à l'endroit des ressortissants algériens frères dix années après son instauration et s'était félicité de la réciprocité appliquée par les autorités algériennes tout en regrettant que depuis lors, la frontière soit restée, quant à elle, fermée.
4 - Le Royaume du Maroc réitère sa volonté d'ouvrir une page nouvelle dans les relations entre les deux pays voisins tenant compte de leur passé commun et de leur destin partagé.
5 - Dans ce cadre, le Royaume du Maroc appelle dans l'amitié fraternelle et la sincérité totale à une normalisation des rapports bilatéraux et à une ouverture de la frontière entre les deux pays.
Ainsi pourrait-on répondre aux aspirations manifestes des deux peuples si proches à divers titres, satisfaire les souhaits des populations frontalières et en particulier les familles concernées et enfin canaliser les flux des marchandises qui font aujourd'hui l'objet de mouvements illicites et de trafics notoires". (MAP).
Revue de presse algérienne : Réactions des autorités algériennes
La Tribune
En réponse à la demande du Maroc d'ouvrir les frontières:
Zerhouni contre «un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent»
Chafaa Bouaiche
Quarante-huit heures après la demande marocaine à l'Algérie de rouvrir ses frontières, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni, a décidé de rompre le silence. Pour clarifier au mieux la position algérienne sur la question de ses frontières avec le Maroc, M. Zerhouni a déclaré que le problème de la circulation aux frontières algéro-marocaines «n'est pas une question isolée et doit être prise dans un cadre général». L'orateur a indiqué, hier à l'APS, en marge de la session de formation destinée aux présidents d'APC, que le problème de la circulation des biens et des personnes aux frontières ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que «nous voulons faire de notre Maghreb».
Rappelant que la décision de la fermeture des frontières ne revenait pas à l'Algérie, l'orateur a indiqué que les citoyens maghrébins sont pour une démarche unitaire, cohérente et complémentaire.
«Encore faut-il voir quels sont les mécanismes les plus appropriés», dans ce sens, a-t-il ajouté.
En outre, le ministre de l'Intérieur a plaidé en faveur d'un Maghreb qui soit «équitable» pour l'ensemble des pays de la région. Dans ce sens, le ministre a souligné qu'il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. «Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leur place», a-t-il précisé en ajoutant que les citoyens maghrébins ont pour ambition de voir cela se concrétiser.
Sur un autre registre, le ministre de l'Intérieur a annoncé que la part des différentes taxes revenant aux APC sera sensiblement augmentée afin de renforcer leur gestion. Cette décision d'augmenter les taxes, a affirmé le ministre, a été prise récemment par le gouvernement pour l'amélioration et l'élargissement des ressources financières au profit des communes. Enumérant les taxes qui seront augmentées, l'orateur a cité, entre autres, la taxe de séjour, la part des communes concernant l'IRG et la redevance des droits de passage des réseaux d'électricité, du gaz et autres «qui sera appliquée cette année».
Par ailleurs, l'augmentation, selon le ministre, concernera aussi les taxes spéciales sur l'immobilier et les revenus des différentes taxes des produits écologiques. «Environ neuf taxes relatives à l'environnement [la plus haute part qui revenait aux APC était de 25%] seront augmentées», a-t-il ajouté. Concernant la réforme des code communal et de wilaya, M. Zerhouni a souligné qu'elle doit être accompagnée de la disponibilité des ressources tant financières qu'humaines. A cet effet, il a annoncé que quelque 3 200 postes budgétaires (informaticiens de gestion et cadres financiers) seront incessamment ouverts. «Le but est de renforcer les structures locales», a précisé l'orateur. Par ailleurs, le ministre a appelé les élus à l'ouverture d'un large dialogue avec la société. «Notre société est dans un stade où nous devons passer de la démocratie représentative à la démocratie participative», a déclaré M. Zerhouni.
