Alors que Abderrahim Bouabid est connu pour avoir suivi de près et sur le terrain les convulsions politiques de son pays, Youssoufi s'est fait une réputation de spécialiste des organisations internationales. Avant le 28 octobre dernier, et depuis son congrès extraordinaire de janvier 1975, l'USFP a connu deux premiers secrétaires, en l'occurrence Abderrahim Bouabid et Abderrahmane Youssoufi. Les deux hommes se ressemblent dans le sens où ils se partagent le critère et la qualité de leaders charismatiques, c'est-à-dire bon orateurs et meneurs d‘hommes. Les deux hommes ont combattu le colonialisme français et participé à la création des cellules de la Résistance et des premiers noyaux du syndicalisme marocain. Mais, dès les premiers jours de l'indépendance, ils ont emprunté des chemins croisés. Abderrahim Bouabid est allés s'installer à Paris en tant que premier ambassadeur du Royaume du Maroc, alors que Abderrahmane Youssoufi se déplaça, temporairement, en Espagne. Peu de temps après, le premier devient ministre des Finances alors que le second doit reprendre en main, dès 1959, le poste de rédacteur en chef de l'organe de presse arabophone du nouveau parti, l'Union nationale des forces populaires (UNFP). D'ailleurs, c'est sous le mandat du gouvernement Abdellah Ibrahim auquel appartenait Bouabid, que M. Youssoufi a été arrêté, pour la première fois, sous l'indépendance. En 1966, ce dernier quitta le Maroc, alors que son ami siégeait au secrétartiat national de l'UNFP en compagnie de Abdellah Ibrahim et Mahjoub Ben Seddik. Durant les années soixante-dix, alors que Bouabid s'efforçait de trouver un terrain d'entente avec le palais, Youssoufi agissait sur le plan international, particulièrement au niveau des organisations des droits de l'Homme. En 1975, ne pouvant regagner le Maroc, il envoie un message sonore aux participants au congrès extraordinaire de l'USFP, lequel congrès confirme Bouabid en tant que premier secrétaire. Une année plus tard, ce dernier se présente aux élections, à Agadir. En dépit de son « échec », largement contesté par le parti, Bouabid réitère son attachement à l'action parlementaire estimant qu'il n'y a pas de démocratie en dehors de la voie démocratique. Youssoufi regagne finalement le Royaume en 1980 et en 1981, lors de l'arrestation de Abderrahim Bouabid, Mohamed Elyazghi et Mohamed Lahbabi, il s'érige en tant que dirigeant du parti. En 1984, il préside le IVème congrès national de l'USFP et après la disparition de feu A. Bouabid, il prend les commandes de cette formation et la prépare à une nouvelle étape qui mène vers le gouvernement , alors que son prédécesseur, qui était un ami de feu SM Hassan II, n'a pas eu cette responsabilité , et ce même s'il avait participé à une coalition provisoire en 1984.