Calmement, ce père de famille de quarante-deux ans qui comparaît, en état d'arrestation, devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, rejette en bloc l'accusation d'escroquerie retenue contre lui par le procureur du Roi et nie avoir rencontré les neuf victimes qui le mettent en cause. Seulement, son casier judiciaire n'est pas vierge. Il a purgé à deux reprises des peines de prison ferme pour le même motif, respectivement de huit mois et dix-huit mois. Mais, il continue à se disculper devant le magistrat de la chambre correctionnelle en lui expliquant qu'il s'est repenti dès qu'il est sorti de prison, la dernière fois, il y a trois ans. Le magistrat lui demande alors de lui expliquer pourquoi les victimes sont unanimes à le pointer du doigt. A cette question pertinente il se contente de répondre : «Je ne sais pas». En fait, les neuf victimes le connaissent et attestent l'avoir rencontré et «négocié» avec lui un service, notamment l'immigration vers les Emirats Arabes Unis et d'autres pays arabes sur la base d'un contrat de travail. A ce titre ils lui ont versé des sommes allant de dix mille à trente mille dirhams comme acompte à une somme globale de cinquante mille dirhams. Et pourtant, il continue de nier. Se basant sur les procès-verbaux consignés par la police casablancaise, le substitut du procureur du Roi qualifie le suspect d'escroc professionnel récidiviste tout en requérant la peine maximale. Quant à l'avocat, qui a fondé sa plaidoirie sur la disculpation de son client, a affirmé que ce dernier s'est converti depuis trois ans dans le commerce pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa famille et a sollicité le tribunal de l'acquitter. Verdict : Jugé coupable pour escroquerie avec récidive, ce père de famille a écopé de trois ans de prison ferme assortie d'une amende de 30 mille dirhams.