Cette démocratie, a précisé l'orateur, ne peut se faire sans un dialogue plus large avec la société et le citoyen et une transparence dans l'action administrative des mairies. La démocratie participative, a souligné l'orateur, doit impliquer le mouvement associatif qui doit être «crédible» et «représentatif» de la société. Par ailleurs, M. Zerhouni a expliqué qu'il s'agit d'organiser une meilleure et plus large concertation avec ce mouvement associatif. Les présidents des 1 541 APC du territoire national participent à une formation, dont l'objectif est de leur permettre d'acquérir des connaissances liées à la gestion locale.
El Watan
Zerhouni : « L'ouverture des frontières n'est pas une priorité »
Nabila Amir
Nous n'excluons pas l'ouverture des frontières terrestres avec le Maroc. Toutefois, pour l'heure, cette question ne revêt pas un caractère urgent et ne figure pas parmi les priorités du gouvernement algérien », a précisé hier Noureddine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales.
L'Etat algérien, observe M. Zerhouni, n'est pas naïf pour répondre dans l'immédiat à une telle demande. Dans une déclaration à la Chaîne III, le représentant du gouvernement a estimé que l'ouverture des frontières est un élément important et non négligeable dans la construction d'un Maghreb cohérent. Cependant, il y a lieu de clarifier la situation avant d'opérer une quelconque ouverture. Rappelant dans ce contexte que l'initiative de la fermeture des frontières ne revenait pas à l'Algérie. « L'ouverture des frontières est une préoccupation permanente du président de la République et un souci de la majorité de la population maghrébine qui est pour une démarche unilatérale, cohérente et complémentaire », a soutenu M. Zerhouni en insistant sur la nécessité, au préalable, de mettre en place des mécanismes appropriés pour faire face aux multiples problèmes qui se posent au niveau des frontières, entre autres le phénomène de la contrebande. Se voulant plus explicite, le ministre de l'Intérieur a indiqué que le problème de la circulation aux frontières algéro-marocaines n'est pas une question isolée mais celle-ci doit être prise dans un cadre général sans perdre de vue le fait que « la circulation des biens et des personnes aux frontières ne peut être dissociée d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre grand Maghreb ». Le ministre a plaidé, en outre, en faveur d'un Maghreb qui soit « équitable » pour l'ensemble des pays de la région. « Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leur place et les citoyens maghrébins ont pour ambition de voir cela se concrétiser », a-t-il souligné. Sur un autre chapitre, répondant à une question relative à l'enlèvement des deux Autrichiens, M. Zerhouni a rétorqué que l'Algérie n'est concernée ni de près ni de loin par ce sujet, car le rapt ne s'est pas produit sur le territoire algérien. « Nous condamnons toutes les violences et le terrorisme là où il se trouve et nous le combattrons jusqu'à son éradication. Toutefois, nous tenons à préciser que l'Algérie n'est nullement concernée par la question de l'enlèvement des Autrichiens », a précisé le représentant du gouvernement qui a encore une fois appelé les citoyens à faire preuve de vigilance.
El Khabar
Zerhouni ne voit pas d'« urgence » et émet des craintes sur le danger de la contrebande
L'Algérie peu enthousiaste à l'idée de réouvrir ses frontières avec le Maroc
Hamid Yes
L'Algérie a accueilli froidement la demande des autorités marocaines pour la réouverture des frontières terrestres pour le motif qu'elle serait préjudiciable à notre pays à cause du phénomène de la contrebande et du trafic de drogues. L'Algérie a également posé ce qui s'apparente à des conditions pour la naturalisation totale des relations bilatérales, avec en tête le contrôle sécuritaire des frontières de la part des Marocains.
La réserve officielle vis-à-vis de la demande marocaine s'est exprimée par le biais du ministre de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, qui a déclaré à la radio-chaîne trois que l'Algérie « n'est pas pressée de réouvrir les frontières, car nous évaluons l'ampleur des dommages qu'engendrerait une décision comme celle-là, notamment le phénomène de la contrebande». Il a également indiqué : « je ne dis pas que l'ouverture des frontières va accentuer le phénomène, mais il ne contribuera pas à son apaisement de toute manière ».
