De hauts cadres de l'administration pénitentiaire ont été dépêchés dans différentes prisons pour négocier avec les détenus salafistes la suspension de la grève de la faim initiée depuis le 2 mai 2006. Les tractations n'ont visiblement débouché sur rien. L'administration pénitentiaire a dépêché, mardi 30 mai 2006, des cadres dans différentes prisons du Maroc pour négocier une suspension de la grève de la faim initiée par les détenus de la Salafiya Jihadiya depuis le 2 mai. Les tractations, qui ont duré jusqu'à une heure tardive de la nuit de mardi à mercredi, n'ont débouché sur aucun résultat même si l'association "Annassir" s'est jointe aux efforts du ministère de la Justice en lançant un appel pour mettre fin à cette grève. Abderrahim Mouhtade, président de cette ONG, affirme que "Annassir" a décidé d'annuler le sit-in prévu ce jeudi devant le Parlement. Mouhtade parle d'un geste de "bonne foi" surtout du moment que les négociations sont ouvertes. "En tant qu'association, c'est l'intérêt des détenus qui nous intéresse de prime abord et nous ne voulons pas de nouvelles confrontations avec les autorités", déclare Abderrahim Mouhtade. Toutefois, les négociations entre l'administration pénitentiaire et les détenus de la Salafiya ont débouché sur un blocage et ce pour plusieurs raisons. Les détenus, affirme une source informée, demandent une "solution politique" et l'engagement du gouvernement à revoir leurs peines ou à proposer des solutions qui deviendront effectives dans trois ou quatre ans. Les cadres de l'administration pénitentiaire, eux, avaient affirmé qu'ils n'étaient pas habilités à traiter de cet aspect, mais qu'ils avaient été plutôt mandatés pour étudier et aider à résoudre les problèmes que connaissent les prisons. C'est d'ailleurs, apprend-on, ce qui est en train de se réaliser à la prison civile de Salé plus connue sous le nom "Zaki". Entre-temps, c'est la situation et l'état de santé des grévistes qui se détériorent. Selon "Annassir", de vives inquiétudes sont suscitées notamment par l'état de santé d'une quarantaine de détenus qui ont dû être transférés dans des hôpitaux pour recevoir les soins nécessaires. Les cas les plus graves sont relevés dans les prisons casablancaises "Aïn Borja" et "Oukacha", mais surtout à la prison agricole d'Outita dans la région de Sidi Kacem. Mercredi 31 mai 2006, à la prison "Oukacha", Driss Boussaid, détenu salafiste vivant avec un seul poumon, a dû être hospitalisé des suites de sa longue grève de la faim. Dans un ultime rebondissement, ce sont près de quarante autres détenus à Salé qui ont rejoint le mouvement de grève de la faim depuis trois jours, sauf que ces derniers demandent l'amélioration de leurs conditions de détention. Au total aujourd'hui, ce sont 358 détenus de la Salafiya Jihadiya qui observent cette grève sans, toutefois, la participation des "chioukh" de ce mouvement, qualifiés de "plus radicaux". Abderrahim Mouhtade se dit furieux quant aux rumeurs affirmant que les salafistes auraient refusé de demander la grâce royale. "Des parties cherchent à entraver la résolution de ces problèmes, mais je peux attester que 90 % des détenus de la Salafiya Jihadiya ont présenté des demandes dans ce sens à l'administration pénitentiaire", conclut Mouhtade.