La Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADH) a affirmé que les familles des disparus, durant les années de violence, "ont besoin de connaître la vérité sur le sort de leurs proches", soulignant la nécessité "d'identifier les assassins et les criminels et de les traduire devant la justice". Réagissant samedi au "projet de charte sur la paix et la réconciliation nationale", sur lequel l'électorat algérien est appelé à se prononcer par référendum le 29 septembre prochain, la LADH, -présidée par M. Boudjemaâ Guechir-, a fait savoir par communiqué, que "le peuple algérien est en droit de connaître la vérité , toute la vérité sur ce qui s'est passé ces derniers années, de connaître les commanditaires et les exécutants" des actes criminels ayant marqué " la décennie noire", consécutivement à l'interruption du processus électoral en Algérie en janvier 1992. Dans son rapport sur les cas de disparitions, du fait des agissements attribués aux agents des forces de sécurité, un comite ad-hoc, présidé par le président de l'Organisation algérienne de protection et de promotion des droits de l'Homme (officielle), avait arrêté, en mars dernier, une liste de 6.146 disparus, mais s'est déclaré ne pas être en mesure d'établir les circonstances de ces disparitions, ni d'en déterminer les auteurs. "La charte pour la paix et la réconciliation nationale" stipule par ailleurs que "les actes répréhensibles d'agents de l'Etat, qui ont été sanctionnés par la justice chaque fois qu'ils ont été établis, ne sauraient servir de prétexte pour jeter le discrédit sur l'ensemble des forces de l'ordre qui ont accompli leur devoir, avec l'appui des citoyens et au service de la patrie". La charte, qui exclut l'absolution des auteurs de "massacres collectifs, viols, ou attentats à l'explosifs dans les lieux publics", affirme cependant qu'"en adoptant souverainement cette charte, le peuple algérien affirme que nul en Algérie ou à l'étranger, n'est habilité a utiliser ou instrumentaliser les blessures de la tragédie nationale pour porter atteinte aux institutions". La Ligue algérienne des droits de l'Homme exprime ses craintes concernant "l'impunité" qui pourrait être ainsi assurée aux auteurs des violations des droits de l'Homme. Elle affirme : "L'impunité des criminels n'est pas tolérée, Traduire un criminel devant la justice est partie intégrante de la paix (à.) et s'inscrit dans la recherche de la paix sociale. Le but de la justice est de retisser le tissu social, restaurer les normes et les valeurs, sanctionner les torts et prévenir les récidivistes". Nombre d'associations des familles des disparus avaient précédemment exprimé leur déception quant au contenu du "projet de charte pour la paix et la réconciliation", en ce qu'il ne prévoit pas de mécanismes pour connaître la vérité sur les disparitions et rendre justice aux victimes. Ces associations, ainsi que d'autres protagonistes de la crise reprochent également aux pouvoirs publics d'avoir conçu le projet de charte sans les avoir consultés au préalable. L'Association "Somoud", parlant au nom des familles des disparus du fait des agissements des groupes terroristes - 10.000 disparitions recensées- avait, par la voix de son président Ali M'rabet, souligné son rejet du contenu du "projet de charte de paix et de réconcilation nationale, du fait qu'il ne prévoit de mécanismes pour éviter "l'impunité". Le président de "Somoud" avait affirmé que "c'est la justice qui est l'organe habilité à qualifier les actes criminels". Il s'était interrogé sur la pertinente de faire le distinguo, stipulé dans le projet, entre catégories de criminels, en allusion aux dispositions excluant l'abandon de poursuites contre les auteurs de "massacres collectifs, viols, ou attentats à l'explosifs dans les lieux publics". La présidente de "l'Association nationale des familles des disparus" (ANFD), Lila Ighil, avait aussi exprimé sa déception quant au contenu du "projet de réconciliation", affirmant qu'"on ne peut pardonner sans savoir ce qui s'est réellement passé pour les disparus". La même position est adoptée par la présidence de "l'Association SOS disparus", Mme Yous, pour qui la charte ne répondait pas à ses attentes en vue de "connaître la vérité sur les disparus et les circonstances de leurs disparitions". Ces associations ont fait savoir que les indemnisations annoncées pour les familles des disparus et pour les ayants-droit ne sont pas suffisantes pour leur rendre justice et panser leurs blessures.