Malgré ça, Zerhouni pense que la mesure de réouverture des frontières du côté algérien n'est pas « exclue, mais elle n'a pas, pour nous, un caractère d'urgence».
Le ministre de l'Intérieur a déclaré que l'affaire remonte à de longues années (14 ans précisément), et que la génération qui n'a pas vécu les évènements de cette période « doit connaître les raisons qui ont poussé l'Algérie à fermer les frontières ». Il a poursuivi dans le même sujet : « Vous savez très bien que l'initiative de fermeture des frontières n'est pas venue de chez nous, mais qu'elle est due à des mesures prises par l'autre partie », en référence à la décision du Maroc qui a imposé le visa aux ressortissants algériens, en plus du lancement d'une campagne de poursuite contre les Algériens résidants sur son territoire, comme réaction à l'attaque terroriste qui a ciblé des touristes étrangers à Marrakech en 1994. Le Maroc avait alors accusé l'Algérie d'être impliquée dans l'attentat.
L'Expression
Après la demande de Rabat de réouverture des frontières algéro-marocaines
Zerhouni pose ses conditions
Nadia Benakli
«Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie», souligne le ministre de l'Intérieur.
Précisions. Noureddine Yazid Zerhouni met et remet les points sur les «i». L'éventualité de la réouverture des frontières de l'Ouest n'est pas d'actualité. Les conditions ne sont pas requises. Elles resteront fermées tant que les obstacles persistent.
Le problème de la circulation des biens et des personnes aux frontières algéro-marocaines «n'est pas une question isolée et doit être prise dans un cadre général», réitère le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Noureddine Yazid Zerhouni pose ses conditions. La réouverture des frontières est liée à l'avenir du Maghreb. «Le problème de la circulation (des biens et des personnes) aux frontières ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb», souligne M.Zerhouni, en marge de la session de formation des présidents d'APC.
Une mise au point et une réponse directe à la demande marocaine de réouverture des frontières de l'Ouest. Les frontières ont été fermées en août 1994 sur initiative marocaine, rappelle le ministre. Le contexte est encore toujours le même. «Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leur place», précise M.Zerhouni. Et encore «faut-il voir quels sont les mécanismes les plus appropriés», a-t-il averti.
«Les citoyens maghrébins sont pour une démarche unitaire, cohérente et complémentaire», souligne le ministre de l'Intérieur en référence au conflit opposant le Royaume chérifien au Front Polisario. Le ministre a plaidé, en outre, en faveur d'un Maghreb qui soit «équitable» pour l'ensemble des pays de la région. Et c'est l'ambition des citoyens maghrébins.
Au plan interne, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a annoncé une bouffée d'oxygène pour les Assemblées communales. Désormais, la part des taxes, revenant aux communes, sera revue à la hausse. Le gouvernement l'a décidé. «La part des différentes taxes revenant aux Assemblées populaires communales (APC) sera sensiblement augmentée afin de renforcer leur gestion», a annoncé, hier, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni. Par cette mesure, le gouvernement applique l'un des principaux points du Code communal, à savoir l'autosuffisance des APC. Une revendication pressante des partis politiques et des responsables locaux. Ceux-ci ont vivement interpellé le gouvernement sur la révision du système de financement des collectivités locales.
«Cette décision d'augmenter les taxes a été prise récemment par le gouvernement pour l'amélioration et l'élargissement des ressources financières au profit des communes», a-t-il affirmé à l'ouverture de la session de formation des présidents d'APC. Parmi les taxes qui seront augmentées, explique le ministre, figurent la taxe de séjour, la part des communes concernant l'IRG (Impôt sur le revenu global) et les redevances des droits de passages des réseaux d'électricité, du gaz et autres. Cette mesure sera appliquée dès cette année.
