Les prisonniers salafistes, ainsi que leurs familles, reprennent grèves de la faim et sit-in devant les prisons durant toute la semaine en cours. "Annassir", ONG qui les soutient, dit craindre un désastre. Les prisonniers de la Salafiya, ainsi que leurs familles, ont décidé une nouvelle radicalisation de leurs protestations. En solidarité avec des centaines de détenus, condamnés pour terrorisme suite aux attentats du 16 mai 2003, leurs familles ont décidé une série de sit-in devant plusieurs prisons du Royaume. Hier lundi, c'était le cas devant la prison Oukacha à Casablanca alors qu'un autre sit-in est prévu, mercredi 24 mai 2006 dans la même ville, devant la prison civile de Aïn Borja. Ce mouvement culminera, jeudi prochain, avec des sit-in devant toutes les prisons abritant des détenus salafistes, soit une bonne dizaine au total. Selon l'association "Annassir", soutenant les prisonniers salafistes et leurs familles, ces sit-in accompagnent le mouvement de grève de la faim enclenché la semaine dernière à travers plusieurs prisons du Royaume par plus de 300 prisonniers et dont 106 à Casablanca, 44 à Kénitra et 60 à Fès. L'Association "Annassir", contactée par ALM, attire l'attention aux éventuelles graves répercussions de cette grève de la faim sur la santé, et même la vie, des détenus salafistes. Ainsi, à en croire des sources de cette ONG, deux détenus grévistes de la faim ont déjà dû recevoir des soins, hier lundi à Casablanca, après la détérioration de leur état de santé. Il s'agit du célèbre Nordine N'Fiaâ et Saïd el Mellouli. Selon plusieurs sources, les chioukhs de la Salafiya Jihadiya ne prennent pas partie à l'actuelle grève de la faim, mais risqueraient de s'y joindre à n'importe quel moment. Ce serait d'ailleurs le cas pour Abou Hafs, emprisonné à Fès et qui aurait entamé une grève de la faim après les violences dont auraient fait l'objet sa mère et ses sœurs lors d'un sit-in, interdit par la force jeudi 18 mai 2006, devant le siège du CCDH (Conseil consultatif des droits de l'Homme) à Rabat. Ce mouvement de colère des détenus salafistes et de leurs familles est promis à une autre tournure avec l'annonce d'un éventuel sit-in ouvert devant les prisons du Maroc dès jeudi prochain. A la prison de Salé, où huit détenus sont en grève de la faim, le mouvement risquerait de se généraliser. Ahmed Belbarka, âgé de 44 ans condamné à 10 ans de prison et détenu à la prison agricole d'Outita (Sidi Kacem), a choisi de s'enrouler dans un linceul blanc pour attendre la mort, affirme une source d'"Annassir". Quelles sont les revendications des détenus salafistes ? Rien de nouveau par rapport aux précédentes manifestations. Ils demandent notamment leur relaxe et "l'ouverture d'un enquête sur ce qui s'est passé réellement lors des attentats du 16 mai 2003". Les détenus salafistes n'en sont pas à leur première grève de la faim ni leurs familles au premier sit-in. Les uns et les autres ont souvent essayé d'attirer l'attention à ce qu'ils considèrent comme "injustices" et "dépassements". Plusieurs centaines de détenus salafistes avaient, pour rappel, bénéficié de mesures de grâce royale à l'occasion de fêtes nationales et religieuses lors de ces deux dernières années. Depuis les attentats du 16 mai 2003, les autorités marocaines ont arrêté plus de 2.000 personnes, et démantelé des dizaines de réseaux, pour terrorisme. Actuellement, ils sont encore plusieurs centaines à purger des peines de prison dans différents centres pénitentiaires du Royaume.