C'est la troisième fois que cette femme, la trentaine, se tient au box des accusés, devant le juge de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca et toujours pour le même motif, à savoir l'escroquerie. Pour autant, cette mère de deux enfants ne cesse, tout au long de son interrogatoire par le juge, de clamer son innocence. Mieux encore, elle traite ses accusateurs, qui ne sont autres que ses victimes, de lâches qui rêvaient de la jeter en prison. Elle essaie de convaincre le magistrat qu'elle a déjà payé pour les actes délictuels qu'elle avait commis en purgeant à deux reprises des peines d'emprisonnement ferme respectivement d'un an et de dix-huit mois et qu'elle s'était repentie. Pourquoi ses anciennes victimes continuent-elles à porter plainte contre elle, se demande-t-elle. Le magistrat lui fait alors remarquer qu'il ne s'agit pas des mêmes victimes. Et pourtant, elle insiste à dire le contraire. A leur tour, les quatre victimes, trois femmes et un jeune homme, précisent à la Cour qu'elles n'ont jamais porté plainte jusqu'à ce qu'ils aient été filoutés par cette femme. L'ayant croisée chacun quelque part dans la ville de Casablanca, elle leur a promis de les aider à se procurer des contrats de travail aux Emirats Arabes Unis. A ce propos, chacun d'eux lui a versé une somme de vingt mille dirhams comme acompte. Mais, elle a disparu dès qu'elle a empoché les sommes d'argent. Ses victimes ont mis les mains et les pieds pour obtenir son adresse et porter plainte contre elle. Le procureur du Roi a requis une peine maximale étant donné que c'est une récidiviste. Quant à son avocat qui a réclamé son acquittement, il a confirmé que sa cliente s'était repentie… Toutefois, le tribunal l'a jugée coupable d'escroquerie avec récidive et l'a condamnée à deux ans et demi de prison ferme.