L'augmentation concernera aussi les taxes spéciales sur l'immobilier et les revenus des différentes taxes des produits écologiques. «Environ neuf taxes relatives à l'environnement (la plus haute part qui revenait aux APC était de 25%) seront augmentées», a-t-il ajouté. L'augmentation de la portion fiscale des communes vient soulager un tant soit peu l'épineux problème de financement. Même si cette augmentation reste insuffisante, il n'en demeure pas moins qu'elle est toujours utile. A rappeler que les 1541 communes sont déficitaires.
D'ailleurs, l'Etat était dans l'obligation d'apurer la totalité de leurs dettes avant le renouvellement des Assemblées. Un budget de 1500 milliards de dinars a été débloqué au mois octobre dernier pour assainir définitivement cette situation.
Enfin, s'exprimant devant les élus locaux, M.Zerhouni a souligné que la réforme des Codes communal et de wilaya doit être accompagnée par la disponibilité des ressources tant financières qu'humaines. Pour cela, a-t-il dit, quelque 3200 postes budgétaires destinés au renforcement des structures locales en informaticiens de gestion et en cadres financiers, seront incessamment ouverts.
Dans le but de préparer les nouveaux élus à la gestion locale, le département de l'Intérieur a lancé, hier, un cycle de formation aux profit des 1541 présidents d'APC. Dans son intervention, M.Zerhouni a invité les présidents d'APC à engager un dialogue large avec les citoyens et de veiller à la ´´transparence´´ dans l'action administrative.
«Notre société est à un stade où nous devons passer de la démocratie représentative à la démocratie participative. Cette démocratie ne peut se faire sans un dialogue plus large avec la société et le citoyen et une transparence dans l'action administrative des mairies», a affirmé M.Zerhouni.
Cette démarche devrait impliquer également le mouvement associatif qui doit être «crédible» et «représentatif» de la société, a averti le ministre.
Le Soir d'Algérie
Zerhouni à propos des frontières algéro-marocaines :
"La question de la circulation des personnes doit être prise dans un cadre général"
Le problème de la circulation aux frontières algéro-marocaines «n'est pas une question isolée et doit être prise dans un cadre général», a déclaré samedi dernier à Alger le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni .
«Le problème de la circulation (des biens et des personnes) aux frontières ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb», a indiqué le ministre à l'APS en réponse à une question relative à la demande des autorités marocaines d'ouvrir les frontières entre les deux pays. Rappelant que l'initiative de la fermeture des frontières ne revenait pas à l'Algérie, il a indiqué que les citoyens maghrébins «sont pour une démarche unitaire, cohérente et complémentaire ». «Encore faut-il voir quels sont les mécanismes les plus appropriés», dans ce sens, a-t-il ajouté. Le ministre a plaidé, en outre, en faveur d'un Maghreb qui soit «équitable» pour l'ensemble des pays de la région. «Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leur place», a-t-il dit. «Les citoyens maghrébins ont pour ambition de voir cela se concrétiser», a-t-il encore souligné.
Liberté
Le ministre de l'intérieur répond à la demande de Rabat
Zerhouni : “Pas d'urgence à rouvrir la frontière avec le Maroc”
Salim Tamani
Alger dit non à la réouverture des frontières avec le Maroc en affirmant que les conditions ayant présidé à sa fermeture sont encore là. Un règlement global du contentieux s'impose d'autant qu'Alger attend toujours des excuses de la part de Rabat.
“La réouverture des frontières avec le Maroc n'est pas à exclure, mais elle ne présente pas d'urgence”, a déclaré, hier, sur les ondes de la Chaîne III, Nourredine Yazid Zerhouni, ministre d'?tat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales en réponse à la demande formulée le week-end passé par le ministère marocain des Affaires étrangères quant à une réouverture des frontières entre les deux pays fermées depuis 14 ans. “Le royaume du Maroc réitère sa volonté d'ouvrir une page nouvelle dans les relations entre les deux pays voisins tenant compte de leur passé commun et de leur destin partagé”, a indiqué le communiqué du MAE marocain qui a tenté de justifier cette nouvelle approche par “le fait que le contexte régional et international de la fermeture par l'Algérie de cette frontière est aujourd'hui largement dépassé”.
