Plusieurs islamistes détenus au lendemain des attentats terroristes du 16 mai ont entamé hier une grève de la faim dans les prisons de Kénitra et Aïn Borja. «Libération immédiate », « ouverture d'une enquête neutre et transparente sur les attentats du 16 mai », et « garanties de conditions de détention dignes dans les prisons en attendant l'élargissement ». Ce sont là les trois principales revendications exprimées par les prisonniers islamistes de Kénitra et Aïn Borja, qui sont entrés, depuis hier, dans une grève de la faim illimitée. Dans un communiqué signé au nom des «prisonniers d'opinion et de foi», les grévistes, qui plaident non-coupables, déplorent «la détérioration de leurs conditions de détention ». Ils en veulent pour preuve « la mort, il y a une semaine, de Redouane Kouibâti (…) suite à une longue maladie de la tuberculose » et de Khalid Boukri , membre présumé de la Salafyia Jihadia, « mort à la prison d'Outita, à Sidi Kacem, dans la foulée de la grève de la faim du 5 mai 2005 ». Le sort des familles des détenus islamistes, qui se présentent comme des «prisonniers d'opinion et de foi », est également évoqué. Contacté par « ALM », le président de l'Association de soutien des prisonniers islamistes, Abderrahim Mouhtadi, a appelé à « prendre en considération le calvaire des enfants des détenus » qui, affligés par « l'injustice subie par les leurs, risquent de se transformer en véritables bombes à retardement ». Si ce n'est pas du chantage, cela y ressemble beaucoup. « Parmi les grévistes, ne figure aucun nom des personnes compromises dans des délits de droit commun», a-t-il certifié, ajoutant que le mouvement de grève est observé par des personnes, composées majoritairement de jeunes, est « la preuve qu'ils se sentent victimes d'une injustice». « De la dérive du tout au sécuritaire qu'il convient, aujourd'hui plus que jamais, de redresser par une décision politique courageuse », exhortent les grévistes, dans une référence à la grâce royale dont ont bénéficié déjà 315 prisonniers islamistes. Ce mouvement de grève, qui sera relayé dans la semaine prochaine par les prisonniers d'Oukacha et d'Outita, intervient une année après la grève de la faim du 5 mai 2005. « Plus d'une année s'est écoulée depuis notre grève de la faim, que nous avons suspendue après avoir reçu des promesses de reconsidérer notre dossier, mais aucune des revendications formulées n'a été satisfaite. Nous nous sentons aujourd'hui obligés de relancer la bataille des intestins vides pour clamer notre innocence », peut-on lire dans un communiqué des locataires de la prison centrale de Kénitra. Une grève défendue par l'Association « Ennasir » qui, dans un communiqué publié à l'occasion du 1er mai, a appelé à l'amélioration des conditions de détention des islamistes emprisonnés, faisant valoir, notamment, le droit aux soins de santé. Reste, maintenant, à savoir quelle réponse apportera les autorités compétentes à ce nouveau bras de fer engagé par les prisonniers islamistes.