Le gouvernement kényan vient de reconnaître la RASD. Une décision qui surprend surtout par l'«argumentaire» qui l'a accompagnée. Le Maroc a réagi en rappelant son ambassadeur. Le Kenya, dans une décision pour le moins surprenante et inattendue, a reconnu la pseudo RASD. L'annonce en a été faite, samedi matin, par la voix du porte-parole du gouvernement kényan, Alfred Mutua. Dans l'énoncé de cette décision, c'est plutôt l'«argumentaire» du gouvernement kenyan qui mérite de figurer dans les top ten des bêtisiers politiques puisque Nairobi affirme avoir décidé nouer des relations diplomatiques, « pour la première fois », avec la RASD car cette dernière «est reconnue par l'UA». Nairobi aura ainsi patienté plus de 20 ans pour s'apercevoir finalement que sa politique continentale n'était pas conforme aux « principes » de l'Organisation de l'Union africaine dont le Maroc ne fait plus partie depuis 1984. Cette reconnaissance, selon des sources diplomatiques kényanes, intervient suite à la signature d'un accord entre le gouvernement de Nairobi et la fantomatique RASD sans que soient dévoilés les noms ou la qualité des signataires des deux côtés. Le Kenya ne fait ainsi, et il l'affirme, que s'aligner sur des positions similaires prises par l'Afrique du Sud ou le Nigeria au moment où plusieurs pays d'Afrique et surtout d'Amérique latine ont retiré leur reconnaissance de la RASD. Le porte-parole du gouvernement kényan va un peu plus loin en déclarant que son pays et la RASD vont échanger des missions diplomatiques, affirmant toutefois que cela ne voulait pas dire que le Kenya ouvrira une ambassade ou représentation diplomatique «chez eux». La réaction de Rabat ne s'est pas faite attendre comme il est de coutume chaque fois que survient un tel fait gravissime. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères, relayé par la MAP le même samedi, annonce le rappel, pour consultation, de l'ambassadeur du Maroc à Nairobi, M. Mohamed Ammar. Le même communiqué déplore vivement la décision du Kenya, qu'il juge « injustifiée et injustifiable », de reconnaître une « entité virtuelle dénuée de tout attribut d'un Etat souverain ». Cela arrive en plus, souligne le communiqué de la diplomatie marocaine, en contradiction flagrante avec la légalité internationale » et surtout avec les appels, qui se multiplient depuis longtemps, pour un règlement politique négocié. Rappelons que le dernier appel du genre a été celui de la France, il y a à peine quelques jours, par la voix de son président de la République. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères rappelle également que la décision kényane intervient au moment où le Royaume du Maroc fait l'objet d'une campagne visant son intégrité territoriale. Une campagne qui, tout comme la décision kényane, ne saurait remettre en question la détermination du peuple marocain à la défense de la souveraineté du Maroc sur ses régions du Sud. Le Kenya, qui a choisi d'étreindre la chimérique RASD, entretenait pourtant de bonnes relations avec le Maroc. Relations qui se trouvent aujourd'hui gravement mis en cause en contrepartie de quelque éventuel deal avec les protecteurs et financiers des mercenaires du Polisario. En juin 1993 à Rabat, les deux pays signaient un accord de coopération culturelle, scientifique et technique. En septembre 2002, à Rabat toujours, était signé un accord pour la création d'une commission mixte de coopération. Le même jour, le Maroc s'engageait à contribuer au financement de la construction du collège de Mlamba. Le Royaume du Maroc avait réagi de la même manière, ferme et sans détour, au moment de la reconnaissance de la RASD par l'Afrique du Sud. Le 15 septembre dernier, Rabat rappelait son ambassadeur à Pretoria. Plusieurs pays avaient retiré leur reconnaissance de la RASD comme la Colombie ou le Honduras pour ne citer que ces derniers alors que parmi les derniers pays à le faire figure la République dominicaine. D'autres pays n'ont jamais reconnu la pseudo république des tortionnaires de Tindouf. Parmi ces derniers, on retrouve la majorité des pays arabes, mais aussi d'autres pays n'ayant jamais apporté leur « bénédiction » aux protégés d'Alger. Fin mai dernier, c'est cette position de principe que renouvelait le président du Sénat chilien, en visite au Maroc.