Hier, le ministre de l'Intérieur a clairement laissé entendre qu'une éventuelle réouverture de ce dossier demeure conditionnée par une série de mesures qui s'inscrivent dans le cadre du règlement global des contentieux existant entre les deux pays. Il faut savoir que l'affaire des frontières date d'août 1994, lorsque Rabat avait imposé unilatéralement des visas d'entrée aux ressortissants algériens. Les Marocains avaient alors justifié leur mesure par la situation sécuritaire prévalant en Algérie surtout après qu'un attentat terroriste eut été perpétré à Marrakech tout en accusant implicitement Alger d'en être derrière. L'Algérie avait répondu par la réciprocité en décidant de fermer ses frontières terrestres avec le royaume chérifien tout en demandant des excuses après que les accusations de Rabat sur l'implication des services de sécurité algériens dans l'attentat de Marrakech se sont avérées infondées.
Nourredine Yazid Zerhouni qui a évoqué l'impératif de la construction maghrébine qui demeure encore un vœu pieux, a présenté un certain nombre d'arguments qui plaident malheureusement encore pour le maintien de la fermeture des frontières terrestres avec le royaume chérifien. “Nous connaissons aujourd'hui les dégâts de la contrebande et… la réouverture des frontières n'apportera pas de solution à ce problème”, a ajouté le ministre de l'Intérieur. Il est vrai que les frontières ouest sont aujourd'hui non seulement synonyme de contrebande, un fléau qui continue de provoquer la saignée de l'économie du pays, mais aussi et surtout de plaque tournante de trafic de drogue en provenance du Maroc.
Les saisies opérées régulièrement par les services de sécurité prouvent l'ampleur des dégâts causés par les filières de la contrebande en tous genres allant jusqu'aux armes destinées aux maquis du GSPC. Il y a lieu de relever que la démarche marocaine, quant à une demande insistante depuis 2005, est motivée par le souci de la réhabilitation de l'économie locale et, notamment des régions est du royaume qui ont tant profité de l'apport des touristes algériens qui ont dépensé pour la seule période de 1990-1994 plus d'un milliard et demi de FF. C'est dans ce cadre que le Maroc a décidé de supprimer, en 2005, les visas d'entrée sur son sol. Ce qui entraînera la réciprocité par l'Algérie, une année plus tard. Mais, la frontière terrestre demeure, néanmoins, fermée. Et l'Algérie détermine sa réouverture par le règlement de tous les dossiers qui ont entouré la décision de Rabat. Et ce n'est pas par hasard si le président Bouteflika a insisté, dans l'entretien accordé récemment à l'agence Reuters, sur le fait que “la réouverture de la frontière est néanmoins liée aux conditions qui ont présidé à sa fermeture et qu'elle interviendra lorsque seront levés tous les obstacles qui l'empêchent actuellement”.
Le Jeune Indépendant
M. Zerhouni répond à la demande marocaine de réouverture de la frontière
Le Maghreb ne se limite pas à Alger et à Rabat
Nassima Oulebssir
La première réaction officielle de l'Algérie quant à la demande du royaume du Maroc portant sur la réouverture de la frontière émane du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales.
M. Nourdine Yazid Zerhouni a affirmé que cette demande ne peut être examinée ni même traitée séparément des autres dossiers en suspens entre les deux pays qui entrent dans le cadre d'une vision globale du Grand Maghreb. Le ministre de l'Intérieur, qui intervenait en marge d'une séance de formation destinée aux P/APC tenue hier à Alger, a également insisté sur le fait que l'Algérie est parfaitement attaché à l'édification du Grand Maghreb. «Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leur place», a indiqué M. Zerhouni tout en affirmant que les «citoyens maghrébins ont pour ambition de voir cela se concrétiser». Pour le ministre, le problème de la circulation des personnes et des biens aux frontières «ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb».
Les citoyens maghrébins sont pour une démarche unitaire, cohérente et complémentaire, a-t-il précisé avant d'ajouter qu'il faut absolument voir quels sont les mécanismes les plus appropriés dans ce sens. Est-il donc facile pour l'Algérie d'entretenir des relations normales avec un pays qui continue de mener des campagnes de diffamation sur la question du Sahara occidental ? La réouverture de la frontière algéro-marocaine est une affaire isolée et doit impérativement être posée dans un cadre général, a indiqué le ministre. Il a indiqué que également que la réouverture de la frontière terrestre est l'un des facteurs importants qui contribuent à la consécration des aspirations des peuples maghrébins et c'est dans cette optique précise que la question devrait être posée.
De nombreux observateurs ont estimé que la demande marocaine ne dépasse pas le stade d'une déclaration destinée aux médias. Dès lors que les relations et les dossiers concernant les deux pays sont codifiés par des conventions, des commissions mixtes et des sous-commissions spécialisées, ce type de demande ne devrait pas être suivie d'effet. Car la normalisation entre Alger et Rabat, à laquelle appelle le royaume du Maroc, ne semble pas tenir compte des règles et usages en vigueur dans les relations diplomatiques entre les deux pays, notent encore les observateurs. Pour rappel, le Maroc a appelé l'Algérie, jeudi dernier à travers un communiqué de son ministère des Affaires étrangères, à rouvrir sa frontière terrestre et à œuvrer pour «une normalisation des relations bilatérales». «Le royaume du Maroc réitère sa volonté d'ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays voisins tenant compte de leur passé commun et de leur destin partagé», peut-on lire dans le communiqué marocain.
Depuis quatorze ans la frontière terrestre est fermée, suite à la décision marocaine d'instaurer le visa pour les Algériens au lendemain d'un attentat à la bombe ayant visé un hôtel dans la ville de Casablanca. Rabat avait accusé l'Algérie d'avoir commandité l'attentat.
Le Quotidien d'Oran
Appel du Maroc à la réouverture des frontières Zerhouni répond à Rabat
M Saadoune
Ce n'est pas un niet catégorique mais on n'en est pas loin. L'ap-pel lancé par le Maroc à la réouverture des frontières et à la normalisation des relations avec l'Algérie est accueilli avec beaucoup de réserves par le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni.
Dans une courte déclaration à l'agence APS, il a estimé que le problème de la circulation aux frontières algéro-marocaines « n'est pas une question isolée et doit être prise dans un cadre général ». Cette formulation est classique: l'Algérie a, dans un passé récent, souhaité une mise à plat de l'ensemble des relations bilatérales, que ce soit dans les aspects sécuritaires, humains ou économiques.
Ce qui semble relativement nouveau dans la formulation de Yazid Zerhouni est le dépassement du niveau bilatéral pour une problématique maghrébine. « Le problème de la circulation (des biens et des personnes) aux frontières ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb ». Tout en soulignant que l'Algérie n'était pas à l'origine de la fermeture des frontières, il a estimé que les citoyens maghrébins sont pour une « démarche unitaire, cohérente et complémentaire ». « Encore faut-il voir quels sont les mécanismes les plus appropriés », a-t-il ajouté. « Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leur place».
Cela est apparemment une allusion à la question du Sahara Occidental, le peuple sahraoui ne devant pas être perdant, selon lui, dans le processus maghrébin. La formulation reste codée, mais on a, pour la première fois sans doute chez un responsable algérien, un semblant d'introduction de la question du Sahara Occidental comme élément du processus maghrébin. Les dernières déclarations du président Bouteflika n'introduisaient pas cela comme un préalable, même s'il notait que le conflit constituait une entrave. La tradition de la diplomatie algérienne a consisté jusque-là à séparer la question du Sahara Occidental, qui relève de l'ONU, de la relance des relations bilatérales et du processus maghrébin. En 2004, par exemple, Abdelaziz Belkhadem soulignait que la question du Sahara Occidental ne devait interférer ni sur les rapports bilatéraux, ni sur le processus maghrébin. Il indiquait que le conflit du Sahara a existé « bien avant le traité de Marrakech, qui a été cogité à Zéralda d'abord en 1988 et 1989... Ce qui fait que lorsque les chefs d'Etat ont décidé de créer l'Union du Maghreb et de signer le traité de Marrakech, le problème était sur la table et personne n'en a fait une conditionnalité ».
Il est vrai que le Maroc a changé d'attitude à partir de 1994 et en a fait une conditionnalité qui a bloqué le processus maghrébin. Les propos de Yazid Zerhouni sont trop elliptiques pour qu'on puisse affirmer que le gouvernement algérien a changé de son côté d'optique. A suivre...
Editoriaux
1) Le Quotidien d'Oran
L'esprit de Marrakech
K. Selim
La circulation aux frontières algéro-marocaines n'est pas «une question isolée et doit être prise dans un cadre général». Avouons-le d'emblée, on ne sait pas comment apprécier la réponse du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, à l'appel du Maroc à l'ouverture des frontières.
Cela a l'air d'être une fin de non-recevoir, comme cela a d'ailleurs été exprimé dans la tonalité générale des commentaires de presse hier. La politique étrangère relevant du «domaine réservé», il ne faut pas s'attendre à ce que nos «politiques» s'en mêlent. Pourtant, on ose espérer que le langage codé du ministre de l'Intérieur ne signifie pas un rejet définitif, que l'on prendra la peine d'explorer l'appel marocain et qu'on en discutera.
Il n'est pas inutile de rappeler que le communiqué marocain est intervenu après une déclaration d'ouverture du chef de l'Etat sur la question. Il y a nécessairement des questions importantes à négocier et à discuter avec les Marocains s'il s'agit de rouvrir une frontière fermée depuis 1994. On ne doit pas faire les naïfs. Mais que veut dire un Maghreb «équitable» où les «uns gagnent et d'autres perdent» ? Cela mérite d'être éclairci.
Si les affaires étrangères sont toujours un «domaine réservé» - on ne sait pas pourquoi elles ne devraient pas faire l'objet de débat -, cela n'empêche pas un regard de citoyen. Et ils sont nombreux les Algériens, sans qu'ils renient aux Sahraouis le droit à l'autodétermination, à ne pas comprendre la pertinence politique, économique, voire sécuritaire du maintien de la fermeture des frontières.
Bien entendu, nul n'oublie le contexte de cette décision; mais si l'on continue en permanence à regarder derrière soi, on aura du mal à avancer. Le conflit du Sahara Occidental aurait-il été plus difficile à résoudre si le processus maghrébin avait évolué correctement ? On ne fait pas l'histoire avec des «si» mais cela n'empêche pas de la lire au présent.
On est perplexe quand même: faut-il attendre la résolution de la question du Sahara Occidental pour avoir des relations normales avec le Maroc ? Il serait malheureux que ce préalable soit posé, ici comme à Rabat. C'est totalement stérile. Mais les citoyens ont-ils droit au chapitre ? Non, bien entendu ! Alors contentons-nous de la parole «autorisée» par le domaine réservé.
Que disait, par exemple, M. Abdelaziz Belkhadem sur le sujet ? Que le problème du Sahara Occidental est antérieur au lancement de l'UMA en 1988-89 et qu'on ne peut s'en prévaloir pour freiner l'édification de l'Union du Maghreb. C'était en 2004 et Belkhadem répondait aux Marocains qui faisaient de la question du Sahara Occidental un élément central de la relation bilatérale. A l'époque, on avait salué la justesse et la pertinence de cette position. Elle reste valable aujourd'hui. Il faut séparer la question sahraouie des relations bilatérales et de la relance de l'UMA.
Lors de la signature du traité de Marrakech, le problème existait mais personne n'en a fait une conditionnalité. C'est cet esprit, pragmatique et ouvert, qu'il faut retrouver.


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